Olivier Besancenot et NPA sont incompatibles avec les valeurs de la République

Cela fait un certain temps déjà que je m’interroge sur une éventuelle participation du NPA au front de gauche, pour l’instant constitué principalement par le parti communiste et le parti de gauche. Ce même parti de gauche qui appelle de ses veux, quasiment depuis sa création, l’intégration du NPA. Pour l’instant, que cela soit pour les dernières élections européennes et pour les dernières régionales, le NPA a toujours refusé de participer à ce front de gauche.
Ce qui a transmué mon hésitation en certitude est le fait que le NPA et son porte parole ont cautionné la présence, sur une liste pour les régionales dans le Vaucluse, d’une femme voilée. Non seulement cela a été cautionné, mais, qui plus est, elle a été mise en avant comme un étendard militant et revendicatif pour un soi disant libre choix des femmes.

Il me semble que plutôt que de faire de l’inutile paraphrase, il convient de lire cet extrait du livre de Renaud Dély, « Besancenot l’idiot utile du sarkozysme » (bourrin éditeur), ex journaliste à Marianne et maintenant rédacteur en chef à France Inter. Alors, certes, le parti communiste n’est pas un parangon de vertu laïque. Quant au parti de gauche, il reste, pour moi et pour l’instant, le moins pire et je continue à faire confiance à Jean Luc Mélenchon pour un modèle de société républicain, féministe, social, écologique et laïque, mais jusqu’à quand ? La suite me le dira … Mais, pour ce qui concerne le NPA et son facteur préféré, il n’y a plus de doute, lisez plutôt.
« … Olivier Besancenot et le NPA dont il est porte parole, a un adversaire : le « modèle français », laïque et républicain. Pour lui, la République demeure avant tout le cache sexe, et même l’outil, d’un Etat policier … C’est ce régime qui se pare de toutes les vertus universelles mais qui fit aussi bien tirer sur les mutins de 1917 que sur les grévistes de 1947 ou étouffa le massacre par la police du préfet Papon de centaines d’algériens de France le 17 octobre 1917. C’est cette hypocrisie là, cette nature éminemment répressive du régime qui indigne le leader d’extrême gauche et qu’il prétend mettre à bas. S’y ajoute sa dimension laïque, étendard rassembleur que l’extrême gauche traduit désormais en machine à exclure. Le NPA et son leader vivent, appréhendent et subissent désormais la laïcité sur le mode essentiellement répressif de la coercition. A partir de 2002, Olivier Besancenot s’est employé à ramener et à installer l’extrême gauche dans les cités. Et à mesure qu’à enflé la controverse autour du port du voile islamique et le débat national sur la loi condamnant le port de signes religieux ostentatoires à l’école, le porte parole du NPA a pris résolument fait et cause pour les organisations islamistes. Au grand dam de toute une tradition féministe de l’extrême gauche qui s’est peu à peu retrouvée noyée par les vagues de pseudo bons sentiments d’un périlleux « droit à la différence ». Cette proximité entre l’extrême gauche et les réseaux islamistes se développe à travers le mouvement altermondialiste et ses diverses mobilisations aux quatre coins de la planète. De Gênes à Porto Alegre en passant pas Seattle ou Durban, une frange de militants d’extrême gauche et des imprécateurs islamistes se sont retrouvés unis face au grand Satan américain pour combattre les dégâts commis par la mondialisation libérale. Jusqu’à Paris où, en mars 2004, alors que les organisations islamistes mobilisent contre la loi en gestation sur la laïcité à l’école, un cortège de femmes voilées fut même protégé par des militants de la jeunesse communiste révolutionnaire (JCR) ! Rebelote un an plus tard lorsque militants d’extrême gauche et barbus intégristes assurent de nouveau au coude à coude la protection d’une manifestation de femmes voilées. Christophe Bourseiller a décrypté cette dangereuse évolution de tout un pan de l’extrême gauche entraîné du coté du soutien à l’islamisme dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. L’anti américanisme, dès lors qu’il est primaire, et le tiers mondisme pavlovien, qui se traduit par le soutien aveugle aux populations misérables du sud, peuvent mener aux pires impasses : « hier, les mollahs étaient considérés comme des réactionnaires, oppresseurs de femmes. Ils apparaissent désormais comme les nouveaux hérauts de l’anticolonialisme. Comment expliquer cette modification des perspectives ? S’interroge Christophe Bourseiller. Certaines activités trotskistes ou post maoïstes livrent le diagnostic suivant : en perpétrant les attentas du 11 septembre 2001, les islamistes radicaux ont démontré leur capacité logistique. Ils ont acquis du même coup dans le monde arabe une énorme popularité. Mieux encore, la nébuleuse islamique se révèle profondément hétérogène. Existe-t-il un espace politique pour un islam « socialiste ? » C’est dans ce leurre, cette quête d’un introuvable Graal que va s’enfermer, et se perdre, le NPA de Besancenot, reniant au passage l’un des principes fondateurs de Karl Marx selon lequel la religion, quelle qu’elle soit, est et demeure un dangereux « opium du peuple », facteur d’aliénation de l’individu et d’oppression des peuples. Vouée à l’échec, cette recherche par le NPA d’un islam progressiste, de gauche, voire révolutionnaire, passe par le soutien à un personnage sulfureux, le prédicateur musulman Tariq Ramadan … L’extrême gauche voit en lui un prédicateur rouge … A la LCR, et un peu partout à l’extrême gauche, on verrait volontiers en Ramadan un digne héritier de Che Guevara … Olivier Besancenot et le NPA valorise une approche communautariste de la société française, une vision qui rompt franchement avec toute la tradition républicaine … ».
Donc, pour moi, c’est tout à fait clair, en l’état actuel des choses aucune alliance politique et électorale n’est possible avec le NPA, même dans un front de gauche dans lequel chacun garde ses spécificités et son autonomie. L’impérieuse nécessité d’une amélioration importante de la justice sociale, l’obligation de transformer le libéralisme économique et le capitalisme financier en un système plus équitable et redistributif ne peut et ne doit absolument pas cautionner le communautarisme, l’abandon de la laïcité, les accointances avec l’islamisme d’un Tariq Ramadan et le fait de tourner le dos aux combats féministes.
Il est donc très clair que si une telle chose se produisait, dans un premier temps je me « mettrais en sommeil » de mon action militante au sein du parti de gauche et du front de gauche, et plus si non affinités persistantes.
Hervé BOYER