Oman : les Arabes sont parfois géniaux

Résumé d’une présence à Noël et jour de l’an à Mascate (sultanat d’Oman) en 2022/2023, comme pratiquement chaque année depuis 25 ans.

Je rends visite à mes enfants. Ma fille enseigne la langue française et mon gendre cherche du pétrole pour de grandes compagnies multinationales. Ma petite-fille de 18 ans est née à Mascate, mais elle reste française ; il est totalement exclu qu’elle puisse se prétendre Omanaise (le droit du sol est interdit dans ce pays). Pour Noël, et encore cette année 2022, la plupart des centres commerciaux, qui pullulent à Mascate (la capitale du Sultanat d’Oman) affichent fièrement « MERRY CHRISTMAS » presque partout et arborent des sapins de Noël avec ostentation (ces sapins sont souvent synthétiques ou en carton, mais ils sont bien là, et illuminés). Les maires écolos de Bordeaux, de Lyon et de Grenoble devraient aller en stage dans cette ville de la “Félix Arabia”.

En cette fin d’année 2022, aucune voiture n’a brûlé, comme je le constate chaque année depuis 25 ans. Pas une émeute, que des expatriés qui font la fête dans les grands hôtels (avec vins et alcools à profusion) ou chez eux, souvent en compagnie d’Omanais. Une année j’ai été témoin d’un débordement, des fils et filles d’expatriés ont fait la fête bruyamment et en ayant fumé des « pétards » ;  il s’en est ensuivi une descente de police et une mise en prison immédiate (sans jugement, ni recours possible comme en France). Les parents ont été convoqués et enjoints de reprendre leurs enfants et de les faire retourner immédiatement vers le pays d’origine ; ils ont en outre été avertis qu’en cas de renouvellement, c’est eux, les parents qui seraient expulsés du pays (contrat en cours ou pas).

Il est quasiment impossible de pouvoir obtenir la nationalité omanaise. Mes enfants, présents depuis 25 ans, ne pourront jamais l’obtenir, ils seront toujours considérés comme des étrangers (pas de double nationalité non plus. Mais ils sont français et veulent rester français). D’ailleurs, en 2017, ils ont vécu une situation problématique, avec la mise en place d’une politique d’OMANISATION.

POLITIQUE d’OMANISATION
Quand un Omanais peut prendre l’emploi d’un expatrié, l’expatrié est prié de quitter le pays, même avec un contrat en cours et malgré 20 ans de présence dans ce pays. En 6 mois, mes enfants ont dû faire leurs valises, vendre leurs meubles et leurs voitures et quitter Oman. En qualité de Français, ils sont revenus en France, ils avaient acheté une maison dans le centre de la France.

En 2018, des capitaux étrangers (saoudiens) et omanais ont permis de relancer la prospection pétrolière, qui un temps avait été mise en sommeil. Ces investisseurs s’étaient rappelé les qualités techniques, scientifiques et humaines de mon gendre, ils lui ont fait un « pont d’or » pour revenir en Oman et toute la famille s’est réinstallée à Mascate.

Suite à cet intermède, j’ai repris mes voyages annuels vers ce pays fabuleux. Je les ai retrouvés confortablement installés, c’est pourquoi j’ai pu cette année encore fêter Noël et le jour de l’An avec eux dans de grands palaces internationaux. Je ne garde qu’un regret, c’est l’américanisation (rassurez-vous, ça vient aussi en France) à outrance de la société omanaise. Mais le voyage et le séjour sont fabuleux, je ne peux que le recommander à ceux qui en ont les moyens financiers, car tout est cher (mais on peut négocier, y compris dans les hôtels).

En France notre discours n’est pas clair, on mélange « immigration » et « nationalité française ». À Oman, tous les « expatriés » conservent toujours leurs statuts d’expatriés (ils sont IMMIGRÉS, mais sans droit et à la condition impérative d’avoir un contrat de travail), car obtenir la nationalité omanaise est totalement exclu. À la douane, quand on rentre dans ce pays, systématiquement votre passeport est enregistré (scanné), vous êtes photographié à nouveau et vous devez être détenteur d’un visa. Le visa touristique pour 1 mois est facile à obtenir, il suffit de l’acheter avec un passeport en règle avant de passer la douane (mais attention il ne faut pas dépasser 30 jours pour les visas de tourisme, sinon la police vient vous chercher, vous dresse un PV et procède à votre expulsion immédiate, sans autre considération). Par contre il n’est pas question de venir en Oman pour chercher du travail. Les besoins sont pourtant immenses, mais il faut avoir son contrat de travail avant d’arriver, sinon on repart instantanément, et les empreintes des 10 doigts sont à nouveau systématiquement relevés dans ce cas-là. Quand je suis revenu en France à Roissy, tous les passagers (environ 450) à bord d’un A380 sont passés comme un seul homme à la douane. Pas de contrôle ?

IMMIGRÉS CLANDESTINS : il n’y en a pas, personne ne se risque à vouloir passer la frontière clandestinement. SOS Méditerranée et les autres ONG ne se risquent pas à accoster dans les ports de ce pays, c’est la même chose pour tous les pays du Golfe (ils seraient envoyés par le fond avant).

SANS-PAPIERS : certains ayant perdu leur travail peuvent devenir des sans-papiers. Mais ils ne sont vraiment pas nombreux, il y a bien quelques abus d’Omanais qui font venir des étrangers (Pakistanais, Indiens, Philippins, etc.) et ensuite les exploitent (sorte d’esclavage). Mais un sans-papiers est traqué, il peut à tout instant être arrêté et expulsé immédiatement, il n’a droit à rien (il ne peut pas faire un recours, comme en France). Il ne peut pas louer un appartement ou travailler officiellement (ni avoir de téléphone à son nom). J’en ai quand même rencontré un, que je connaissais bien, puisqu’il était un de mes associés quand à trois nous avions monté une société d’importation de produits français, mais le boss était un Omanais avec droit total de vie ou de mort sur la société et les autres associés. Il n’y a que les sociétés multinationales américaines ou françaises comme Bouygues ou Veolia qui peuvent opérer sous leur propre identité, mais même ces sociétés ont obligatoirement un « sponsor » local. Celui-ci répond de leur solvabilité et encaisse des royalties. En général, il est membre du gouvernement ou d’une famille tribale importante. Il y a très peu de sociétés françaises, ce sont surtout des sociétés anglaises ou américaines qui opèrent dans ce pays. J’ai constaté cette année l’arrivée de quelques sociétés italiennes en nombre.

Je rencontre mon ancien associé, discrètement dans un « coffee shop », des connaissances m’ont permis de le retrouver. Pourtant il avait été pendant plus de 8 ans chargé des affaires économiques à l’ambassade de France, et un temps similaire aux mêmes fonctions dans l’ambassade d’un pays africain que je ne nommerai pas, car il avait découvert que l’ambassadeur africain détournait des subventions à son profit. Licencié de ce dernier emploi, il s’est vu signifier par les autorités omanaises de retourner en Tunisie, son pays d’origine. Quand vous perdez votre emploi, vous avez 6 mois pour quitter le pays. Après 20 ans passés dans le pays, il devait partir. Il s’est mis à écrire un livre remarquable sur Oman, et un membre de la famille du Sultan le remarque et le prend en amitié. Il sera quand même arrêté et mis en détention, car il était recherché pour ne pas avoir payé des loyers. Un marché lui est proposé :  votre famille paye vos dettes et vous aurez le tampon « rouge » immédiatement (expulsion) ou votre famille ne peut pas payer et c’est automatiquement la prison suivie de l’expulsion (avec le fameux tampon rouge – apparemment, les laissez-passer consulaires, ils ne connaissent pas). Et la prison, ce n’est pas 3 étoiles comme en France. Un trou dans la porte permet de passer un peu de riz avec du poulet, sans que vous puissiez sortir.

La chance enfin lui sourit, le membre de la famille du Sultan, qu’il avait connu par hasard, paye ses dettes et le fait  sortir de prison ; le « tampon rouge d’expulsion » lui est cependant signifié, mais depuis il se cache. Mais il ne se fait pas d’illusion, il m’a dit : la police sait très bien où je suis, dans un appartement minuscule loué par un prête-nom, mais comme je bénéficie d’une certaine protection (temporaire)… Il vivote avec quelques petits boulots au noir (cours de français). Il me dit que pour l’instant l’écriture de son livre à la gloire du Sultanat d’Oman semble le protéger, mais pour combien de temps ? Il est en train d’en écrire un autre.

Je connaissais également un Marocain, musulman pratiquant (que dire d’un chrétien ?). Il avait pu venir en Oman parce que sa femme avait été recrutée par l’université QABOOS pour enseigner. Quand le contrat de sa femme a été terminé, comme les autres, il a eu 6 mois pour quitter le pays et savez-vous où il est parti ?… En France ; on y rentre comme dans un moulin, même sans visa.

À côté de l’appartement de mes enfants vivait un Anglais, professeur de mathématiques depuis 40 ans en Oman. À la fin de son contrat pour retraite (il n’y a aucune allocation dans ce pays, il n’y a pas de CAF généreuse comme en France, sauf un pécule retraite qui vous est quand même versé en fonction des années travaillées et régulières) il a eu, comme les autres, 6 mois pour quitter le pays. Ses moyens financiers lui ont permis d’acheter une grande propriété en Écosse où il vit maintenant avec sa femme.

Est-ce des exemples pour la France et les Français ? S’ils veulent retrouver leur chère IDENTITÉ (ce qui me fait dire que les Arabes – les vrais, pas les Nord-Africains, ce sont des Maghrébins, ils sont seulement de culture arabe – sont GÉNIAUX (mais choisissez vos critères, quand même). Mais il faut dire qu’ils ne connaissent pas les idées de la gauche française, ni celles des écolos pastèques, ni celles des féministes style Sardine Ruisseau (the females, c’est tout dire, car on parle anglais dans ce pays). L’abbaya et le voile sont obligatoires, mais seulement pour les Omanaises. Cependant, la femme omanaise est plus libre que celle d’Arabie saoudite ; elle conduit, sort sans son mari, fait des achats avec sa propre carte bleue, mais en famille elle marche 2 pas derrière lui. L’islam est le mode de vie, en qualité d’étrangers nous devons respecter leurs us et coutumes (le font-ils chez nous ?), toute contestation peut conduire immédiatement en prison avec expulsion (aucune excuse, ni circonstance atténuante n’est possible – ils ne connaissent pas la religion des Droits de l’Homme et les stupidités occidentales, seuls les préceptes de l’islam ont cours).

Les Omanais ont un respect total des autorités et en particulier du Sultan (les étrangers sont priés d’avoir le même comportement – quand cela sera-t-il le cas en France de la part des migrants et autres étrangers ?). La société omanaise est très policée, même une infraction au Code de la route peut vous conduire en prison et à l’expulsion (décision administrative sans recours possible devant un juge). Il y a des radars à profusion, il est impératif de respecter la vitesse et d’avoir une voiture propre (amendes si votre voiture est sale) ; d’ailleurs sur les routes principales il n’y a pas de vieilles voitures (profusion de SUV V6 et V8), ni de voitures cabossées… Par contre l’environnement écologique, ils ne connaissent pas (pas de restrictions, de zones ZFE, 2035 fin des moteurs thermiques, c’est le dernier de leurs soucis, des déchets de plastique partout) ; ils vouent un culte sans limite aux voitures allemandes, Mercedes, Audi, BMW ou américaines, ou aux belles italiennes, le symbole recherché : FERRARI).

Pas de mariages mixtes non plus ; cependant j’en ai connu un, un Omanais qui avait épousé une femme belge d’origine (en Afrique, car avant 1970, une partie du Mozambique appartenait au Sultanat, ce mariage était antérieur à 1970, aujourd’hui ce n’est plus possible) d’où le fait qu’à Oman on parle plus facilement anglais, qu’arabe ou swahili. Les ressortissants africains rapatriés dans le nouvel Oman (1970) ne connaissaient pas forcément la langue arabe.

Mon article n’est pas une étude exhaustive sur le sultanat d’Oman, mais simplement mes observations et mon vécu épisodique dans ce pays merveilleux ; mais hélas je ne pourrai pas aller y passer ma retraite (long séjour interdit aux étrangers sans contrat et à fortiori chrétiens). Mais leur mode de vie devrait être une source d’inspiration pour la France si elle veut conserver son identité et sortir de la décadence occidentale et surtout américaine.

Alain Guillon