Omarosa, la Benalla de Trump ?

Dans ce monde ultra-sophistiqué en matière d’électronique et d’informatique, rien n’échappe à la hargne de ceux ou celles qui veulent frapper une personnalité en plein cœur. Il suffit d’une caméra miniature et d’un magnétophone caché pour enregistrer les faits et gestes de celui que l’on est censé servir avec zèle et fidélité. Mais si ce personnage, déjà suspect au départ, emmagasine suffisamment de preuves pour faire chanter son patron ou, du moins, l’obliger à le couvrir (parfois à le payer en bonus et compensations) en cas de négligence ou de faute grave, le politique est pris au piège.

Deux cas qui, au premier abord, ne se ressemblent pas mais tombent dans cette catégorie et créent un immense casse-tête au sommet de l’État.

En France, nous avons le cas de Benalla mais aux États-Unis surgit le problème Omarosa Manigault-Newman, ces derniers jours.

Un point commun apparaît pour ces deux énergumènes : ils (lui, Benalla et elle, Omarosa) sont prêts à manger à tous les râteliers tellement ils sont ambitieux et pervers à la fois.

Benalla, à suivre son parcours, a goûté à tous les plats : le socialisme, avec Hollande et Aubry, comme garde du corps et homme à tout faire. Il a changé de poissonnerie souvent comme de chemise : à droite, à gauche, il a tellement louvoyé dans le milieu politique que personne n’est capable de dire de quel bord il est.

Quant à Omarosa, elle aussi est la reine du zigzag politique : elle a débuté par la célèbre émission de Donald Trump, « The Apprentice », pendant laquelle les candidat(e)s essaient de mettre en valeur leurs qualités d’entrepreneur et de prise de décisions. C’est une lutte au niveau argumentaire, commercial, économique et celui qui gagne la session est celui qui réussit à vendre des réfrigérateurs aux Esquimaux ! Omarosa y a participé et a été à deux doigts de remporter son tournoi. Cependant, par sa verve et son élégance, cette belle Afro-Américaine s’est fait remarquer par le « grand Master ». Elle l’a ensuite revu et, au moment de  l’élection de Trump, elle est apparue avec les larmes aux yeux, jouant un rôle de diva désespérée, et s’est fait embaucher à la Maison Blanche. Elle servait de lien entre la communauté noire qui la connaissait bien et le pouvoir du président blanc. Ce que le président ignorait, c’est qu’il avait fait entrer le loup dans la bergerie.

En effet, elle faisait partie de la campagne d’Hillary Clinton et, lorsque cette dernière a été battue, Omarosa chercha un autre sponsor. Elle obtint, en usant de toute sa féminité (ce qui fonctionne bien avec Trump), de tenir un poste important à la White House : « Director of Communication, Office of Public Liaison », donc chargée de toutes les communications de la Maison Blanche avec le public. Elle avait donc accès aux réunions confidentielles, aux entretiens privés, en un mot, un peu comme Benalla, à la vie politique mais aussi personnelle de Trump.

La comparaison entre Benalla et Omarosa ne s’arrête pas là puisque tous les deux ont été limogés pour des raisons semblables, faute grave, mais tous les deux (surtout  Omarosa) avaient eu amplement le temps de se constituer un pactole de secrets confidentiels, filmés et enregistrés. Omarasa le déclare publiquement, ce qui tient Trump à distance, et elle révèle, fragment par fragment (moyennant finances) aux médias hostiles à Trump, les dessous de la vie à Washington. Benalla, et c’est une question, a-t-il eu les mêmes leviers pour maintenir Macron sous sa coupe et obtenir des avantages certains : légère punition au début mai ? Salaire qui a continué d’être versé ? Aucunes poursuites judiciaires conséquentes jusqu’à maintenant ? Poste important qui lui a été donné à la suite de sa rupture avec Macron ? A-t-il, dans ce fameux coffre qui a disparu et que la police refuse de rechercher, des copies d’enregistrement pris à l’insu de Brigitte et d’Emmanuel ? Secrets d’alcôve ? Secrets de diplomatie ? Secrets d’état ? A-t-il aussi des photos ou films compromettants qui, s’ils étaient diffusés, feraient chuter Macron ?

Omarosa n’hésite pas : dans un livre qui va sortir la semaine prochaine intitulé « Unhinged » (Libérée), elle va débiter tout ce qu’elle sait des manigances et des fantaisies de Trump. D’ailleurs, elle ne se fait aucune illusion tant elle est férocement attaquée par les alliés de Trump et une partie de la presse qui crie au scandale parce qu’elle vient d’ouvrir une boîte de Pandore en jetant en pâture aux journaux des secrets de la Maison Blanche, ce qui, aux yeux de beaucoup, la condamne pour haute trahison.

Elle a déclaré sur NBC News : « Meet the Press », émission suivie par des millions d’Américains le dimanche matin, chaîne d’ailleurs très hostile à Trump : « There’s a lot of corrupt things happening in the White House and I am going to Blow the whistle on a lot of them. » (Il y a tellement de corruptions à la Maison Blanche que je vais toutes les dénoncer). D’où la riposte brutale du gouvernement de Trump : elle sera poursuivie pour haute trahison et certainement traînée devant un  tribunal.

« She’s certainely violating national security regulations », dit Rudy Giulany, avocat de la Maison Blanche.

Mais Omarosa ne semble pas être, pour l’instant, impressionnée puisqu’elle clame : « If I didn’t have these recordings, no one in America would believe me » (Si je n’avais pas ces enregistrements, personne en Amérique ne me croirait !)

Ses supérieurs à la Maison Blanchje avaient essayé de la raisonner et de lui offrir une belle “porte de sortie”, ce qu’a fait le Palais de l’Élysée, pour s’ôter cette terrible épine du pied. Mais Omarosa est d’abord « Democrat », quoiqu’elle l’ait dissimulé pendant son séjour à Washington, et elle a piégé Trump qu’elle veut voir tomber de son piédestal. Pour elle, tous les moyens sont bons et le personnel de l’équipe Trump n’a jamais vu le piège se fermer sur lui.

Si l’affaire Benalla s’est terminée en eau de boudin, c’est que l’Élysée a été plus subtil, plus discret, plus manipulateur. Macron a donc, malgré le scandale qu’a suscité cette affaire, réussi à mieux s’en tirer. Jusqu’à maintenant !

André Girod

https://money.cnn.com/video/news/2018/08/12/should-the-press-take-omarosas-book-seriously.cnnmoney