On a demandé à ma petite-fille de bosser à la place des Vladimir fatigués !

ramadansaliveVoici une histoire de jeunes. Une histoire de jeûne! Attention typo, respecte les accents, car dans cette histoire, l’accent a son importance: “souchien” authentiquement méridional, ou d’ailleurs, “Vladimiresque”, disons! Car dans cette histoire il y a des étudiants, es souchiens et d’autres, futurs artisans de la chance qu’aura la France de les avoir accueillis.
Disons tout de suite que je pense le plus grand bien des étudiants qui travaillent pendant les vacances pour aider à payer leurs études quelles que soient leurs origines. Oui, mais voilà, l’histoire se passe pendant le ramadan, dans une ville de l’Hérault qui étouffe sous 37 degrés en ce 28 juin et c’est l’après-midi. Je conçois qu’il soit dur d’aller plier des cartons, d’aller préparer le poubelles, d’aller nettoyer l’arrière-cour sous le grand soleil le ventre vide.
«Vas-y, toi, pendant ta pause! Tu vois bien que leur jeûne les fatigue! » dit le Vladimir, petit chef du personnel de ce petit K.F.C. à la jeune étudiante souchienne. Et il ajoute: “tu sais c’que c’est!”.
Eh non, elle ne sait pas ce que c’est que d’aller travailler après avoir fait ripaille toute la nuit et d’arguer de la fatigue pour laisser travailler les autres !
Elle est peut-être rentrée tard, c’était samedi la veille, mais elle va quand même exécuter ce que le Vladimir lui intime de faire, à la petite souchienne. Elle a besoin de son argent à la fin du mois. Pendant sa pause. Alors, sous les regards goguenards des jeunes hommes au teint fortement coloré qui indique une provenance africaine, elle prend le balai, s’avance dans le soleil, ignorant les plaisanteries qu’elle ne comprend pas et méprisant les mouvements obscènes des hanches de ces jeunes fatigués lorsqu’elle se penche en avant pour se servir de la pelle !
Pourquoi, en relatant cet épisode, est-ce que je pense à la fresque de la rue saint Maur, à Paris? Vous savez: « les Françaises aux Africains! » ?
Pourquoi m’est-il revenu à l’esprit le calvaire de cette gosse de dix-huit ans à Evry, torturée et violée par quatre « espoirs pour la France » parce qu’elle était Française tout simplement et que « les Français sont tous des fils de putes et leurs meufs des faciles! « ?
Pourquoi est-ce que j’en parle? Parce que ma petite fille a dix-huit ans, qu’elle travaillait dans un petit K.F.C. Héraultais où il faisait très chaud ce 28 juin dans l’arrière-cour près des poubelles, qu’elle n’y travaille plus, et que je ne veux plus que cela se passe encore. Et que j’ai un bulletin de vote comme arme et que je saurai m’en servir !
Jean-Paul Rebour