Oui la remigration est possible : l’exemple du Bhoutan

Petit royaume enclavé entre le Népal, l’Inde, la Chine et la Birmanie, habité par moins de 800 000 habitants, le Bhoutan a subi au cours du 20e siècle une submersion démographique venant du Népal voisin, marquée par de violents affrontements ethniques. Les Népalais ont formé jusqu’à 45% de la population du royaume. A partir des années 90 du siècle dernier, les autorités bhoutanaises ont mis en place une politique drastique de remigration des Népalais. Le royaume a, depuis, retrouvé sa sérénité.

Les Bhoutanais de souche sont principalement formés de deux ethnies différentes, les Ngalops et les Sharchops. Ils parlent une même langue, le dzongkha , et pratique une même religion, le bouddhisme vajrayāna. Une langue, une religion, un art de vivre qui, depuis plus de 1000 ans, ont façonné l’identité culturelle du pays.

C’est pendant le Raj britannique que les Lhotshampas, originaires du Népal, commencent à migrer vers les régions frontalières du sud du Bhoutan – des zones qui étaient pour la plupart inhabitées et éloignées des grands centres. Les Lhoshampas pratiquent l’hindouisme, ont leur propre langue et des coutumes fort différentes de celles des Bhoutanais.

Ces immigrés étaient au départ peu nombreux et suffisamment isolés pour que leur migration ne soit alors pas considérée comme problématique par les autorités bhoutanaises. La raison de cette migration est essentiellement démographique : pendant que la population du Bhoutan passait de 200 000 à 700 000 habitants entre 1900 et 2000, celle du Népal, elle, passait de 7,5 millions à 23 millions.

L’immigration a continué tout au long de la première moitié du XXe siècle, sous l’œil inquiet des responsables britanniques de l’époque. Sir Basil Gould, par exemple, avertissait déjà qu’il était imprudent d’accueillir autant d’immigrés népalais, car ils seraient difficiles à expulser “si le besoin s’en faisait sentir”.

Après l’indépendance du sous-continent en 1947, ces immigrés népalais s’agitent et réclament une représentation à l’assemblée bhoutanaise. Les autorités cèdent et, en 1954, autorisent la création d’un congrès défendant les intérêts népalais au sein du pays. En 1958, une loi accorde la citoyenneté bhoutanaise à tous les Népalais vivant dans le pays depuis au moins 10 ans.

Dans les années 60 et 70, le Bhoutan se lance dans d’énormes projets de développement d’infrastructures, ce qui entraîne un besoin important de main-d’œuvre. L’immigration népalaise explose et avec elle, les problèmes d’intégration.

C’est à partir des années 1980 que le gouvernement prend conscience du danger : la montée d’un puissant sentiment identitaire chez les immigrés népalais.

En 1985, une loi sur la citoyenneté confirme les régularisations de 1958, mais 1958 devient la date limite : les Lhotshampas ne pouvant prouver qu’ils avaient vécu au Bhoutan avant cette date deviennent de facto des immigrants illégaux.

Un recensement de 1988 montre que les immigrés népalais représentent alors jusqu’à 45% de la population.

Devant ces chiffres, le gouvernement muscle son discours identitaire. En 1989, des lois supplémentaires sont votées afin de “bhoutaniser” le pays, via un vaste programme “Une nation, un peuple”, pour assimiler les minorités à la culture des Bhoutanais de souche.  Le roi du Bhoutan, le “Druk Gyalpo“, est accusé par les ONG mondialistes d’enfreindre les droits de l’homme…  Les autorités du royaume répliquent en les interdisant.

Les citoyens bhoutanais doivent dorénavant porter une tenue nationale et suivre un ensemble de règles de vie (le Driglam namzha) sous peine d’amendes. Le dzongkha devient l’unique langue officielle et le népalais est supprimé des programmes scolaires. Les immigrés népalais, forcés de s’assimiler, même dans les zones où ils sont devenus majoritaires, deviennent de plus en plus revendicatifs.

Les Lhotshampas sont d’autant plus motivés que l’Inde, le grand voisin du sud, vient d’accorder une autonomie partielle au Bengale occidental, une région qui elle aussi avait vu arriver beaucoup de Népalais. Le sud du Bhoutan devient un foyer du militantisme identitaire népalais.

Dans les années 1990, le conflit ethnique s’intensifie. Les immigrés népalais fondent le Parti populaire bhoutanais (PPB), soutenu par les ONG mondialistes. Le PPB organise régulièrement des manifestations violentes qui sont réprimées par l’armée. Il arme les villageois et lance des raids sur tout le sud du Bhoutan, volant, pillant, tuant des centaines de Bhoutanais. Les Bhoutanais de souche, portant des vêtements traditionnels, sont déshabillés de force. Les détournements de véhicules, des enlèvements, des extorsions, des embuscades et des attentats à la bombe émaillent la vie quotidienne des Bhoutanais. Des écoles, des bureaux de poste, des commissariats, des hôpitaux, des douanes, sont saccagés. Le gouvernement bhoutanais classe rapidement le PPB comme organisation terroriste.

Les Népalais, au Bhoutan et à l’étranger, soutenus par des ONG sorosiennes, font pression pour l’établissement d’une « démocratie » multipartite au Bhoutan. Ils réclament l’abrogation des lois assimilationnistes. Ils vont même jusqu’à revendiquer que leur drapeau soit hissé sur les bâtiments administratifs…

Pour lutter contre une situation devenue insurrectionnelle, le roi du Bhoutan ordonne des recensements réguliers, des contrôles frontaliers stricts et une meilleure administration gouvernementale dans les districts du sud. Certains Bhoutanais autochtones forment des milices citoyennes pour se défendre. La police et l’armée bhoutanaises reconduisent aux frontières les immigrés illégaux. Certaines professions considérées comme stratégiques (administration, enseignement, police, etc.) sont interdites aux Lhotshampas.

En 1992, une nouvelle flambée de conflits interethniques provoque une répression accrue de la part des forces bhoutanaises du maintien de l’ordre. Plus de 100.000 Népalais, jouissant ou non de la nationalité bhoutanaise, sont expulsés après avoir signé des « Formulaires de migration volontaire » dans lesquels  ils déclarent quitter le Bhoutan de leur propre gré et renoncer à toutes revendications de citoyenneté.

Au cours des années 1992-1996, les politiques remigrationnistes réduisent la population népalaise à environ 10 à 12% de la population, contre entre 25 et 45% auparavant. Les Lhotshampas encore présents au Bhoutan sont maintenant concentrés dans les régions du sud et sont forcés de s’assimiler en vertu des « lois culturelles » promulguées par les autorités du pays. Ces lois interdisent par exemple de faire du prosélytisme pro-islam. Ces mêmes lois mettent en avant les institutions patrimoniales et les coutumes du pays, en matière d’éducation, d’histoire, de religion, d’architecture, etc.

Le Bhoutan a montré qu’avec une politique ferme basée sur la conscience claire de son identité, une remigration était possible, y compris à l’encontre des immigrés présents depuis plusieurs générations.

Les fruits de cette politique sont  salutaires : même s’il reste relativement pauvre, le pays se développe et se modernise sereinement. Le Bhoutan a l’un des plus faibles taux de criminalité de la région, jouit d’une forte cohésion sociale, observe des normes élevées de propreté et de conduite publique, et bénéficie d’un système de soins satisfaisant.

Symboliquement, le royaume a remplacé la mesure du PIB par celle du “bonheur national brut“. Le terme est inscrit dans sa constitution depuis 2008 et prend en compte quatre principes fondamentaux :

  • La protection de l’environnement
  • Une gouvernance responsable
  • Une croissance durable
  • La conservation et la promotion de la culture bhoutanaise

La population bhoutanaise de souche, à nouveau libre sur sa propre terre, se définit elle-même comme « heureuse ». Radio France a naturellement condamné la politique identitaire bhoutanaise : « C’est vraiment un pays qui a une politique extrêmement dure au nom d’une sorte de pureté, de monopole linguistique, religieux, etc. Ce pays « du bonheur brut », qui se vend si bien, le fait en fait sur le dos des minorités. C’est extrêmement problématique, cela doit être dit. On ne peut pas faire du Bhoutan cet espèce de petit royaume hors du temps et heureux. Ce n’est pas notre exemple ou notre modèle de salut »

Une condamnation qui, venant d’un média gauchiste, est un hommage…

Henri Dubost

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10 Commentaires

  1. Excellent article ! Merci Henri Dubost !
    Deux mesures essentielles à retenir :
    – L’interdiction des “Droits de l’Homme” en 1989 ;
    – L’interdiction du prosélytisme pro-islam en 1992-96.
    La réaction de Radio France est une ignominie gauchiste faciste.

  2. Intéressant…mais le Boutan n’appartient pas à l’OTAN, il ne pèse rien, et, in fine, il tombera sous la coupe de la Chine.

  3. Bonjour j’ai déjà remplacé le drapeau tricolore par celui de la Birmanie qui interdit lislame, je vais y rajouter celui du BOUTAN.
    Bravo a eux et quel exemple a suivre par M. ZEMMOUR et la secte RN

    • Lors d’une discution en famille, le copain d’une petite nièce nous expliquait qu ‘à une époque les musulmans violaient les indiennes, pour se protéger elles se badigeonnaient de sang de cochons, x’ est pour cela qu’ils n’en mangeraient plus

  4. L’Algérie, le Maroc, la Tunisie et d’autres EXPLUSENT DEPUIS DES ANNEES les migrants de leur pays pendant qu’ils envahissent la France, alors il ne faut que MACRON ET SA CLIQUE de menteurs viennent dire que NOUS NE POUVONS PAS FAIRE PAREIL ! De toute façon les veaux ne savent que parler, chialer mais à AUCUN MOMENT AGIR pour sauver leur peau et celle de leurs gosses ! Pourquoi Macron poursuit l’envahissement et le racket sur les français pour les entretenir ? Parce qu’il sait que plus il tape sur les veaux plus ils s’écrasent, g… ent MAIS S’ECRASENT !

  5. Que chaque pays garde l’ADN de leurs habitants pour la diversité humaine.

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