Oui, les prières musulmanes dans la rue sont une occupation !

Je n’ai encore jamais voté pour le Front National. Ma jeunesse (loin déjà) dans les rangs du PS m’a longtemps rendu réceptif à la diabolisation de ce parti, dont le chef il faut bien le dire, ne faisait rien pour l’éviter, de « détail de l’histoire » en « occupation de la France pas si inhumaine que ça », en passant par son amitié avec Dieudonné, dont on voit mal ce qui peut la cimenter en dehors de leur commun antisémitisme.
En 2007 j’ai voté pour Sarkozy à contrecœur car son personnage est aux antipodes de la conception que je me fais d’un homme politique. Mais il avait le mérite (machiavélique, mais je ne le sus qu’après) de tenir un discours de fermeté à l’égard de l’immigration, de la délinquance, et il osait parler d’identité nationale, formule qui donne de l’urticaire à la gauche et de l’angoisse à la droite. Ce fut payant électoralement vis-à-vis des électeurs du FN dont beaucoup lui firent confiance, et Le Pen en pâtit, plongeant à moins de 11 % au premier tour.
Dès la constitution du gouvernement, tous ceux qui avaient été séduits par ce discours comprirent qu’ils étaient cocus. Comment défendre la France contre l’immigration et l’islamisation avec des ministres de gauche, avec des Fadela Amara et Rachida Dati ? Sans parler de Rama Yade, qui à Haïti en 2009 disait « mon pays » pour parler du Sénégal, et qui déclarait sans ambages : « Avant mes 18 ans, je me disais souvent que, s’il y avait une guerre entre le Sénégal et la France, je choisirais mon pays d’origine. Aujourd’hui, je ne sais pas”. (« Comment je suis devenu Français » Jacqueline Rémy 2007 Seuil.) Quant à l’éphémère ministère de l’identité nationale, et au débat tout aussi éphémère (et stérile) qui s’ensuivit, ce fut un bonbon qu’on donne à un enfant qui a été gentil, un os en plastique jeté à un chien qui a donné satisfaction. Entendez les électeurs du Front National.
Quelques centaines de milliers d’immigrés plus tard, sur fond sonore d’appels à la prière dans les rues de France, l’évidence s’impose à beaucoup : il n’y a plus rien à attendre de la droite dans ce combat. D’où l’intérêt que suscite la démarche de Marine Le Pen. Selon une opinion courante, elle a les qualités du père sans ses défauts. Pugnace, convaincante, télégénique, le sourire remplaçant l’invective, et surtout aucun de ces « dérapages » qui font les délices des antiracistes à sens unique. Bref aucune aspérité qui permette de l’attraper pour la traîner dans les cendres des « heures les plus sombres de notre histoire ».
D’où une popularité croissante, culminant avec les derniers sondages : 27 % d’opinions favorables, 12 à 17 % d’intentions de vote en 2012.
Aussi c’est l’alarme dans tous les camps. Si le Front National cesse de faire peur, il devient dangereux. Autrefois il était indispensable pour les anticommunistes que le PCF fût inféodé à Moscou (ce qui était le cas) : des communistes indépendants et ouverts auraient été un cauchemar pour la droite et les socialistes, comme on le voyait en Italie. Aujourd’hui il est impératif que le FN, Marine comprise, reste un épouvantail fascisant.
Alors les sentinelles de la bien-pensance, perchées sur les miradors de leur indiscutable humanisme, guettaient jour et nuit. Tôt ou tard, leur regard acéré finirait bien par repérer le mot, la phrase, voire l’allusion, lâché par l’hypocrite héritière et qui trahirait sa duplicité, permettant de dire triomphalement : tel père, telle fille, on le savait bien.
Vendredi dernier 10 novembre, un de leurs projecteurs accrocha enfin un fugitif échappé d’un discours prononcé devant les militants FN de Lyon : les musulmans qui prient dans les rues (et par une assimilation implicite les musulmans dans leur ensemble) sont comparables à l’occupant nazi.
Ouf ! Il était temps. Car la veille au soir, l’ennemi fasciste avait encore fait un carton à la télévision, dans l’émission « à vous de juger ». Pendant une heure et demie, devant 3,4 millions de téléspectateurs (deuxième émission en termes d’audience de la soirée), Marine avait été tout simplement excellente. Sûre d’elle, ayant réponse à tout, elle ne se laissa démonter ni par l’insistante Arlette Chabot, ni par le roué Patrice Duhamel, ni par l’aigrie Rachida Dati. A la sempiternelle question : « êtes-vous d’accord avec les propos de votre père sur la seconde guerre mondiale » formulée plusieurs fois sous des formes différentes, elle répondit sans ambiguïté à la 11è minute : « Non, mais je l’ai déjà dit. Le FN n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec l’idéologie nazie qui fut une abomination » ; puis : « je n’ai pas la même vision que mon père sur cette période de l’histoire ». Voilà qui est clair, mais qui n’arrangeait guère les procureurs antifascistes autoproclamés. Procureurs qui ne s’alarmèrent pas outre mesure lorsqu’à 1h 15 environ de l’émission, évoquant face à Rachida Dati « les territoires perdus de la république » elle employa pour la première fois le terme d’occupation : « … il y a des territoires qui sont occupés, Mme Dati, au sens de l’occupation ». Comment se fait-il que personne alors ne s’émut de cette phrase ? La réponse est toute simple : Rachida Dati n’avait pas réagi. Face à cet assentiment muet d’une ancienne ministre issue de la « diversité » les censeurs étaient impuissants.
(Voir l’émission intégrale sur http://www.marinelepen.com/)
24 h plus tard, ce même propos appliqué aux prières musulmanes devant des militants FN déclenche le tollé. Pourtant il suffit d’écouter ou lire cette phrase pour constater qu’elle diffère peu de la précédente : « … il y a eu des prières sur la voie publique, il y a dix ou quinze endroits où de manière régulière, un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires. Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la deuxième guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, là on pourrait en parler pour le coup. Certes il n’y a pas de blindés, pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même, et elle pèse sur les habitants »
http://www.nationspresse.info/?p=118547
Cette fois, pas de « diversité » maladroite présente sur place. On pouvait lâcher les chiens. De l’extrême gauche islamophile à la droite complexée, ce n’est qu’un cri, que dis-je, un hurlement d’indignation face à ce nouveau « dérapage ». Enfin, on la tient ! On vous l’avait bien dit que Marine, c’est Jean-Marie ripoliné pour mieux passer à la télé. Et on revoit alors un numéro bien rôdé, joué tellement de fois que je pourrais dans un jeu de rôle, tenir le leur. Mais je crois que jamais on n’était allé aussi loin dans l’extravagance des réactions lorsque le père était en cause, preuve s’il en était besoin, de la peur qu’inspire la fille.
Voici un extrait du florilège des cris d’orfraie entendus depuis samedi.
Pour François Copé, Président de l’UMP (celui qui pour se faire pardonner la loi sur la burqa, préconise l’enseignement de l’arabe au lycée), « Marine Le Pen, c’est son père, ils font les mêmes amalgames”. Toujours à l’UMP, le député Jean-François Lamour : « Le naturel revient au galop. On voit bien que derrière une façade peut-être plus, entre guillemets, respectable au début, il y a véritablement un fond de xénophobie qui s’exprime au travers de ce dérapage».
Cécile Duflot, la rouge repeinte en vert : « les propos de Marine Le Pen sont désespérants de médiocrité et comme d’habitude très inquiétants. Elle n’est pas plus ‘light’ que son père… il existe un vrai risque de fracture au sein de la population avec ce genre de discours »
Le secrétaire général du groupusculaire et crépusculaire parti communiste, oubliant les propos de feu Georges Marchais récemment rappelés ici, parle de propos « qui soulèvent le cœur ». Rien de moins.
Mais la palme revient au PS. Benoit Hamon, le porteur de valises de Besancenot et accessoirement porte-parole du PS, devient incontinent et fait carrément dans sa culotte : « Les déclarations de Marine Le Pen montrent le vrai visage de l’extrême droite française. Historiquement, c’est scandaleux et présentement inqualifiable. Marseille a été libéré par les Algériens. Marine Le Pen juge que les petits enfants des libérateurs de Marseille sont des occupants quand sa famille politique, l’extrême droite française, elle, était du côté de la Collaboration».
Comme d’habitude, la phrase incriminée est sortie de son contexte, déformée, et devient une attaque contre l’ensemble des musulmans, que Hamon réduit d’ailleurs aux Algériens. Monsieur Hamon, le Front National n’existait pas sous l’occupation et rien ne vous permet de dire que la « famille politique » de Marine Le Pen était du côté de la collaboration. En revanche votre parti existait, et a voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, à quelques exceptions près, dont Léon Blum. Et ce n’est pas un dirigeant du Front National mais François Mitterrand qui fut décoré de l’Ordre de la Francisque par Pétain, dont il alla fleurir la tombe chaque année en secret, jusqu’à ce le pot aux roses si j’ose dire, soit découvert en 1993, au grand dam des benêts comme vous. C’est à peu près à la même époque que l’on apprit la vieille amitié de Mitterrand pour René Bousquet, le zélé organisateur de la rafle du Vel d’Hiv. Alors Monsieur le donneur de leçons patriotiques, profil bas s’il vous plait.
Quant au débarquement en Provence qui comporta en effet de nombreux effectifs indigènes, en quoi cela justifie-t-il que 65 ans plus tard, les musulmans venus du monde entier, et non seulement d’Algérie, bloquent nos rues en toute illégalité pour y prier ? Quand vous dites que « Marine Le Pen juge que les petits enfants des libérateurs de Marseille sont des occupants » phrase qu’elle n’a pas prononcée et qu’on ne peut même pas interpréter comme telle, vous encourez des poursuites pour diffamation, vous dont la famille politique est si prompte à appeler le juge à la rescousse de votre intolérance.
Justement, ce dimanche on apprend que l’inévitable MRAP ( qui ferait mieux de s’appeler Mouvement contre le Racisme Anti-Prophète) déposera une plainte pénale contre Marine Le Pen. Cela fait partie de la stratégie des progressisto-humanistes : pour assimiler la fille au père, il faut faire en sorte qu’elle aussi soit une habituée des prétoires, et il faut s’attendre à d’autres actions judiciaires de la même farine.
Mais dans ce cas précis, si condamnation il devait y avoir, le caractère totalitaire de la société française pour ce qui touche à l’immigration et l’islam ne serait jamais allé aussi loin. Alors qu’une situation illégale n’est pas réprimée (les prières dans les rues) et que la loi de la république est bafouée en toute impunité, ceux qui dénoncent ce scandale seraient eux-mêmes condamnés.
A part dans les régimes fascistes et communistes, on n’aurait pas connu d’équivalent à un tel arbitraire législatif et judiciaire. Et même sans condamnation, le simple fait qu’une association prétendument antiraciste se sente assez sûre d’elle-même et assurée de l’impunité pour déclencher des poursuites constitue un élément de totalitarisme déjà insupportable.
En tout cas vous aurez beau faire ô beaux esprits, vous ne m’empêcherez jamais de dire qu’il fait jour à midi. Point n’est besoin d’être nazi pour être occupant. Quand des gens qui régulièrement bloquent les rues en toute illégalité pour quelque raison que ce soit ne font l’objet d’aucune poursuite, les riverains et usagers ont le sentiment justifié d’être occupés. Ces propos vous dérangent ? Il faudra vous y faire, car ils expriment la révolte silencieuse de millions de Français.
Jean de la Valette

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