Panique chez les intégristes du libre échange, le protectionnisme est de retour !

Les adeptes de la concurrence libre et non faussée sont dans tous leurs états. A cause de la crise financière, la notion de l’Etat protecteur refait surface. Le protectionnisme, longtemps considéré comme un gros mot, revient au triple galop. Barack Obama, aux Etats-Unis, a commencé à évoquer la question, parlant de protéger certaines industries américaines, comme l’acier. En Espagne, Zapatero a dû constater, dans le seul mois de décembre, la perte de 200.000 emplois, et il encourage ses concitoyens à « consommer espagnol ». Il va être intéressant de voir comment celui qui a régularisé 600.000 clandestins va expliquer à son peuple, en période de crise aiguë de l’emploi, une telle décision, et ses conséquences pour l’ensemble du salariat de son pays. Par comparaison, la France affiche 45.000 emplois de moins en décembre, on voit ce que cela risque de donner sur l’ensemble de l’année ! En Grande-Bretagne, des salariés, qualifiés de xénophobes par Gordon Brown, protestent contre l’embauche de salariés italiens et polonais sur des chantiers, quand eux n’ont pas de travail (1).

C’est donc la panique chez les intégristes européistes du libre échange, qui voient poindre avec horreur l’ombre du protectionnisme. Pourtant, ce débat, en France, n’est pas nouveau. Dans les années 1930, les dirigeants du mouvement ouvrier, et notamment les syndicalistes de la CGT, réclamaient l’arrêt de l’immigration, pour mieux protéger, en période de crise, l’emploi des travailleurs déjà sur notre sol, qu’ils soient français ou étrangers (2). Aujourd’hui, la CGT de Bernard Thibault se bat pour la régularisation de tous les sans-papiers !
Dans les années 1975, le Parti communiste avait lancé le mot d’ordre : « Produisons français ». Le Front national avait court-circuité ce message, en ajoutant : « Avec des ouvriers français ». Cette orientation, jugée chauvine, cocardière et nationaliste par les gauchistes, s’accompagnait, en toute cohérence, par la demande de l’arrêt de l’immigration, dans une période où il n’y avait que 1,5 million de chômeurs (3). Aujourd’hui, le PCF de Marie-George Buffet court après l’extrême gauche, et traiterait Georges Marchais de raciste xénophobe, si, tel Jésus, il ressuscitait.
La montée du Front national, qui défendait l’apartheid en Afrique du Sud, le régime de Pinochet au Chili, et où Le Pen multipliait les provocations sur l’holocauste, inquiétait, à juste titre, quiconque se réclamait des valeurs démocratiques. Mais pour beaucoup, d’une manière irrationnelle, être anti-fasciste, c’était dire le contraire de ce qu’affirmait le Front national. Quiconque, tel Fabius en 1985, osait dire que Le Pen posait les bonnes questions, mais apportait les mauvaises réponses, était massacré dans les médias. Quand Rocard, quelques années plus tard, a eu le malheur de dire que « La France ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde », même s’il avait ajouté une phrase derrière, toute une partie de la gauche le lynchera. François Mitterrrand lui-même osera dire, lors de son deuxième mandat, que le seuil de tolérance, concernant l’immigration, était dépassé. Que dirait-il aujourd’hui, vingt ans plus tard ?
Au nom d’un internationalisme mal compris, les gauchistes et certains défenseurs des Droits de l’Homme ont entraîné l’ensemble de la société à lutter contre toute préférence nationale. Ils exécrent la France, et ils voient dans toute référence à la Nation du pétainisme ! Pourtant, dans la fonction publique, il faut la nationalité française pour être fonctionnaire, n’est-ce pas une préférence nationale ?
Cette question du protectionnisme a été au cœur de la campagne sur le Traité constitutionnel européen, en 2005. Le refus de la circulaire Bolkenstein, qui entendait permettre que des salariés venus d’autres pays (le fameux plombier polonais) puisse travailler en France à des conditions inférieures aux conventions collectives du pays, était au cœur de nombreux débats.
Personne n’a oublié les propos haineux des dirigeants du Parti socialiste, comme Martine Aubry et Ségolène Royal, traitant de xénophobes (exactement comme le fait Gordon Brown aujourd’hui en Grande-Bretagne) ceux qui avaient le malheur de réclamer que l’emploi revienne avant tout aux salariés chômeurs du pays. Pourtant, certains partisans du non, comme l’inspecteur du travail socialiste Gérard Filoche, n’hésitèrent pas à évoquer les violences des ouvriers suédois, qui avaient viré des ouvriers lettons, venus travailler sur un chantier, à des conditions très inférieures aux conventions collectives du pays (4).
En Australie, un employeur doit justifier, quand il embauche une personne de nationalité étrangère, des raisons qui font qu’il salarie cette personne, plutôt qu’un Australien. Cela n’empêche pas ce pays de compter une forte immigration, notamment asiatique.
Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait su caresser dans le sens du poil les partisans du « non », parlant de fermer le marché français à certains produits chinois. Il avait surtout gagné les élections sur un discours d’identité nationale, ne laissant pas ce discours au seul Front national. (5) Il y a un an, il faisait pourtant ratifier le traité de Lisbonne, et avalisait le rapport de l’ineffable Attali, qui réclame une libéralisation encore plus forte de toute l’économie, de l’immigration, et l’application de la discrimination positive, jusque dans les organisations syndicales !
Le protectionnisme est aujourd’hui une question incontournable. Pour rassurer certains détracteurs, il n’est pas question de transformer la France en Albanie, en mettant du fil de fer barbelé autour de l’Hexagone. Il n’est pas question non plus de confondre protectionnisme et xénophobie, et de pousser à la haine de l’autre (6).
Est-il vraiment scandaleux d’estimer qu’un gouvernement devrait pouvoir décider quels sont les produits qui peuvent être commercialisés sur son sol, et ceux qui, pour des raisons sociales (esclavage des enfants) ne peuvent pas l’être ?
Est-il vraiment scandaleux d’estimer qu’un gouvernement a le droit de décider qui peut séjourner sur son territoire, et qui doit ne pas y rester ?
Est-il vraiment scandaleux de constater qu’on a remplacé, en France, une immigration de travail par une immigration, essentiellement post-coloniale, de peuplement, dans une période de montée du chômage de masse, et d’explosion de revendications communautaristes ?
Est-il scandaleux d’estimer que tout gouvernement a le droit de décider de sa politique monétaire, et des aides qu’il accorde à un secteur d’activité ?
Pourquoi ces questions sont-elles totalement occultées par la classe politique ? Parce qu’elle remettrait en cause 30 années de pratiques irresponsables, en matière d’immigration et de libre-échangisme, de l’UMPS. Parce qu’elle pose le problème de la sortie de l’Union européenne. Donc, elle heurte de plein fouet, outre l’UMPS, les Verts, le Modem, et tous les grands médias, qui ont soutenu le « oui » en 2005.
Mais le protectionnisme pose également problème à toute la gauche du « non », qui, parce qu’elle a abandonné l’idée de la Nation, est obligée de bafouiller qu’elle ne veut pas de cette Europe, mais d’une « autre Europe », totalement impossible dans le contexte actuel. Comme si on pouvait éteindre un incendie avec un lance-flammes, ou attendre d’un Boubakeur qu’il défende le droit au blasphème !
La gauche du « non », de Besancenot à Buffet en passant par Mélenchon, outre sa division grotesque, n’a aucune politique courageuse sur l’immigration, aucune politique sur le protectionnisme économique, elle défend de manière démagogique et irresponsable la régularisation de tous les sans-papiers, pour le plus grand bonheur des employeurs, et pour le plus grand malheur des salariés, français ou étrangers, du secteur privé.
Philippe Cohen, journaliste à Marianne, savait, avec férocité, faire remarquer à toutes ces bonnes âmes, et notamment aux artistes, qui réclament des mesures de protection pour la production artistique française (à juste titre) que ce qu’ils réclamaient pour eux-mêmes, ils l’interdisaient aux salariés du privé, en leur imposant une concurrence accrue sur le marché du travail.
Ma fille m’a fait découvrir un dessin animé américain, « South Park », très politiquement incorrect. Un extra-terrestre arrivait sur la Terre. Il avait remonté le temps, car 800 ans plus tard, il n’y avait plus de travail là où il vivait. Un enfant balayait la neige, devant la maison de particuliers, pour 10 dollars. Mais l’extra-terrestre acceptait de faire le travail pour 1 dollar. Les parents, ouvriers, réprimandaient leur fils, qui pleurait parce qu’on lui avait piqué son petit boulot. Et puis les extra-terrestres arrivaient par milliers, et occupaient plein d’emplois, à des conditions moins élevées. Les syndicats ouvriers protestaient : « Ils nous piquent notre boulot ! ». Ils se faisaient traiter de racistes et de xénophobes par des chercheurs, des sociologues, par ailleurs disposant d’un statut social qui les protégeaient du chômage. Jusqu’à ce que les extra-terrestres pénètrent à leur tour la fonction publique, et que les donneurs de leçons se retrouvent au chômage…
Avons-nous vraiment envie de vivre dans un pays où, à cause d’un chômage de masse, et d’une politique irresponsable en matière d’immigration, d’inévitables tensions sociales pouvant tourner à la xénophobie se multiplient ?
A “Riposte Laïque”, nous assumons sans complexe une demande de moratoire sur l’immigration, pour sauver le vivre ensemble, l’intégration et nos systèmes solidaires. (7)
Mais curieusement, Nicolas Sarkozy n’a pas été interrogé sur ce sujet, jeudi soir. A quand un vrai débat sur la République, le retour des Etats-Nations, le protectionnisme et une politique de l’immigration adaptée aux réalités de la France de 2009 ?
(1) http://youtube.com/watch?v=PQc7Sv0vHUI
(2) http://www.medium4you.be/Livre-La-Republique-amnesique-de.html
(3) http://www.youtube.com/watch?v=xdHF2AGswQk&feature=related
(4) http://www.democratie-socialisme.org/IMG/article_PDF/article_497.pdf
(5) http://www.youtube.com/watch?v=etc24QPG_-k
(6) http://www.ripostelaique.com/Protectionnisme-preference.html
(7) http://www.ripostelaique.com/Immigration-de-travail-de.html

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