Pas besoin twavailler
« Pas besoin twavailler », tels quels sont les propos,
Entendus dans la rue au sortir du boulot,
Avec un fort accent à couper au couteau,
Entre deux borborygmes, d’origine « késako » ?.
Bizarrement sentir des frissons dans le dos,
Une exaspération, une envie de gros mots,
Une certaine crispation liée aux fondamentaux
D’une civilisation où le travail prévaut.
« Pas besoin twavailler », on peut extrapoler,
Se dire qu’au loto, la personne a gagné
Qu’au Wakanda, il/elle est roi de la cité
Qu’un mari richissime a su l’en exempter
Qu’elle a bien de la chance de n’être pas forcée
Ni de se lever tôt, ni de tard se coucher
Ni quelle bénédiction l’en a exonéré
Pendant que ta journée se résume à trimer.
« Pas besoin twavailler », dit-elle du téléphone
Certifié dernier cri, conçu par l’autochtone
Grâce auquel elle peut être en Afrique synchrone
A droit à la parole comme tous les allophones
Se permet de crier faisant fi des personnes
Qui l’entourent, qui supportent sa voix qui résonne
Dans le métro, le tram, elle barrit et elle tonne
C’est plus un téléphone mais c’est un mégaphone !
« Pas besoin twavailler », la France est accueillante
La CAF et la Sécu sauront être charmantes
Sauront bien recevoir de façon bienveillante
Tous ces nouveaux venus, ces chances qui enchantent
Les préfets qui se gargarisent de ces entrantes
Que voilà du sang vif, que voilà des vaillantes
Quel bonheur cette couleur, tellement revigorante
Bon, on va oublier leur côté fainéante.
« Pas besoin twavailler », alors que toi idiot
Tu te lèves le matin pour faire ton boulot
Pour obtenir trois francs, six sous, pauvre bulot
Et elle, ben elle fait rien, elle profite c’est son lot.
« Pas besoin twavailler » et c’est toi le raciste
Qui va pointer du doigt comment tu es fasciste
Tu paies pour ces gens-là et eux ils en profitent
Mais tu es responsable, tu n’en es jamais quitte.
La colonisation, l’esclavage et bien pire,
A vrai dire, j’ai envie maintenant de rugir
Je ne supporte plus cette façon d’agir.
Et pour ma part, je suis lasse de vos délires.
Oreliane