Permis de conduire : explosion des fraudes à l’obtention du Code de la route

Le syndicat national des inspecteurs du permis de conduire alerte sur les nombreuses fraudes commises lors des examens au Code de la route. Près d’un candidat sur deux aurait triché…

Faux documents, fraude, usurpation d’identité… Les candidats ne manquent pas d’idées. Il existe même de véritables réseaux fournissant des attestations de réussite à l’examen du Code de la route, pour environ 1500 euros. D’ailleurs, dix personnes ont été mises en examen l’an dernier, soupçonnées d’un tel trafic à Toulouse, en région parisienne et dans le Jura.

Sans compter les petites annonces sur les réseaux sociaux qui proposent d’envoyer quelqu’un passer le code à votre place, contre 300 ou 400 euros…

“En 2023, on arrive à des chiffres effarants. 40 % de fraude, on arrive tout doucement à un permis sur deux qui n’est pas valable ».
De fait, ces candidats qui n’ont pas les connaissances requises se remarquent lorsqu’il leur faut passer l’examen pratique : “Les panneaux ne sont pas connus, les marquages ne sont pas compris, les candidats vont prendre des voies réservées aux bus par exemple. On ne se sent pas très bien de devoir les féliciter d’avoir eu un permis de conduire alors qu’on sait que les règles ne sont pas acquises”, déplore une monitrice d’auto-école de Paris.

D’après le Snica FO, si le nombre est aussi élevé et le phénomène en hausse, cela procède de la privatisation de l’examen du Code.

Depuis 2016, La Poste, ObjectifCode, Code’nGo !, Pointcode, Dekra, France Code, Exacode et My Easy Code sont les huit organisateurs désignés par l’État pour faire passer les examens. Ainsi, les candidats peuvent-ils choisir plus facilement les date et heure de leur l’examen.
Selon le gouvernement, la privatisation a permis de créer 142 000 places supplémentaires.

Toutefois, cette augmentation ne s’est pas faite sans conséquence. Le syndicat rappelle qu’avant la réforme du Code, quand cet examen d’État était rattaché au ministère de l’Intérieur, il y avait très peu de fraudes.
“Là avec la masse d’examens de Code faits par les établissements privés, malheureusement il y a des contrôles qui se perdent, des contrôles qui ne se font pas, il y a des sessions trop chargées et où donc il n’y a pas le temps de faire les contrôles nécessaires”.

Cette fraude s’avère risquée en cas de contrôle après passage de l’épreuve pratique du permis de conduire, qui donne lieu à une vérification des documents par l’administration. Si une fraude est avérée au niveau de l’examen du code de la route, il faut tout repasser, ce qui est très onéreux.

Rouler sans permis est un délit théoriquement puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende… 800 000 personnes en prendrait le risque (chiffre identique à celui des non-assurés…), risque mineur tant comme pour tout autre délit, la justice se montre clémente.

Daphné Rigobert