Plutôt que de la censurer, le Parti socialiste serait bien inspiré d'écouter Anne Zelensky

Le 09 mars 2011, à Toulouse, Anne Zelensky répondait à l’invitation de la Commission “Droits des femmes” de la Fédération du Parti socialiste de Haute-Garonne. Ce rendez-vous devait permettre à Anne et aux féministes socialistes de Toulouse de débattre sur le féminisme après avoir assisté à la diffusion du film “La journée de la jupe”.
C’était hélas oublier un peu trop vite la capacité qu’ont les gauchistes de tous poils à parvenir à leurs fins dès qu’il s’agit de censurer tout discours progressiste. Qu’il soit féministe ou pas. Qu’il soit prononcé ou non par une femme. En la circonstance, ils ont parfaitement su se rappeler au bon souvenir des autorités locales du Parti socialiste pour obtenir l’annulation de ce débat.
Je n’ai pas l’intention ici de reprendre le détail des faits de cette “opération ” à visage politique, on ne peut plus scabreuse, déloyale, en tout état de cause en-dessous de tout. En effet, Anne a déjà écrit à Pierre Izard, le président du Conseil général de Haute-Garonne, une lettre parue dans le journal en ligne Riposte Laïque le 14.03.11, lettre que je vous invite à relire d’une part. D’autre part, Anne Zelensky, je la connais : elle est mon amie. A ce titre, je n’ai besoin de personne pour connaître son engagement à gauche et ce n’est pas une poignée de gauchistes en mal de reconnaissance, associés pour l’occasion à quelques socialistes eux-mêmes incapables de bâtir un programme politique digne de ce nom pour remettre debout la France, qui me détourneront de ma conviction profonde.
Non, simplement, je vais juste vous avouer que j’ai failli suffoquer de rire en découvrant le véritable motif qui avait conduit les autorités locales socialistes de Haute-Garonne à annuler le débat prévu entre Anne Zelensky et les féministes socialistes, à Toulouse ce 09 mars 2011 : la participation et le discours d’Anne Zelensky aux Assises contre l’islamisation du 18 décembre 2010. Enfin, quand je dis que j’ai failli suffoquer “de rire”, c’est bien évidemment une façon de parler car, chacun l’aura compris, rien ne prête à rire, pas même à sourire dans ce mauvais vaudeville. Le pathétique de la décision finale prise par les dirigeants socialistes de Haute-Garonne donnerait plutôt les larmes aux yeux. A bien des égards en effet, l’attitude des autorités locales socialistes de Haute-Garonne résume, à elle seule, ce qu’est devenu le Parti socialiste à l’échelon national : un parti dépourvu d’humanisme et de raison. Un parti sectaire puisqu’il ne tolère plus l’organisation d’un débat contradictoire dès lors que la parole libérée l’exposerait à affronter des vérités qui le dérangent. Un parti devenu amnésique quand il s’agit de se souvenir de ce qu’il doit aux femmes en général, aux féministes en particulier.
Qu’est-ce qui permettrait donc au Parti socialiste, en 2011, de se croire le mieux placé pour priver de la sorte de parole publique une féministe, une citoyenne de la République française ? Est-il à ce point si sûr de son avenir qu’il puisse se permettre de repousser d’un revers de main les féministes socialistes, autrement ses propres électrices ?
L’avenir pourrait néanmoins ne pas être autant acquis à sa cause que ne l’imagine le Parti socialiste : en politique, c’est bien connu, mieux vaut éviter de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Et cette règle vaut aussi bien pour le Parti socialiste que pour tous les autres partis politiques français qui vivent, à mon sens, beaucoup trop à l’heure des sondages mais de moins en moins à celle des préoccupations sociales des Français. Cette parenthèse refermée, revenons donc au Parti socialiste.
Où était, par exemple au début du mois de juillet 2010, le Parti socialiste ? En ce début de mois de juillet 2010 et après des mois de débats passionnés, parfois passionnants, souvent passionnels sur la question du port du niqab dans l’espace public, le Parti socialiste décide alors, en réunion de groupe et à la quasi unanimité, de ne pas participer au vote, à l’Assemblée nationale, interdisant le port du voile intégral dans l’espace public. Ce 13 juillet 2010, le Parti socialiste, à quelques très rares exceptions, a lâchement abandonné à leur sort des milliers de jeunes filles, des milliers de jeunes femmes, préférant laisser place aux ravages de l’expression devenue désormais visible d’un islam fondamentaliste dans l’espace public français ! A l’époque, Yvette Roudy, dans une lettre adressée à Jean-Marc Ayrault, ne cachait pas son indignation :
« Les fondamentalistes ne sont pas fous. Ils nous connaissent bien. Ils savent que, pour certains socialistes, cette question n’est toujours pas prioritaire. Ils commencent fort intelligemment par la burqa (…) mais ensuite, ils demanderont des temps de piscine distincts, des classes séparées. A Lyon, ils demandent déjà des espaces séparés dans les bus. Ils veulent des programmes purgés de toute allusion à la sexualité. Ce sera l’apartheid. »
Second sujet d’actualité : le recours des mineurs à l’I.V.G.
A-t-on entendu le Parti socialiste s’exprimer, le 08 mars 2011, lorsque, dans une interview donnée à France Soir, le Professeur Israël Nisand annonçait que sur les 200.000 femmes qui recourent à l’interruption volontaire de grossesse en France, 15.000 sont mineures ? Voici ce qu’il dit à ce sujet :
« Parmi les mineures, la moitié ont recours à l’avortement à la suite de conduites à risques. L’autre moitié, par peur d’informer leurs parents de leur sexualité. En France, l’IVG est anonyme et gratuite. La pilule du lendemain est anonyme et gratuite. Mais la vraie contraception, elle, ne l’est pas. On marche sur la tête ! En Alsace, avec le dispositif Info-Ado, qui permet de délivrer la contraception anonymement, on a divisé par deux en douze ans le nombre d’IVG chez les mineures. En sept ans, on l’a divisé par quatre dans la vallée de la Bruche, dans les Vosges. Ce n’est donc pas une fatalité ! »
Pourquoi le Parti socialiste ne s’empare-t-il pas d’un sujet aussi grave que celui de l’augmentation du nombre d’avortements chez les mineures ? Pourquoi n’entend-t-on pas les féministes qui intentent actuellement un procès en sorcellerie à Anne Zelensky, proposer d’ouvrir un débat sur l’impérative nécessité de mettre en place une politique d’information et de prévention qui permettrait de réduire considérablement le nombre d’interruptions volontaires de grossesse chez les mineures ? Et enfin, tout comme pour la burqa, pourquoi les féministes de Mai 1968, majoritairement de gauche, plutôt que de se chercher des boucs émissaires, ne se demandent-elles pas tout simplement, à l’examen du nombre de mineures qui ont eu recours à l’interruption volontaire de grossesse : “Comment, après les combats que nous avons menés, on en est arrivé là ?”
Autre sujet qui devrait mobiliser les féministes qui semblent davantage obsédées par les Assises contre l’islamisation que par des dossiers aux enjeux pourtant majeurs pour l’avenir de nos sociétés : l’accouchement sous X. En janvier dernier, la député UMP Brigitte Barèges a remis au Premier ministre un rapport qui, à titre personnel, a retenu mon attention en ce qu’il préconise de permettre à l’enfant de connaître l’identité de sa mère à sa majorité. Apparemment, Madame Bachelot témoigne sur cette question d’une prudence qui laisse à penser, hélas, qu’une fois encore, le rapport de Madame Barèges terminera son voyage au fond d’un tiroir ! Qu’attend donc le Parti socialiste pour se saisir du débat sur l’accouchement sous X ? Pourquoi demeure-t-il silencieux sur ce sujet ?
Finalement, de quoi semble donc avoir à ce point peur le Parti socialiste français ? Qu’est-ce qui justifie que le Parti socialiste soit tombé si bas qu’il en ait oublié jusqu’à ses idéaux ? Car, à bien y réfléchir, Anne Zelensky, ne faisait que mettre, ce 18.12.10, le Parti socialiste devant ses responsabilités, lui rappelant qu’il a non seulement trahi les femmes mais qu’il a également trahi les classes populaires. Et çà, croyez-moi, le dire, c’est tout le contraire du fascisme. Le fascisme, c’est au contraire d’avoir abandonné les plus fragiles à la misère sociale et psychologique qui est la leur aujourd’hui et qui les conduisent tout droit dans les bras des extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche ! Mais le Parti socialiste a-t-il au moins conscience de ses fautes politiques ?
Bonapartine

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