Polynésie : victoire des indépendantistes, merci Macron !
Dimanche 30 avril 2023, les indépendantistes ont gagné les élections territoriales. Avec 70% de participation. Une belle majorité de 38 sièges sur 57, avec laquelle ils vont pouvoir gouverner le pays pendant cinq ans et préparer des référendums pour savoir si les gens veulent l’autonomie renforcée. Ou plus.
Les macronards n’avaient pas compris pourquoi les indépendantistes ont triplé leurs voix en 4 ans, passant de 18% aux Territoriales de 2018 à 52% en 2022 aux Législatives, n’envoyant que des députés indépendantistes à l’Assemblée.
Le vote indépendantiste en 2023, c’est d’abord un vote anti-Macron
Une gifle infligée à ce paltoquet arrogant. D’ailleurs en 2022, les indépendantistes n’avaient pas fait campagne pour l’indépendance, mais sur les difficultés économiques et sociales. Et comme c’est électoralement payant, ils ont continué cette année.
Le fiasco de l’intimidation médiatique
À défaut de pouvoir ériger leurs mosquées à Tahiti sans une évolution des mentalités, toujours hostiles, l’État francarabique et ses chaînes de propagande ont mis dans l’avion (noms changés) des Oufida Ouakid pouffiasses décolorées, et des Samir Al Gharbi, imams à la fine barbiche de complexés, autoproclamés experts du Fenua, pour nous apprendre à bien penser et à bien voter.
Ces ânes ignoraient (et c’est tant mieux !) que le jacobinisme s’est brisé les dents sur le platier. La plupart des débats se tiennent en langue locale, précédés par des citations bibliques et souvent des incantations aux anciens dieux. Un simple conseiller municipal ne peut se faire élire s’il ne parle pas une des sept langues vernaculaires des archipels, dérivées de l’ancien austronésien.
Par son mépris du passé, Macron incarne toutes les détestations
Le guerrier ma’ohi n’est ni wokisé ni genrifié. La dernière révolte des Raromataï s’est terminée vers 1900… On n’a pas oublié les villages de pêcheurs pilonnés au canon de marine sur ordre du « nègre Lacascade », ainsi que le désignait Paul Gauguin. Tandis que des tirailleurs arabes et africains débarqués pour se battre contre les Ma’ohi, tuaient les vieux et les enfants.
Pas les femmes. Puisque des armées féminines menées par des reines guerrières ont infligé de cuisantes défaites à ces zouaves. La honte absolue pour des mahométans. La mémoire collective perpétue cette période dramatique. Coïncidant avec l’extermination de la moitié des Océaniens par des vaccins antivarioliques inadaptés. Mais obligatoires. On n’a rien oublié. Ni les nègres, ni les arabes, ni les vaccins. Macronescu a ravivé tout ça.
Les différentes formes d’indépendance
On n’est pas obligés d’être fâchés pour mille ans comme les Algériens. Le droit international ouvre des possibilités de coopérations fructueuses, sans être assujettis à un tuteur. La plus intéressante est l’État associé. Même les autonomistes modérés y viennent.
Une nation souveraine signe un accord de libre association avec un partenaire plus important auquel elle délègue la diplomatie et la défense, en échange de privilèges commerciaux ou stratégiques. Qui peuvent toujours être révisés.
Les îles Marshall, les États fédérés de Micronésie, Palaos sont des entités en libre association avec les USA. Idem pour les îles Cook et Niue avec la Nouvelle-Zélande, et les Kiribati avec l’Australie. Pour rester dans la zone Pacifique.
La Polynésie, avec ses 118 îles réparties sur une zone économique exclusive plus vaste que l’Europe, ne manque pas d’atouts. N’en déplaise aux faiseurs d’opinion que le tyran et sa bornée nous ont envoyés avant l’élection.
Le tourisme étant une ressource appréciable mais insuffisante, la plupart de ces archipels sont plus ou moins des paradis fiscaux, bancaires ou numériques, des champions des pavillons de complaisance et/ou des sociétés offshore. Immoral ? Sans blague ? Leur impact sur l’économie mondiale est infiniment moins nocif et criminel que la fausse pandémie trafiquée par Sidi Macronescu et Heil Von der Leyen.
Le vote de dimanche n’a pas acté l’indépendance mais a ouvert la voie vers des consultations jusqu’alors refusées
L’Assemblée territoriale doit à présent se réunir pour élire son président, puis celui du pays qui nommera un gouvernement, selon un processus semblable à celui de l’élection des présidents du Conseil sous la IVᵉ République. Moetai Brotherson, le mieux placé pour être notre futur président, a l’intention de limiter à dix le nombre des ministres. Avec plus de femmes et de jeunes diplômés. Et diminution des salaires pour tous les responsables politiques.
Moetai a dit aussi qu’il ne fallait pas s’emballer, que l’indépendance n’est pas pour tout de suite. Il proposera à la population, par référendum, des évolutions progressives et on verra. Le succès du processus dépendra de l’aptitude des indépendantistes à bien gérer le pays.
La spécialité législative est déjà une belle avancée
Elle transfère non seulement au Fenua beaucoup de compétences sur le plan économique et social… Mais les lois de la Ripouxblique ne s’y appliquent pas automatiquement, et le président de Polynésie, son gouvernement et l’Assemblée locale prennent les décisions qui relèvent de la loi en métropole.
Seul le régalien, armée, police, justice, diplomatie reste l’exclusivité de l’État colonial. Avec des aménagements comme l’océanisation des cadres (un Ma’ohi pour un Popaa quand c’est possible) un consulat général de Chine qui fait office d’ambassade et des agences du tourisme à l’étranger qui ressemblent à des consulats. Il suffirait de virer le gouverneur colonial, ses magistrats et ses fonctionnaires garde-chiourmes pour devenir un état associé.
Une proportionnelle tarabiscotée pour tenir compte de toutes les sensibilités sans revenir aux assemblées ingouvernables du passé
Le leader indépendantiste Oscar Temaru, cinq fois président entre 2004 et 2011, et chaque fois mis en minorité par ses « alliés critiques » était paralysé. Après des années de chaises musicales où les alliances se faisaient et se défaisaient, favorisant tous les chantages et magouilles, on a instauré en 2011 deux règles simples, un peu moins démocratiques mais plus pragmatiques.
La prime majoritaire qui octroie d’office au parti arrivé premier 19 sièges (un tiers) sur les 57 que compte l’hémicycle. Les 38 autres étant répartis à la proportionnelle.
L’élimination au second tour des petites listes qui ont fait moins de 12,5%. Celles en dessous du quorum peuvent conclure des alliances de second tour et fusionner avec celles arrivées en tête si elles ont au minimum 5%. En dessous, il ne leur reste plus qu’à se désister ou disparaître.
Cela peut paraître compliqué, mais ça fonctionne. En métropole la caste politico-médiatique préserve ses privilèges en affirmant depuis des lustres que la proportionnelle serait ingérable. Or il suffirait de l’adapter. La preuve.
Le conseil anti-constitutionnel avait donné sa recette pour tricher !
Cet aréopage anti-démocratique, vendant la peau de l’ours, avait annoncé avant les élections que le président macronard Édouard Fritch pourrait briguer un troisième mandat. Au prétexte que le premier n’aurait pas été tout à fait complet. La question ne se pose plus puisque Édouard n’est plus en lice. Mais cela crée une jurisprudence extrêmement inquiétante. Car en métropole, elle permettrait à Macronescu de démissionner en 2026, laisser ses préfets papon le faire réélire et ses télés nier la fraude, et rester illégalement au pouvoir jusqu’en 2031.
« Tout ce que touche Macron, il en fait de la merde », dixit Donald Trump
Lorsque le raerae s’est invité chez nous en juillet 2021 pour imposer une campagne de vaccinations alors que le Covid avait quasiment disparu, ça a fait grincer les dents. Puis quand il a fait l’affront de refuser de recevoir des tavanas (élus locaux), et dit (ignorant la présence d’un micro) « Je n’ai pas de temps à perdre avec ces sauvages ! » un de ces élus lui a répondu en reo ma’ohi : « Toi, on va t’empaler sur un bambou. » Du délice au supplice il n’y a qu’un pas.
La France apportait les progrès de la civilisation occidentale, et partageait sa science, sa culture, plus tard sa démocratie, mais aussi son art de vivre. Après le naufrage de « l’Artémise » en 1839, les Tahitiens découvrent ces Français qui aiment comme eux boire, chanter, danser, rigoler, se balader en petite tenue avec les vahinés et faire la bringue. À la différence des Anglais tristounets, puritains et coincés, dont les prétentions à un condominium furent rejetées. Raison de plus pour rappeler que les Polynésiens ne se soumettront jamais à la charia.
Christian Navis