Pour se farcir Zemmour, "Le Canard Enchaîné" relaie minablement le discours des experts

Dans son édition du 2 avril, le Canard enchaîné consacre une large part à Eric Zemmour, qui y est accusé de rêver des faveurs politiques de Marine Lepen.
« (…) Zemmour est un vrai journaliste à la française (sous-entendu : le pisse-copie du « canard », lui, n’est pas un vrai journaliste à la française. Alors il fait quoi, il est quoi, dans cette rédaction ? Il n’y est pas journaliste ? Ou s’il y est quand même, semble-t-il, journaliste, c’est dans quelle variété ? Journaliste à la russe ? Rédacteur comme l’étaient ceux des anciennes Izvestia ou ceux de la défunte Pravda ?), il est pétri de certitudes ».
Oh le vilain petit canard de Zemmour – oh, excusez-moi, je ne voulais pas faire un jeu de mots – il est pétri de certitudes… Vous vous rendez compte ? Zemmour croit encore en quelque chose ; il a des convictions ! Comme si, en ce début de vingt-et unième siècle, on pouvait encore avoir des convictions, en dehors du « tout le monde il est beau », version Dominique Sopo…
On peut donc penser, à cette critique acerbe de l’oiseau de papier, que notre journaliste, « pas à la française », doit être, par contre, pétri d’incertitudes, lui.
A lire ce qui s’est probablement voulu un brûlot, il n’est pas manifeste qu’il soit effectivement gouverné par le principe d’incertitude et encore moins par celui d’ouverture intellectuelle, notre journaliste satirique, pas vrai journaliste à la française. On a même l’impression, à chaque ligne de l’article, que c’est précisément à partir de certitudes soutenues contre vents et marées, certitudes déclinant une pensée de bazar, certitudes de la pensée obligatoire placée sous l’œil vigilant de SOS Racisme et du MRAP associé Licra, que notre comique de la plume hebdomadaire fusille Eric Zemmour avec le canon de son clavier d’ordinateur.
Le « Canard » pourfend tous ceux qu’il soupçonne de « xénophobie ». C’est vrai, c’est vilain, la xénophobie. Mais l’ignorance suffisante et la propagation des stéréotypes, ce n’est pas très beau non plus. De ce point de vue, il n’est pas dans le peloton de queue notre journaliste-pas vraiment à la française. C’est ainsi qu’on peut lire sous sa plume, pas bardée de certitude, elle, à la différence de l’ignoble Zemmour : « (qu’) il est resté le fils de rapatriés pieds-noirs qui a cherché à tous crins à s’assimiler »…
Ici l’ignorance crasse de l’Histoire se combine au mépris et au ségrégationnisme.
Les Juifs d’Afrique du nord – pas moins, voire plus, autochtones, dans cette partie du monde, que les descendants des conquérants djihadistes arabes – deviennent des « pieds-noirs », c’est-à-dire des créatures de la colonisation, des « colons », sous-entendu, des méchants exploiteurs ayant fait suer le burnous du colonisé.
Ce n’est pas beau, monsieur le journaliste-pas vraiment « à la française », ce n’est pas beau de réécrire l’histoire de l’Afrique du nord, pour en effacer de nombreux siècles.
Ce n’est pas beau non plus de trouver comme un parfum de présomption ou d’illégitimité au fait que le fils de petit Juif – réduit pendant des siècles (douze exactement) au statut inférieur de Dhimmi, jusqu’à la présence quotidienne de l’administration française, petit Juif sorti par elle du statut d’inférieur institutionnel – aspire à s’élever et envoie son fils faire des études supérieures, sans demander un coup de pouce spécial autre que beaucoup d’effort personnel non annulés par une infériorité institutionnalisée que Dieu voudrait absolument et pour toujours.
Monsieur le journaliste-pas très à la « française », trouverait-il illégitime que les Juifs réduits à un statut inférieur (le Pacte d’Omar) pendant douze siècles, chassés du pays qui devint le leur depuis deux millénaires pour certains, depuis presque cinq siècles pour d’autres, aient voulu que leur enfant s’instruise ? Il y a quelque chose d’autre qui met en colère notre besogneux et ignorant rédacteur d’un hebdomadaire triste qui se croit drôle : c’est l’hostilité d’Eric Zemmour envers le « mondialisme », en faisant preuve d’un « antimondialisme de patronage ». Oh, que ce n’est pas beau ! Oh que c’est xénophobe ! Oh que c’est d’extrême droite : défendre un antimondialisme de patronage !!!
Les « experts » auraient-ils eux seuls le droit à la parole, pour tout ce qui est des questions fondamentales d’économie? Seul le vieil indigne « indigné », coqueluche des principaux médias, aurait-il le droit de vouloir tailler, en deux ou trois lignes, des croupières à la mondialisation économique? Notre rédacteur et ses collègues n’écrivent-ils que sur ce qu’ils connaissent parfaitement, en leur qualité d’experts ?
On voudrait le croire. Mais nous avons vu qu’il n’en est rien, puisque notre journaliste-pas très à la française confond les autochtones venus directement de Judée, ou venus de Judée par l’Espagne après avoir cofondé Carthage, avec le petit peuple d’espagnols républicains, de maltais, d’alsaciens refusant l’annexion allemande de 1870, d’ouvriers et d’artisans Parisiens déportés d’après les fusillades de juin 1848 puis celles de la semaine sanglante de mai 1871, intervenues dans le sillage de l’écrasement de la Commune de 1871.
Ce qui ressort du propos de notre journaliste qui se veut drôle, ce n’est pas, manifestement, le degré d’expertise. Ce qui est mis en cause chez Zemmour, qui devient chez lui gravement fautif, s’indigne notre journaliste enquêteur et Procureur, c’est : son adhésion à la « maladie infantile du lepénisme », c’est son « antimondialisme de patronage », c’est son « souverainisme, maladie infantile du lepénisme ».
En d’autres termes, le crime d’Eric Zemmour, aux yeux du censeur « humoriste », c’est son refus d’une vieille idéologie. Sa faute inexpiable, qui en ferait, nous assène-t-il, un chevaux léger du lepénisme, c’est sa dénonciation de la doctrine économique obligatoire d’une notable partie des doctrinaires du Capital, doctrine se voulant paradigmatique et… scientifique. Comme tant d’autres manipulateurs de l’opinion, notre besogneux « humoriste » baptise « mondialisme » les manifestations actuelles de la division internationale du travail. Il appelle mondialisme, la prédominance du capital financier, sa nature et son fonctionnement devenu foncièrement aléatoire au moyen de la concurrence obligatoire.
Notre journaliste humoriste fait comme Jacques Attali hier soir (13 avril 2011), devant les caméras de télévision : Il appelle cela mondialisme. Il nous vend une salade pas très fraîche, devenue franchement et sérieusement indigeste, comme si c’était une sorte de réalité objective définitive.
En diabolisant ainsi le refus de cette réalité » incontournable, qui serait aussi contraignante que la tectonique des plaques, il gesticule de façon grotesque, pour cacher qu’il s’agit, derrière le mot « mondialisation », de dissoudre les cadres politiques historiques qui ont produit les éléments plus ou moins développés de la Démocratie politique, à savoir : les nations et les représentations politiques nationales, les nations avec leurs groupements politiques, les nations avec les partis et associations, les nations avec leurs organisations ouvrières et patronales, que sont les Syndicats, Parlements, Lois, codes du travail, conventions collectives, Droits et Devoirs…
Le fond de la haine du pas-très-à la française-journaliste est tellement manifeste qu’il ne peut s’empêcher de conclure en pointant un autre Juif.
« il y a vingt ans, William Abitbol, un conseiller de Pasqua, l’initiait au souverainisme, maladie infantile du lepénisme». La vieille haine ancestrale ressurgit quand on ne l’attendait plus. On pourrait légitimement demander à notre comique, genre journaliste, si la qualité de Juif de Zemmour n’est quand même pas un peu pour quelque chose dans le traitement spécial qui lui est réservé ici, et dans la manière dont on prétend écraser l’immonde antimondialiste et souverainiste…
La nation, ses valeurs, qui prendront en France la forme du patriotisme des Sans-culotte, n’ont manifestement plus droit de cité. Elles auraient changé de signe. Elles seraient du « lepénisme » inconscient, voire conscient. Quelle horreur !!!
On le voit encore, avec les exigences de certains, réclamant, voire organisant, en passant par-dessus les prérogatives régaliennes de l’Etat, en France et en Italie, l’accueil inconditionnel, la réception en fanfare, l’installation de plein droit et sans devoir aucun, des milliers de Tunisiens fuyant la prétendue révolution du soi-disant « printemps arabe ». Eux aussi, ces hommes d’associations et d’organisations « humanitaires », se mettent à tirer à boulets rouge contre le souverainisme, contre l’opposition au mondialisme, se faisant les apôtres d’une nouvelle réalité dénationale, anationale.
Cette réalité nouvelle, non nationale, n’est pas vraiment réjouissante. Si l’on gratte un peu, et il n’y a pas besoin de gratter beaucoup, ce qui était nation deviendrait des mosaïques de bouts d’anciens pays. Ils deviendraient des régions impuissantes, soumises, sans moyen de formuler un véto, à la Commission européenne.
Pour être plus précis, les fuyards -peu enthousiasmés par leur révolution*1 et pour se mettre au boulot, qui pour construire ou reconstruire la Tunisie, qui pour construire ou reconstruire la vieille Egypte- quitteraient leur coquilles de noix marines pour accoster sur les côtes de pays devenant des pays eux-mêmes en perdition, devenant des nations cessant d’être des nations pour accepter d’être transformés en escadres de radeaux de la méduses impuissants face aux flots économiques, corsetés par les oukases de la bureaucratie bruxelloise, ligotés face aux mouvements de populations considérés obligatoirement comme une réédition légitimes des grandes invasions venus d’Asie et de Germanie, grandes invasions qui emporteront au tombeau l’Empire romain et produiront quelques siècles de régime seigneuriales et de régressions profondes.
Alain Rubin
(1) On apprend qu’en réalité, la « révolution du printemps arabe », en Egypte, n’a mis en mouvement, au plus fort du mouvement contre Moubarak, qu’environ deux millions d’Egyptiens sur 80 millions. Révolution, une révolution d’une petite minorité, une révolution sans comités élus, une révolution sans revendications politiques et sociales définies par le peuple se dressant (en fait un peuple qui ne s’est pas dressé, dans sa masse) et s’affirmant pour devenir la source de toute loi et de tout pouvoir. A l’inverse, la force qui pèse et prédomine, c’est celle qui revendique et exige, celle qui affirme que le peuple et sa souveraineté inaliénable ne peuvent pas être le socle et encore moins la source du droit, ni être le support souverain du pouvoir étatique, ce sont les Frères musulmans.
Ce qui sort renforcée, c’est l’organisation qui, en novembre 1947, appela au djihad final, au combat par l’épée pour le triomphe de la « vraie foi », à la guerre sainte pour exterminer tous les Juifs d’Israël. C’est ainsi que la dite organisation, qui a touché le petit cœur de midinette d’Alain Juppé, a obtenu que les organes de pouvoir provisoire proclament : que la charia serait la source du droit en Egypte. Printemps arabe ?
Curieux printemps des peuples, celui qui ressemble à une glaciation propice à la remise des femmes en situation d’infériorité « voulue par Dieu ».

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