Pour soutenir les forces de l’ordre et les victimes, tous dans la rue samedi !

Nous avons eu le plaisir de croiser la route du commissaire divisionnaire Maurice Signolet, très actif dans l’organisation des rassemblements de samedi prochain, pour soutenir la police, mais aussi les victimes…

Riposte Laïque : C’est votre premier entretien pour notre site. Vous étiez commissaire divisionnaire, et vous êtes en retraite. Que pouvez-vous dire de plus pour que nos lecteurs vous connaissent mieux ?

Maurice Signolet : J’ai passé 40 ans dans l’Institution Policière : 20 ans comme Inspecteur de Police exclusivement en Police Judiciaire au quai des Orfèvres à Paris (Brigade des stupéfiants – Brigade Criminelle); 20 ans comme commissaire de Police, moitié en Police Judiciaire (Vols d’Objets d’art – antiterrorisme), et moitié en Sécurité Publique comme chef de circonscriptions et de districts à Paris et en Seine-Saint-Denis. Ma carrière est donc très éclectique mais je connais ainsi le panel complet des missions de Police.

Riposte Laïque : Qu’avez-vous pensé de l’initiative, soutenue par cent partis, syndicats et associations de gauche, qui prétendaient, dans une centaine de villes de France, protester contre les prétendues violences policières ?

Maurice Signolet : J’ai pensé qu’il s’agissait d’un vaste concert de vociférations caricaturales. Je crois que c’est Joseph de Maistres, ce grand philosophe du XVIIIe siècle qui déclarait: « Les fausses opinions ressemblent à la fausse monnaie qui est frappée d’abord par de grands coupables et dépensée ensuite par d’honnêtes gens qui perpétuent le crime sans savoir ce qu’ils font ». La Nupes, et en tête les gens de LFI, illustrent parfaitement cette citation. Tout cela est d’un pathétisme désespérant. Cela étant, la mobilisation à ces manifestations n’a pas été à la hauteur de leurs espérances.

Riposte Laïque : Vous faites partie des initiateurs de différentes mobilisations qui se dérouleront, ce samedi 30 septembre, dans différentes villes de France, pour défendre la police et les forces de l’ordre. Pourquoi avoir pris cette initiative ?

Maurice Signolet : Je suis le président d’un collectif d’anciens policiers retraités de la Police pour l’essentiel, auxquels sont venus se greffer des gens de bonne volonté, pour ne pas dire de bon sens. Il s’agit du Collectif de Soutien aux Forces de l’Ordre et aux Victimes – La France Aime sa Police. Nous sommes en association avec les Femmes des Forces de l’Ordre en Colère et soutenus par « Place d’Armes ». Notre vécu nous autorise à apporter une analyse dans la généalogie des événements qui ont conduits à la situation d’insécurité que nous connaissons aujourd’hui : une inextricable pétaudière. Nous avons été les témoins, impuissants, inécoutés, des dérives tant philosophiques que politiques de ces 40 dernières années.

Nous en connaissons tous les rouages et toutes les responsabilités et nous voulons désormais rendre comptables tous ceux qui ont conduit à ce marasme quasi civilisationnel. La Police est l’un des meilleurs curseurs d’appréciation d’une société, Malraux lui-même dans « les Justes » écrivant : “Le Policier est au centre des choses”.

Riposte Laïque : Où auront lieu les différents rassemblements de ce samedi, et qui vous soutient ? Quelle est l’attitude des syndicats policiers quant à cette initiative ?

Maurice Signolet : Notre initiative au début devait se limiter à Paris, mais au fur et à mesure nous avons vu venir se greffer des initiatives partout en France. C’est ainsi que ce samedi 30 septembre à 15 heures des rassemblements par notre collectif seront réalisés à Marseille, Metz, Limoges, La Roche-Sur-Yon, Saint-Brieuc, et pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de s’associer à notre initiative, nous les invitons, même en petit nombre, à se présenter devant le commissariat ou la Gendarmerie de lieu de résidence pour témoigner leur solidarité. Quant aux syndicats policiers… ils sont muets !

De même, aucun parti politique n’a souhaité s’associer à notre initiative… et c’est tant mieux ! Nous savons que les partis politiques, quels qu’ils soient, sont aujourd’hui des appareils et rien d’autre. Nous croyons, nous, « au peuple providentiel» et certainement pas à des hommes ou des partis providentiels. Nous espérons que « la noblesse des gens ordinaires », pas à pas, prendra enfin la résonance qu’elle mérite. Tous ceux qui sont aujourd’hui dans notre collectif n’ont aucune « ambition personnelle ». Nous sommes au soir de notre vie, mais cela ne nous interdit pas de penser au lointain, à ce que nous allons laisser.

Riposte Laïque : Comment réagissez-vous quand certains de vos collègues se retrouvent en garde à vue, voire en prison, lorsqu’ils tirent sur un délinquant pour se protéger ?

Maurice Signolet : Chaque « action policière », même la plus anodine au quotidien, est désormais considérée comme « une violence policière». La doxa dominante de l’excuse comportementale est désormais systémique. Elle a imprégné ce que Machiavel appelait « la parole du Palais », sublimée par le monde du spectacle et des saltimbanques, en parfaite collusion avec le monde journalistique, le monde politique et par ruissellement le monde Judiciaire. Les seuls qui aujourd’hui, de par leur mission et leur obligation d’intervenir en invoquant « l’autorité », donc l’ensemble des forces de l’ordre, sont donc soumis à l’opprobre, « la détestation de tout un peuple » comme le disait Robespierre. Rien d’étonnant donc au traitement qui est désormais infligé aux policiers.

Riposte Laïque : Pensez-vous que la justice est trop souvent hostile à la police, et que trop de juges sont politisés ?

Maurice Signolet : Comme je viens de vous le dire, la doxa dominante a fait son chemin, y compris, bien évidemment dans les rangs de la magistrature. Mais, je vais vous surprendre, il serait trop facile d’accabler la seule Justice. Montesquieu disait : «la Justice est la bouche de la loi », rien d’autre. La Justice est une « autorité » et non un pouvoir. C’est donc bien « le politique » qui doit assumer l’entière responsabilité de la situation. C’est lui qui, au cours de ces dernières décennies à moduler les lois, a donné les orientations déplorables qui nous ont conduit à ce tsunami dé-civilisationnel.

Riposte Laïque : Souhaitez-vous ajouter quelque chose, Maurice ?

Maurice Signolet : J’aimerais conclure par des mots d’espérance. La période que nous vivons est certes une période de déclin, mais comme justement le précisait Joseph de Maistres déjà au XVIIIe siècle, elle peut précéder un renouveau. Ce renouveau ne viendra que du peuple et seulement du peuple, lorsqu’il aura retrouvé ce qui a fait sa noblesse : une âme.

Propos recueillis par Pierre Cassen