Procès contre Riposte Laïque : ce que j’avais prévu de dire

Témoin au procès intenté à Riposte Laïque et qui s’est déroulé le 3/02/2012 devant la 17e Chambre Correctionnelle du Palais de Justice de Paris,  je n’ai pu faire état de l’ensemble de l’intervention que j’avais préparée à cet effet. J’ai souhaité la mettre en ligne et la porter à la connaissance de nos lecteurs qui pourront trouver un intérêt aux arguments que j’ai pu présenter et aux autres.

Monsieur le Président,

Ma présence spontanée en qualité de témoin dans le procès intenté à Riposte Laïque par La Ligue des Droits de l’Homme, le MRAP, la LICRA, SOS Racisme, le CCIF, se justifie par un engagement laïque qui fut très précoce. En effet, né en Syrie, de parents arabes, mon premier choc politique a été de découvrir qu’on pouvait établir une discrimination entre les citoyens : c’était lors d’une tentative de l’État syrien, sous la pression des Frères Musulmans, d’inscrire l’islam comme « religion de l’État » dans la Constitution, ce qui faisait de tous ceux qui n’étaient pas musulmans  des citoyens de 2e catégorie. J’avais 13 ans. Nous étions en 1950. A la même période, j’ai reçu ma première carte d’identité : j’y ai trouvé mention de la religion et du rite auxquels appartenait mon père. Cette mention m’a rendu furieux. Et depuis je refuse absolument que l’identité d’un individu soit définie par sa religion, souvent imposée par une société communautariste. La laïcité est depuis gravée en moi, elle est indissociable de ma personne, même si je suis issu d’une famille catholique pratiquante qui compte parmi ses membres proches un vicaire épiscopal et un missionnaire … Je considère que la laïcité est un dénominateur commun qui permet à tous, croyants ou incroyants, de vivre ensemble. Elle est pour moi une valeur fondamentale.

Je suis en France depuis 55 ans. Je suis médecin gynécologue-obstétricien, diplômé de la Faculté de Médecine de Lyon et de Baltimore dans le Maryland. Je suis titulaire d’une maitrise de langue et de civilisation arabes et j’ai présenté à la Sorbonne un  mémoire de maîtrise sur l’ismaélisme qui est une branche du chiisme.

Mon premier contact avec Riposte Laïque remonte à juin 2009 à travers la lecture du livre Les dessous du voile. Ce livre m’a permis de mesurer l’étendue de la symbiose de mes positions laïques avec celles de l’équipe qui anime Riposte Laïque. Depuis cette période, je collabore régulièrement au journal en ligne de Riposte Laïque. En moins de 3 ans, j’ai posté environ 70 articles. La moitié de ces articles, je les ai traduits de l’arabe, pour permettre, aux Français et aux francophones, de découvrir que, dans les pays musulmans, il y a des laïques en mal de liberté qui ne peuvent s’exprimer que par internet, que les colonnes de la presse leur sont interdites, et qu’ils ont le courage de critiquer l’islam, religion que les musulmans ne peuvent critiquer et dont ils ne peuvent sortir : dans ces pays, on ne badine pas avec l’apostasie, elle est punie de mort. D’autre part, en plus d’articles personnels, j’ai traduit de l’américain des articles qui pointent en permanence le danger de l’islamisation de l’Occident par le Stealth Jihad (le jihad de ruse, le jihad sournois). Je suis membre de  Résistance Républicaine depuis sa création en juin 2010. J’ai participé aux travaux préparatifs des Premières Assises sur l’islamisation de nos pays, notamment par une prise de contacts en vue d’inviter des participants et participantes arabes musulmans laïques d’Égypte, du Kuweit et de Syrie.

Les membres de la rédaction de R.L. sont des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions sociales qui considèrent que la laïcité, fer de lance du progrès social, est un gage de paix pour l’humanité. Nous sommes tous des militants d’une laïcité chevillée au corps, nous avons des professions, des expériences militantes, des parcours différents, des tendances politiques parfois même divergentes. Parmi nous, nous trouvons des Français d’origine arabe, musulmans, chrétiens, athées mais tous sont laïques. Nous voulons poursuivre notre engagement dans le renforcement du combat contre l’obscurantisme de tous bords et contribuer par la publication de nos articles et les témoignages de nos lecteurs à faire de Riposte Laïque une arme pour rassembler et pour convaincre.

Au cours de ces trois années de collaboration avec le groupe, jamais mes origines, sur le plan ethnique ou religieux, n’ont fait l’objet d’un quelconque ostracisme ; la poursuite de ma collaboration avec mes amis de Riposte Laïque en est la preuve.

Pour moi, le procès qui nous est intenté rappelle tout à fait les méthodes qu’utilise aux USA l’association CAIR (le Conseil des Relations Islamo-Américaines). Cette association, dirigée par les Frères Musulmans, s’en prend aux entreprises américaines qui ne respectent pas les recommandations de l’islam. Elle commence par les menacer, les rackette ou intente des procès aux entreprises récalcitrantes, par exemple Nike, Delta Air-Lines, Microsoft etc.… Ces dernières années 650 entreprises sont passées sous les fourches caudines de l’islam politique (1)

Ce procès est surtout le procès de la libre expression, qui est une des valeurs les plus fondamentales de l’Occident. Cette valeur peut cependant exister dans le monde musulman où il y a des voix favorables à la liberté d’expression. Ainsi celle de Kyai Haji ‘Abdulrahmâne Wahîd, ancien président de l’Indonésie, le plus important pays islamique du monde. Il dirige l’association Nahdatul Ulama (la renaissance des savants en religion), la plus importante association islamique mondiale et voici ce qu’il dit :

« Au moment où l’hostilité envers l’islam et les musulmans est une préoccupation légitime et vitale, nous devons reconnaître que la cause majeure d’une telle hostilité est le comportement de certains musulmans eux-mêmes qui propagent une compréhension de l’islam sévère, répressive, dominatrice et souvent violente, qui tend à aggraver et à conforter les pires peurs des non-musulmans et les pires préjudices relatifs  à l’islam et aux musulmans en général. »

Plutôt que de réprimer légalement la critique et le débat – qui encouragera uniquement les fondamentalistes musulmans dans leurs efforts pour imposer une compréhension de l’islam à travers le monde qui est spirituellement vide, dure et monolithique, – les autorités occidentales doivent plutôt défendre avec fermeté la liberté d’expression, non seulement dans leurs propres nations mais aussi mondialement. La liberté d’expression fait partie intégrante de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. » (2). Si donc on parle de « blasphème », de « diffamation de l’islam », d’« insulte de l’islam », de « discours de haine dirigé contre l’islam »,  cela est incompatible avec la liberté d’expression qui définit la démocratie et les droits individuels de l’homme. (3).

On peut aussi observer que, pour l’islam, le « blasphème » et les accusations d’apostasie sont utilisés récemment comme stratégies pour empêcher la réforme des sociétés musulmanes. (4).  C’est ainsi que le 12 avril 2011, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, dominé maintenant  par l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) qui compte 57 pays membres, a approuvé, sans vote, la résolution 16/18 où il est question de « la diffamation des religions (initialement de la seule religion musulmane), de l’interdiction des images stéréotypées des religions et de leurs adeptes ». L’OCI utilise la courroie de transmission de l’ONU – qui est plus que jamais un « machin » comme disait de Gaulle – pour supprimer le discours anti-islamique dans le monde, éviter tout débat, brandir l’étendard de la victimisation, donner mauvaise conscience pour enfin assurer la victoire mondialisée de l’islam. Les États membres de l’OCI clament qu’ils représentent l’islam et que toute critique contre eux serait nécessairement une « insulte » à l’islam lui-même. Le cheval de bataille de l’OCI est la « diffamation de la religion ».  Par cela, l’OCI cherche à redéfinir les droits de l’homme selon cinq voies :

–          traiter tous les sujets religieux, en interdisant les « discours de haine » les considérant comme des problèmes raciaux

–          garantir des droits aux religions elles-mêmes plutôt qu’aux individus

–          créer de nouveaux droits aux religions qui peuvent être objets d’offenses

–          clamer que la liberté religieuse est en opposition avec la liberté d’expression

–          donner une interprétation étendue aux exceptions au droit à la liberté d’expression ; l’OCI va  jusqu’à bannir le simple slogan « Une Loi pour tous » dans la campagne contre l’établissement de la charia en Angleterre.

L’ONU alors fait appel aux États afin qu’ils édictent des lois contre l’ « islamophobie » et criminalisent, par exemple, les termes de « fascisme islamique », « terrorisme islamique », « fondamentalistes extrémistes islamistes » etc. …

Si les pays de l’OCI parviennent à bannir en Occident ce qu’ils considèrent comme la « diffamation de la religion », ils auront fait un grand pas pour exporter vers le monde libre leur propre système de répression (5) et pour casser notre propre sécurité (6).

Mesdames, messieurs, vous le savez bien et vous faites vous-mêmes partie des Français, les Français sont les fiers héritiers des Lumières, les fils de la Révolution Française et de la République. C’est pourquoi ceux qui défendent l’article 1er de la Constitution : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » et l’article 2 : « Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » ont le devoir de lutter contre ceux qui proclament : « Allah est notre objectif, le Prophète est notre chef, le Coran est notre loi, le jihad est notre voie. Mourir sur la voie de Dieu est notre plus cher espoir ». Tout Français comprend aisément que cette doctrine est incompatible avec la démocratie, avec la laïcité et avec les valeurs fondamentales qui prévalent en France et en Occident. S’opposer à ce courant dominant de l’islam est le devoir de tout citoyen. Ce devoir n’est ni provocation,  ni discrimination, ni haine, ni violence. Il est la volonté de défendre des valeurs longuement et chèrement acquises, de défendre notre existence, notre amour de soi et notre avenir. S’abstenir d’informer les Français sur les dangers de l’islamisation, c’est une non-assistance à peuple en danger.

Enfin, la critique – pour nous, légitime – de l’islamisme ne saurait être considérée comme du racisme. L’islam n’est pas une race : il y a des musulmans noirs, blancs, jaunes … L’islamisme est une idéologie rétrograde qui utilise la religion pour asseoir un pouvoir politique. Et c’est cela que nous combattons à Riposte Laïque.

« La vigilance permanente du peuple est le prix de la liberté » disait Andrew Jackson président des États-Unis (7) et Honoré Daumier titrait une de ses caricatures : « Liberté de la presse : Ne vous y frottez pas » (8).

Bernard Dick

(1) Comment l’islam rackette les entreprises aux USA

(2) (Préface, Silenced : How Apostasy and Blasphemy codes are choking Freedom Worlwide. Paul Marschall & Nina Shea, Forward, Oxford University Press 2011 p xxi,)

(3) ibid. p. 5

(4) ibid. p. 13

(5) ibid. p. 15

(6) ibid. p. 17

(7) Ibn Warraq, Why the West is the best, Encounter Books, 2011, p.6

(8) ibid. p.183. Collection Rosenwald – National Gallery of Art, Washington.

 

 

 

 

 

 

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