Procès Lozès-Zemmour : tous les différends doivent-ils se régler au tribunal ?

Ce mardi 29 mai, à la célèbre 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris, où Pascal Hilout et moi-même, le 3 février dernier, avons dû répondre pendant 10 heures aux accusations de commissaires politiques se prétendant anti-racistes, un nouveau procès opposera Patrick Lozès, président du Cran, à Eric Zemmour. Le premier poursuit le deuxième pour diffamation. Au lendemain de l’élection d’Obama, le chroniqueur a écrit dans l’hebdomadaire Vendredi :

“Patrick Lozès, président du CRAN a déclaré: ‘Obama est notre président’, ce qui prouve que la solidarité raciale, pardon espéciale est supérieure à ses yeux énamourés que la solidarité nationale. Imaginons un odieux président du CRAB (Conseil Représentatif des Associations Blanches) qui déclarerait: “Poutine est notre président'”.

Il se trouve que Patrick Lozès dément avoir tenu de tels propos et c’est pourquoi il poursuit Eric Zemmour en diffamation.

“Je ne peux accepter cette accusation qui me prête une idéologie et des sentiments anti-français autant que racistes. Si la liberté journalistique permet d’user d’une dose d’exagération voire de provocation, m’attribuer des propos que je n’ai jamais tenus, pour m’embourber dans une idéologie qui m’est étrangère, relève d’une attaque déloyale et inacceptable.”

J’ignore si Patrick Lozès a vraiment tenu les propos que lui a prêtés Eric Zemmour. Si tel est le cas, ce procès ne serait qu’une démonstration supplémentaire de la volonté de toute une frange communautariste de vouloir museler la liberté d’expression d’un journaliste qui dérange, même si les faits remontent à quatre années. Mais admettons que le président du Cran ait raison, et qu’il n’ait jamais vraiment tenu de tels propos. Cela mérite-t-il vraiment une action judiciaire ?

J’ai rencontré Patrick Lozès une fois, sur un plateau télévisé, à LCI, à la veille de l’apéro saucisson pinard, où il essayait de démontrer que nous étions des méchants racistes qui stigmatisaient une population paisible de manière provocatrice. J’avoue avoir eu le grand plaisir, lors de ma dernière intervention, de lui avoir fait remarquer que sur le plateau, une seule personne parlait de race, de couleur de peau, c’était lui, et que ma couleur de peau m’interdirait d’adhérer au Cran, alors que la sienne n’était pas un problème pour participer à l’apéro saucisson pinard. Quand le débat s’était terminé, nous avions fait ensemble cent bons mètres dans les couloirs. Nous avions discuté comme des gens normaux, sans aucune haine, respectant nos divergences. A la sortie, un taxi l’attendait, tandis que je devais prendre mon métro. Eternel chambreur, je n’avais pu m’empêcher de lui faire remarquer cette différence, lui disant qu’il y avait du fric au Cran, et que les Américains étaient drôlement généreux avec les communautaristes, en France. Il avait éclaté de rire, nous nous étions serré la main, sans animosité. Rien à voir avec un Sopo – qui avait poursuivi, lui aussi Zemmour au tribunal – rencontré sur un autre plateau de télévision. Il n’y avait chez lui que haine et hautain mépris dans le regard. A son arrivée, il avait fait un crochet de vingt mètres pour ne pas passer devant moi, avant d’aller au maquillage. Durant le débat, il n’avait que deux mots à la bouche, essayant de m’interrompre sans arrêt : « Racisme, extrême droite ». Contrairement à Lozès, qui a quelque chose d’humain en lui, même si cela est un adversaire politique, Sopo ne donne absolument pas envie de discuter, et encore moins de lui serrer la main. Cela rend encore plus incompréhensible la réaction de Lozès.

En effet,  je connais peu Eric Zemmour, mais les rares fois où je l’ai croisé, j’ai remarqué un homme ouvert à toutes les discussions, adorant la bonne vie et le rire, intellectuellement honnête, capable de reconnaître une erreur si tel est le cas. C’est pourquoi, si nous étions dans un pays normal, Lozès aurait pris le téléphone, aurait engueulé Zemmour, demandé un droit de réponse à Vendredi, qui l’aurait publié. Je suis certain que le chroniqueur aurait lui-même reconnu que le président du Cran n’avait pas tout-à-fait dit cela, et l’incident aurait été clos. Je suis même convaincu que le journaliste aurait eu le panache de payer un restaurant au président du Cran, par savoir-vivre. Si j’avais dû, moi et quelques contributeurs de RL, poursuivre devant les tribunaux tous ceux qui ont écrit des saloperies sur Riposte Laïque, ou sur ses rédacteurs, d’un niveau bien plus grave que les quelques lignes parues sur Vendredi, je pense que j’en serais, sans exagération aucune, à près d’une cinquantaine de procès en cinq années d’existence. Mais, et cela ne doit pas déplaire à Lozès, la France, sur ce terrain là également, s’est rapprochée du modèle américain. Le débat démocratique et politique a été judiciarisé, pour le plus grand profit d’associations qui vivent très bien sur la bête, quitte à encombrer des tribunaux déjà surchargés.

Reste le fond de cette affaire. Comment nier que la victoire d’Obama, en 2008, a eu comme conséquences, de la part des bobos parisiens, de racialiser cette élection, et surtout de sommer la France d’imiter les Etats-Unis, et d’avoir un nombre important d’élus issus de ce qu’on appelle la diversité ? Comment ne pas se souvenir que notre pays était ringardisé parce que son président était blanc ?

http://ripostelaique.com/Ne-laissons-pas-les.html

http://ripostelaique.com/La-France-a-t-elle-besoin-d-un.html

Concernant le Cran, ce n’est un secret pour personne que cette association, créée sur des bases raciales, intéresse fortement une administration américaine qui sait se montrer généreuse avec quiconque promeut, sur le sol français, un communautarisme diviseur totalement contraire à la tradition française et sa République une et indivisible.

http://libertesinternets.wordpress.com/2011/01/13/enquete-les-manipulations-des-etats-unis-dans-les-banlieues-francaises/

Ce n’est un secret pour personne que le Cran bénéficie, lui aussi, de largesses venues d’outre-Atlantique.

http://www.marianne2.fr/Le-lobbying-du-CRAN-au-service-des-Noirs-ou-du-CRAN_a201398.html?preaction=nl&id=5919083&idnl=26191&

Il suffit d’autre part de lire les textes du Cran, et notamment la mise en avant de la discrimination positive, sur une base raciale, pour comprendre qu’idéologiquement, Lozès est bien plus proche d’Obama (qui a voulu donner des leçons aux Français sur la loi sur le voile à l’école) et du modèle américain que du modèle français, basé, pour le moment encore, sur une République laïque une et indivisible. Ai-je encore le droit d’écrire cela sans me retrouver à la 17e chambre correctionnelle de Paris ?

Pierre Cassen

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