Je me permets de mettre un point d’interrogation à cette phrase, originalement affirmative, de Martin Nadaud, maçon avant de devenir député puis préfet de la Creuse.
Le sujet de la construction a longtemps posé problème. En l’occurrence, le débat sur la question est limité entre ceux qui ne veulent pas qu’on construise davantage pour de multiples raisons, économique, écologique, esthétique, migratoire et ceux qui veulent construire toujours plus pour les mêmes raisons mais avec les arguments sensiblement opposés.
En attendant que les points de discordance soient résolus entre les différents protagonistes, les ronds-points se multiplient, les barres HLM également, les villes nouvelles, style Lego, se développent et l’ambiance des villes devient irrespirable.
La dernière crise sanitaire et le confinement forcé par le gouvernement, où l’on devait se signer soi-même son autorisation de sortir pour une heure, auront eu au moins un mérite. À savoir que toute la population a sagement obéi et que chacun a pu trouver un endroit où se loger.
Dans ce contexte, on remarque que la construction de nouveaux bâtiments n’est plus un impératif pour loger la population. Pour autant, cela ne veut pas dire que tout le monde soit bien logé, bien au contraire et c’est sur point que je voudrais insister.
Combien de personnes se sont vues calfeutrées dans un studio ou une chambre de bonne à peine plus grand que 10 m², au mieux 60 m², pour les plus chanceux ? Ces cages à lapin que les promoteurs immobiliers, les architectes et les politiques, qui « aiment » leurs concitoyens, réservent aux gens les moins fortunés ? Ces professions sont devenues des nids à corruption et à conflits d’intérêts au détriment de la qualité de l’architecture et de la qualité de l’urbanisme, derrière des critères environnementaux, sociaux, d’accessibilité ou je ne sais quels autres critères foireux. Ces gens se moquent ouvertement du monde, tout en s’assurant des revenus confortables.
Car le débat de l’immobilier n’est pas de savoir s’il faut construire ou ne pas construire, être pour ou contre. La question est de savoir comment on construit, selon quels critères, avec quelles méthodes et quels matériaux, quelle intégration à l’espace, quelles prises en compte des spécificités de chaque ancrage local, culturel et historique. On ne construit pas de la même manière dans une ville d’Alsace ou dans le Pays basque. Les traditions de construction ne sont pas les mêmes.
Les malhonnêtes, que j’ai mentionnés plus haut, ne savent pas faire cette distinction. Pour eux, la façon de construire est uniforme où que l’on se situe dans le temps et l’espace. Leur rêve ultime serait de construire une tour de 100 étages au milieu d’un champ. Je ne plaisante qu’à moitié, un projet semblable était et est sans doute toujours en gestation en vallée de Chevreuse. Tout cela pour que des imbéciles puissent regarder Paris depuis la campagne. Ne rigolez pas, ils poursuivent leurs délires avec l’argent du contribuable. Ces gens aiment faire joujou avec l’argent des autres, encore et toujours.
Nous aurions envie de dire à ces individus : « si vous voulez vous amusez, faites-le avec vos propres sous, pour vous-même ou au moins suite à la demande d’un client particulier ou une entreprise. Si vous n’avez aucun goût, c’est votre problème ».
Car, là encore, ce n’est pas nécessairement le principe d’un chantier public qui est remis en cause. En effet, l’un des premiers chantiers de cette sorte, qui impliqua l’ensemble des artisans de la cité d’Athènes, fut la construction du Parthénon, décidé par Périclès en -447 avant Jésus-Christ.
Vous en conviendrez avec moi, entre le Parthénon d’Athènes et la Bibliothèque François Mitterrand construite par le géant Bouygues pour un budget total de 30 milliards de francs, payés par le contribuable, il n’y a pas photo, ce n’est pas le même niveau de construction.
Pour preuve, cela fait plus de 30 ans qu’ils essaient de reconstruire le premier avec toutes les technologiques les plus modernes et sophistiquées, sans y être encore arrivés, quand il a fallu à peine plus de 10 ans aux artisans athéniens et aux architectes Phidias, Ictinos et Callicratès pour réaliser le chef-d’œuvre antique.
Étienne Darcourt Lézat
Il faut bien loger les nouveaux arrivants. Et les loger dans du beau, c’est de la confiture jetée aux cochons, quoique les cochons sont des animaux très propres.
Intéressant ! un petit détail toutefois, “toute la population a sagement obéi”, non, non, pas toute ! Il serait utile de donner des cours d’architecture, de paysage et d’urbanisme aux élèves pour développer chez eux l’apprentissage de la beauté, du complexe, de la diversité, leur donner gout à l’art tout simplement au lieu de les emmerder avec les cours d’éducation sexuelle !