Quand Napoléon rêvait d’envahir l’Angleterre

La plus grande charge de cavalerie de l'histoire :: Hussardises

Ce sont des  milliers d’ouvrages qui retracent régulièrement l’épopée napoléonienne et nous font revivre le fabuleux roman d’aventures de la Grande Armée, qui fit trembler les rois d’Europe jusqu’à Moscou.

Chasseurs, grenadiers, dragons, hussards, cuirassiers ou simples grognards, commandés par de prestigieux maréchaux, ont formé l’invincible instrument qui a accompagné Napoléon jusqu’en 1815, du Camp de Boulogne  à Waterloo, en écrivant les plus fabuleuses pages de l’Histoire de France.

Les hauts faits d’armes s’écrivent en lettre d’or sur les drapeaux de tous ces régiments de l’Empire.

Évidemment, les grincheux ne retiennent de cette glorieuse épopée que le boucher sanguinaire qui a saigné la France, oubliant que Napoléon dut faire face à sept coalitions ourdies par nos ennemis de toujours, les Anglais. À Waterloo, c’est une coalition de dix nations qui affrontait la France.

Mais les grincheux ne comprennent rien et n’intéressent qu’eux-mêmes.

D’ailleurs, l’Histoire ne s’écrit pas avec ces pisse-froid. Ils relisent l’histoire avec leurs lunettes du XXIe siècle, incapables de remonter le temps.

Que peut comprendre un grincheux à la plus grande charge de cavalerie de l’histoire, menée par l’illustre Murat à la tête de 80 escadrons, plus de 8 000 cavaliers, contre les troupes russo-prussiennes, au cours de la bataille d’Eylau en 1807 ?

Imaginez la terre qui gronde sous 32 000 sabots ! Imaginez l’effet sur l’adversaire attendant le choc frontal !

Courage impétueux, honneur et panache, sont la marque de ces héros, toujours prêts à mourir pour l’Empereur et pour la gloire.

Et qui, mieux que Georges Blond, a su nous dépeindre au quotidien ces soldats de l’Empire, à la fois héros et martyrs, pillards ou déserteurs, mais infatigables conquérants pleins de courage, formant l’armée la plus efficace au monde ?

La Grande Armée est née au camp de Boulogne, avec la volonté de Napoléon d’envahir l’Angleterre.

Cette armée d’invasion, c’est l’Armée d’Angleterre, qui deviendra plus tard la Grande Armée, quand elle marchera sur l’Europe, pour se couvrir de gloire à Austerlitz.

Nous sommes en 1805. Voilà des mois que Napoléon a préparé son plan d’invasion de l’Angleterre. Cap sur Deal, à 13 km de Douvres.

140 000 hommes sont stationnés à Boulogne. 80 000 embarqueront le même jour, avec 16 000 chevaux.

Les maréchaux Lannes, Davout, Murat, Soult et Ney sont de la fête.

Et si Napoléon reste persuadé d’écraser l’armée anglaise, simple formalité, il semblerait qu’il ait sous-estimé le risque naval, avec un plan plus qu’audacieux.

Les escadres françaises de Toulon, de Rochefort et de Brest doivent accaparer suffisamment les forces navales anglaises au large, afin de permettre à la flottille de bateaux transportant l’Armée d’Angleterre, de traverser la Manche de nuit sans dommage. Huit heures de mer.

On ne saura jamais comment aurait tourné l’aventure, car avec un rusé renard comme l’amiral Horatio Nelson, la Manche aurait pu se transformer en cercueil pour toute l’Armée d’Angleterre, piégée sur des bateaux sans défense.

En revanche, un anéantissement de l’armée anglaise aurait changé le cours de l’Histoire.

En attendant, au soir du 20 août 1805, Napoléon lance l’ordre d’invasion de la perfide Albion.

Il est temps d’en finir avec cette nation, qui “depuis 10 siècles, opprime la France”.

C’est la joie au sein des régiments. 100 000 hommes trépignent pour embarquer. Avec les 16 000 chevaux ! Napoléon n’a peur de rien.

“Cette fois, ça y est. Pas trop tôt. On s’est assez emmerdé ici. Vivement qu’on voie les habits rouges !”

“Et  ces putes d’Anglaises !”

À Montreuil, le maréchal Ney donne un bal, quand un messager transmet l’ordre de l’Empereur.

Aussitôt, les jeunes officiers plaquent leurs cavalières et sautent sur leur cheval pour regagner Boulogne. Pas question de manquer la gloire !

Hélas, le contrordre arrive. L’amiral Villeneuve a fait faux bond. Et plus question d’attendre.

La guerre se déplace à l’Est. Le 26 août, maréchaux et généraux lisent à leurs troupes l’ordre du jour devenu fameux :

“Braves soldats du camp de Boulogne ! Vous n’irez point en Angleterre. L’or des Anglais a séduit l’empereur d’Autriche, qui vient de déclarer la guerre à la France. Son armée a rompu la ligne qu’elle devait garder, la Bavière est envahie. Soldats, de nouveaux lauriers vous attendent au-delà du Rhin. Courons vaincre ces ennemis que nous avons déjà vaincus !”

Ce sont 200 000 hommes qui se mettent en marche, prenant le nom de Grande Armée, dont les exploits et les souffrances couvriront les pages de 80 000 ouvrages à travers le monde.

Et le 2 décembre 1805, cette Grande Armée entre à jamais dans la légende, avec l’éclatante victoire Austerlitz.

Une victoire que nos poules mouillées au pouvoir n’osent plus célébrer, pour ne pas froisser les minorités ! C’est dire le naufrage moral de ce pays !

Russes et Autrichiens sont laminés. De cette bataille mémorable, étudiée dans bien des académies militaires du monde, retenons deux discours de Napoléon.

L’un très célèbre, à la gloire des grognards. L’autre moins connu, réprimandant un régiment qui a perdu son aigle.

“Soldats ! Je suis content de vous”…”Mon peuple vous reverra avec joie et il vous suffira de dire : “J’étais à la bataille d’Austerlitz”, pour qu’on vous réponde : “Voilà un brave”.

 Mais face au régiment qui s’était laissé déposséder de son aigle par la Garde russe, Napoléon pouvait être intraitable.

“Où est votre aigle ? Vous êtes le seul régiment de l’armée française à qui je peux faire cette question ! J’aimerais mieux avoir perdu mon bras gauche que d’avoir perdu une aigle ! Elle va être portée en triomphe à Pétersbourg et, dans cent ans, les Russes la montreront avec orgueil.”

“Que ferez-vous pour réparer cette honte ?”

“Il faut qu’à la première occasion votre régiment m’apporte au moins quatre drapeaux ennemis, et alors je verrai si je dois lui rendre son aigle.”

Nul doute que ce régiment ait fait merveille sur les champs de bataille pour laver l’affront et récupérer son aigle.

De 1805 à 1815 la Grande Armée laissera 1 million de morts sur les champs de bataille.

Morts pour rien diront certains. Non, morts en écrivant de belles pages d’histoire, à une époque où la guerre était la norme en Europe.

Une époque où les mots patrie, courage et honneur avaient encore un sens.

Jacques Guillemain

 

image_pdfimage_print

24 Commentaires

  1. Merci pour cet article très instructif !

    Mais quand vous parlez d’un million de morts, vous êtes sûr du chiffre ? Il me paraît bien élevé par rapport à tout ce que j’ai pu lire jusqu’à aujourd’hui.

    Quels sont les historiens ou les documents qui avancent un tel chiffre ?

    Merci d’avance.

  2. voir jeu d echecs napoleon et automate de kempelen un bon joueur napoleon le jeux d echecs etant un jeu de strategie militaire les aliens aiment les blancs aux yeux violets mais a plusieurs jeux simultanes ou echecs sur tesseract ou cylindre orbe ect comme le jeu de go

  3. en fait les commandants militaires de la coalition etaient peu experimentes et inefficaces seuls les cosaques ont massacres les francais ce qu ils ont fait pendant la campagne de russie et napoleon sacrifiait volontiers ses troupes un bon joueur d echecs face a des nuls la russie etant venue a bout de l invasion mongole trois russes tues un mongol plus epidemie chez les mongols donc ont fait demi tour

  4. en fait les francais de napoleon allaient attaquer l angleterre conquise par les franco normands francais stupides ces humains et aucune chance de conquerir l angleterre comme la russie un cretin votre napoleon

  5. Celui qui monte un cheval gris , on voit pas trop ce qu’il a comme arme ?

  6. C’est sur la question de Napoléon que la frontière se dessine entre républicanistes et nationalistes.

    Tous les républicains sont bonapartistes s’ils sont sincères, car nul ne peut prétendre dans le contexte qu’il aurait préféré défendre la molle Convention, en proie aux convoitises monarchistes, contre le sauveur des acquis de la Révolution de 1799. Le Consulat était un régime un peu autoritaire certes, mais malheureusement, un régime résultant des nécessités de la Guerre, et dans lequel la démocratie était encore garantie par les plébiscites.

    Passe encore le passage au consulat à vie. Personne n’aurait douté que Napoleon eut été réélu jusqu’à la retraite, s’il s’était présenté indéfiniment aux élections.

  7. Mais le peuple, trop enthousiasmé par le personnage, commit l’erreur fatale d’approuver l’Empire, se liant alors les mains auprès de son représentant absolu désormais. Plus de plébiscite comme garde-fou contre les tentations monarchistes de l’Empereur, prétendument républicain, pour son propre compte. Mais pire que tout, ce ne fut pas un empire personnel, mais un empire héréditaire comme précisé à l’article 3 du sénatus-consulte. Or, l’essence de la monarchie est la transmission du pouvoir aux descendants, sans jugement du mérite personnel. Comment le peuple, les républicains pussent-ils accepter ça à l’époque ?! Quelle que soit la gloire d’un président, accorder le pouvoir à sa dynastie pour l’éternité est ontologiquement contraire au républicanisme.
    Le tableau sera bien complété par sa m

  8. Petit bémol, toutefois, l’acte additionnel aux constitutions de l’Empire représentait un progrès démocratique en 1815. Mais comment faire confiance au responsable de dix ans de dérives impérialistes? Le dernier espoir des républicains résidait alors en Fouché, qui aurait pu restaurer la République. Las, cet imbécile jugea la monarchie plus apte à restaurer la souveraineté française. Il en fut bien mal récompensé puisque les émigrés, lui reprochant le vote de la mort de Louis XVI, le firent condamner pour régicide. Il finira tristement sa vie à Trieste, brulant les papiers compromettants de l’Empire. Ce regrettable autodafé résume bien le sentiment des républicains envers la tromperie de 1799, de ce roturier ambitieux qui, à une présidence réussie, préféra la gloire des rois, en vain.

  9. Mais le peuple, trop enthousiasmé par le personnage, commit l’erreur fatale d’approuver l’Empire, se liant alors les mains auprès de son représentant absolu désormais. Plus de plébiscite comme garde-fou contre les tentations monarchistes de l’Empereur, prétendument républicain, pour son propre compte. Mais pire que tout, ce ne fut pas un empire personnel, mais un empire héréditaire comme précisé à l’article 3 du sénatus-consulte. Or, l’essence de la monarchie est la transmission du pouvoir aux descendants, sans jugement du mérite personnel. Comment le peuple, les républicains pussent-ils accepter ça même à l’époque ?!
    Quelle que soit la gloire d’un président, accorder le pouvoir à sa dynastie pour l’éternité est ontologiquement contraire au républicanisme.

  10. Le sens des mots “patrie, courage et honneur” est désormais assimilé aux “heures les plus sombres” à l’image des courageux identitaires qui ont commis le crime de symboliquement faire respecter nos Frontières Nationales !
    Et quant à Napoléon, on commencera à s’inquiéter quand il sera déboulonné des livres d’histoire, ce qui est peut-être déjà le cas !

  11. C’est sur la question de Napoléon que la frontière se dessine entre républicanistes et nationalistes (pardonnez ce néologisme. C’est pour faire moins LR).

    Tous les républicains sont bonapartistes s’ils sont sincères, car nul ne peut prétendre dans le contexte révolutionnaire qu’il aurait préféré défendre la molle Convention, en proie aux convoitises monarchistes, contre le sauveur des acquis de la Révolution de 1799. Le Consulat était un régime un peu autoritaire certes, mais malheureusement, un régime résultant des nécessités de la Guerre, et dans lequel la démocratie était encore garantie par les plébiscites.

    Passe encore le passage au consulat à vie. Personne ne doutait que Napoléon eût été réélu jusqu’à la retraite, s’il s’était présenté indéfiniment aux élections.

  12. Il aurait pu passer quand même, sans nos vaisseaux. Mais cela aurait coûté au bas mot 10 000 morts… Il a hésité et fait confiance à ses amiraux qui jugeaient le passage impossible !

  13. Je ne sais pas si c’est vrai la séquence du film “Austerlitz” d’Abel Gance où l’on voit Fulton qui propose à Napoléon d’équiper ses barges de moteurs à vapeur pour pouvoir traverser la Manche par un jour sans vent et surprendre ainsi la flotte anglaise à l’arrêt. Napoléon refuse car il trouve que ça coûte cher et que ce n’est pas au point.

    En tout cas une chose est sure, si Napoléon avait débarqué en Angleterre il n’y aurait trouvé qu’une faible résistance car l’essentiel de l’armée anglaise était dans les colonies et sur les bateaux et très peu sur l’ile en elle même. Et s’il avait été fin stratège il aurait ravivé la “Auld alliance” avec les Ecossais pour prendre l’ennemi en tenaille.

  14. C’est vrai qu’on aurait pu leur mettre une raclée mémorable à ces fichus anglais. Dommage. Ils continuent encore à nous enquiquiner et à nous narguer. La seule occasion de l’histoire a été réduite à néant.

  15. dommage qu’a cause d’un amiral pleutre nous n’ayons pas pu traverser le chanel et mettre enfin aux anglais la raclée qu’ils méritaient grandement.
    Vive l’Empereur!

    • En fait , ça aurait été un Frexit vers l’Angleterre et pas de Brexit du tout .

  16. Remarquable récit ! Pour mettre en perspective l’épopée de la Grande Armée, rappelons que la France ne comptait à l’époque que 29 millions d’habitants.

    • Et l Angleterre 8 millions . La France était à l époque la Chine de l Europe.

  17. Dommage que Napoléon n’ait pas eu un Colbert qui donna à la France de 1670 à 1680 la marine la plus forte d’Europe. Dommage aussi que nos meilleurs amiraux durent s’exiler ou furent exécutés durant la Révolution, ce qui nous valut le désastre de Trafalgar. Que pouvait faire Napoléon privé de ces moyens, face à l’Angleterre dont le blocus continental lui permit de renforcer encore davantage sa marine ?

  18. Purée, quel article-passion !!! 😎👍👍👍
    On se serait presque cru sur CNEWS avec Marc Menant, mdr !
    Un petit peu trop “européiste” quand même à mon goût Napoléon.

Les commentaires sont fermés.