Que font les petits garçons ? : Interdit aux parents par Belkacem, Peillon, Chatel…
C’est la révolution à Nantes. Des parents, un peu plus soucieux que la moyenne de ce qui est proposé à leurs enfants à l’école (ou bien, tout simplement, des parents qui ont compris que des Mao en puissance, depuis des lustres, avaient entrepris de décerveler nos jeunes têtes blondes pour en faire de la chair à consommer idiot), ont révélé le pot aux roses.
Dans les conseils de lecture proposés à l’école primaire figure la description d’un livre, Que font les petits garçons, assortie de cette mention qui met le feu aux poudres, à raison :
“Le dispositif proposé pour la lecture de cet album (la circonscription en possède six exemplaires qui peuvent être mis à la disposition des enseignants intéressés) s’organise en quatre séances, précédées d’une découverte libre à l’école. Il est impératif que la phase de découverte ait lieu en classe et que les albums ne soient pas empruntés pour être emmenés à la maison. Les réactions très négatives de certains adultes à l’égard du livre pourraient compromettre son exploitation”.
(document complet trouvé sur le site de l’Académie de Rouen, celle de Nantes l’ayant fait disparaître dès les premières protestations, vous pouvez le télécharger ici garconsacademiederouen ).
Avant de s’intéresser au contenu, il est évident que cette mention “interdit aux parents“ est inacceptable parce qu’elle appartient à un type de société qui n’est pas le nôtre -ou du moins une société dont nous ne voulons pas-, une société totalitaire. Elle rappelle de façon hallucinante la société spartiate antique qui enlevait les enfants à leurs familles à partir de 7 ans pour les élever “en commun” dans des structures étatiques où on leur apprenait à devenir des guerriers forts, endurcis à la souffrance et capables d’auto-suffisance, fût-ce au prix de vols. Ces enfants étaient très peu nourris afin de les obliger à voler et étaient punis non pas ceux qui volaient mais ceux qui se faisaient prendre. C’est ainsi que Plutarque raconte l’histoire d’un jeune enfant qui s’est laissé dévorer le ventre en silence par le renard qu’il avait caché sous sa tunique et en est mort…
La société spartiate, totalitaire, méprisait culture, lecture, poésie… puisque son but était de former des guerriers (et les filles destinées à mettre au monde de futurs guerriers recevaient la même éducation) et accroître ainsi la suprématie lacédémonienne. Le citoyen n’était rien, seulement un outil au service non pas de tous (comme dans le système républicain qui fait passer le bien commun avant les intérêts individuels tout en veillant sur l’individu) mais d’une idéologie, d’un système.
Quand un pays décide de manipuler les enfants, de les utiliser, de les instruire (ou éduquer…) en cachette des parents — c’est que ce pays est aux mains de dictateurs sans respect pour l’être humain, sans respect pour l’homme, pour le citoyen. On peut enseigner un programme contre l’avis des parents au nom de l’intérêt général et de l’égalité, c’est par exemple le cas de l’histoire de la Shoah, dont nombre d’élèves musulmans et leurs parents ne veulent pas entendre parler. On peut enseigner un programme contre l’avis des parents, au nom de contrats signés entre Bruxelles et les pays exportateurs de pétrole, c’est par exemple le cas de l’islam qui figure dans les programmes scolaires au grand dam de nombre de patriotes… Cela ne se fait pas en catimini, on peut protester, on peut en parler, en débattre… Par contre quand c’est en secret, c’est d’essence totalitaire parce qu’une minorité de gens (politiques, enseignants, syndicats… ) veulent réformer en profondeur la société par l’intermédiaire des enfants, sans que cela soit le résultat de votes et donc l’expression de la souveraineté populaire. C’est ce que dit clairement la secrétaire de l’ICEM (écoles Freinet qui ont, hélas, encore le vent en poupe et trop d’enseignants, dans le public, appliquent la pédagogie Freinet que les parents n’ont pas choisie) dans le Monde du 15 septembre dernier : “Historiquement de gauche, la méthode entend changer l’école, et par ricochet, la société. « Il s’agit d’un engagement militant et politique dans le sens noble du terme, revendique Catherine Chabrun, secrétaire générale de l’ICEM. On n’imagine pas la même société. Et on ne veut pas séparer les enfants les uns des autres comme le fait l’enseignement privé. »”
Alors, quelle société les dictateurs qui ont mis Que font les petits garçons dans la liste des oeuvres recommandées veulent-ils ? On notera au passage que tout cela date de 2006 et que ni Sarkozy ni Hollande ni leurs ministres de l’Education nationale n’y ont trouvé à redire, au contraire…
L’auteur du délit, allemand, Nicolaus Heidelbach est très à la mode, puisqu’il a un regard sur l’enfance “original”. Voir ici une page de présentation au titre explicite : Nikolaus Heidelbach, l’illustrateur de l’enfance, malgré les adultes. On relèvera quelques passages explicites : “Il faut bien sûr du courage, quand on est un éditeur récent au catalogue encore restreint pour s’attaquer à l’œuvre d’un créateur à ce point ignoré par le grand public et au destin éditorial français sinistré (la plupart des albums de Nikolaus Heidelbach ont sombré (NDLR Si seulement !) avec les éditions du Sourire qui mord puis les éditions du Panama. En reste tout de même de disponibles (NDLR Hélas !) au Seuil Jeunesse)”. “Si l’on est d’abord troublé par l’alternance d’images appartenant à l’un ou l’autre de ces chapitres, force est de reconnaître que le bonheur de retrouver cette création préside. D’autant que les deux sources forment malgré tout une réelle homogénéité, dans les portraits singuliers d’enfants qu’elles présentent.” On appréciera à sa juste valeur ce dessin et surtout la légende qui y figure :
Il faut ne rien savoir des enfants et de leurs peurs primaires pour écrire une légende pareille. On crée d’abord et ce n’est pas un hasard, un parallélisme entre l’enfant et le chimpanzé, brouillant les codes et les genres, et, surtout on laisse imaginer qu’une maman peut manger… les poux ? son enfant ? Instituant ainsi une défiance de la mère au moment où l’enfant a le plus besoin d’être rassuré. L’auteur et ceux qui le mettent en avant fait ainsi passer directement l’enfant de l’enfance à l’adolescence, en le privant des rêves de la première. C’est grave et impardonnable.
Le livre Que font les petits garçons est très difficile à trouver, et seuls quelques futés ont pu le trouver en bibliothèque comme l’auteur de cet article du Salon Beige qui a photographié une dizaine d’images. Cela n’est pas suffisant pour faire une analyse indiscutable ni pour porter un jugement global sur le livre mais on essaiera de comprendre les arrière-pensées de l’auteur de la BD et des dictateurs de l’Education nationale pour quelques-uns de ces seuls dessins.
Les Vanités, c’était à la mode au XVIIème siècle, et c’était destiné aux adultes…
Quel esprit malade a pu en faire un jeu pour enfant ? On est bien loin de l’épisode raconté par Colette dans La maison de Claudine, dans Epitaphes, son frère réalisant des couronnes, et épitaphes louangeuses des morts du village dans son grenier qu’il collait sur des mausolées ou stèles en cartons. D’un côté un Heidelbach faisant de la mort quelque chose de banal, ce qui est contraire à toute notre éducation et de l’autre des enfants utilisant la mort pour développer l’humain, l’admiration, la compassion… C’est parce que la mort est douleur et souffrances qu’on ne peut pas la banaliser aux yeux des enfants, sauf à en faire des monstres insensibles, sauf à en faire… des djihadistes !
Je préfère les contes de fées, dont Bettelheim a montré avec talent et pertinence comment ils aidaient les enfants à grandir, à vaincre leurs peurs et à atténuer leurs souffrances. Au moins il y a de la beauté, du rêve, des interprétations possibles et on fait des enfants heureux – mais pas honteux – au moins le temps de la lecture.
Que dire de ces actions de Quentin et d’Ulysse, habillés en fille ? Il semble que le concept du livre soit de montrer sur la page de gauche un enfant faisant des activités insolites (notre exemple ci-dessus) et le même habillé en fille sur la page de droite. Que faut-il comprendre ? Que lorsque Quentin a peur (c’est plus moderne et plus “dans le coup”, sans doute, de parler de trouille), il s’imagine en fille ? Qu’il faut une société machiste où les garçons perdent leur virilité s’ils ont peur ? Faut-il comprendre qu’un petit garçon doit rêver d’être une fille pour pouvoir exprimer sa peur ? Faut-il comprendre qu’on encourage les garçons à avoir envie de changer de sexe ?
Je préfère les contes de fées, dont Bettelheim a montré avec talent et pertinence comment ils aidaient les enfants à grandir, à vaincre leurs peurs et à atténuer leurs souffrances. Au moins il y a de la beauté, du rêve, des interprétations possibles et on fait des enfants heureux – mais pas honteux – au moins le temps de la lecture.
Il paraît évident ici qu’un adulte obsédé par le sexe tente de faire passer ses fantasmes aux enfants. Et ils sont nombreux ces fantasmes : bas à résille sous les chaussettes, sexe à l’air, transsexualité, abandon lié au plaisir sexuel… L’image paraît claire, hélas. Que les enfants se posent des questions sur la sexualité, aient des questions… c’est une chose. Qu’on leur donne des fantasmes clé en mains qui ne sont pas les leurs, c’est leur enlever le choix, le droit de rêver, de découvrir peu à peu ce qui leur permettra la sexualité la plus épanouie, c’est, de fait, en faire des êtres désaxés, perdus, sans repères, très vite.
Je préfère les contes de fées, dont Bettelheim a montré avec talent et pertinence comment ils aidaient les enfants à grandir, à vaincre leurs peurs et à atténuer leurs souffrances. Au moins il y a de la beauté, du rêve, des interprétations possibles et on fait des enfants heureux – mais pas honteux – au moins le temps de la lecture.
Il est clair que cet Heidelbach, comme ceux qui ont conseillé le livre, comme ceux qui l’ont étudié en classe avec leurs élèves sont des doubles de l’affreux Cohn-Bendit, celui qui se vante d’avoir laissé des petites filles le déshabiller… Ce sont des êtres malsains et pervers qui rêvent d’une société sans règles et sans repères, avec des enfants-proies, auxquels on refuse de droit de grandir peu à peu et de choisir vraiment leur sexualité et leurs fantasmes, les rendant ainsi prêts à devenir de bons consommateurs mus par leurs émotions et leur libido, constituant des individualistes fous incapables de penser en termes de bien commun et d’état-nation, stérilisés dès l’enfance, débarrassés de toute l’histoire de leur peuple, de leur race, habitués à mépriser et mettre en doute leurs parents bien avant l’adolescence. Bref des gens sans repères, sans racines… prêts à être remplacés par ceux venus d’ailleurs.
Christine Tasin