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Qui, comme Marlène, n'a pas rêvé d'arracher un niqab ?

« On ne porte pas le nikab dans mon pays ! »
Une question de territoire.
Tel est le cri du cœur d’une dame de 63 ans, Marlène, qui a fait ce que tant d’entre nous se retiennent de faire. « On ne porte pas le nikab dans mon pays ! ».
Notre retraitée de l’enseignement a vigoureusement molesté une nikabée, en février 2010, dans un magasin de décoration. Elle passe au tribulal correctionnel cette semaine pour violences. Marlène en avait vu, des femmes nikabées, dans les pays arabes, où elle a longtemps travaillé. Rien à dire, elles sont chez elles. Mais ici, en France… “Ca a été un choc pour moi, car dans le 15e, ce n’est pas encore arrivé.” a t elle expliqué aux policiers plus tard.
Ceci dit, elle y est allée un peu fort, notre Marlène. Voici les faits. Elle croise donc notre fantôme une première fois. Elle ne sait pas que c’est un spécimen originaire des émirats arabes. Elle obtient une première victoire. “Je lui ai dit de baisser le voile qu’elle avait sur le visage, tout en le saisissant et en le tirant vers le bas”, raconte-t-elle au commissariat. “Pour moi, explique-t-elle, le port du voile intégral est une agression, je me suis sentie agressée en tant que femme.” L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais quelques minutes plus tard, Marlène croise une nouvelle fois Fantomas. . Entre-temps, celle-ci a remis son voile. La retraitée ne se contrôle plus : “Cette histoire de niqab, on en parle tellement que j’ai du mal à le supporter (…). Je me suis dirigée vers elle et je lui ai arraché le niqab. Nous en sommes arrivées aux mains. J’étais énervée.”
Marlène gifle alors la jeune femme, la griffe et va jusqu’à lui mordre la main. “Maintenant, je peux voir ton visage”, aurait-elle déclaré selon la déposition de la victime. Il faudra l’intervention des vigiles pour séparer les deux femmes.

Qui n’a rêvé d’en faire autant ? Et on se demande comment ça n’arrive pas plus souvent, ce passage à l’acte de personnes excédées par le spectacle arrogant des fantômes de la charia. On en a oublié le simple bon sens, à force de contorsions bien pensantes : ce satané déguisement est une offense faite à « notre pays », c’est à dire à nos valeurs et non le contraire. Par quel retournement délirant de ces valeurs, a t on pu en arriver à condamner ceux et celles qui les défendent ?
Le relatif déchaînement de Marlène s’explique par la longue patience, la longue retenue que nous nous imposons toutes face à cette agression intolérable que représente la vue de ce stigmate d’apartheid. Cette affaire pose clairement un problème pratique qu’on ne peut éluder : que faire face à une nikabée ? Même si elle est légitime, l’agression frontale et brutale, n’est pas souhaitable. Elle se retourne contre nous, surtout dans un lieu public, comme ce magasin.
Plusieurs parades s’offrent. Il faut dans un premier temps apprécier la situation pour ne pas prendre de risques inutiles. Puis, on jouera du regard. Ne pas détourner les yeux, mais au contraire affronter ce qui reste visible chez Fantomas, ses yeux. La gratifier d’un regard insistant et culpabilisateur. Puis émettre des commentaires en aparté, si elle est escortée d’un garde du corps. Si elle est seule, lui rappeler que dans notre pays, la burqua va être interdite. Au besoin, lui demander si elle apprécierait que dans son pays d’origine, on se balade les seins nus. Si elle répond qu’elle est française, lui rappeler qu’en France justement, son accoutrement va contre les us et la loi. Si on est accompagnée, entamer avec son partenaire une discussion sur ce que représente le nikab.
Je ne crois pas beaucoup à la pédagogie classique qu’on nous préconise en attendant l’application de la loi. La plupart du temps, les remarques faites aux fantomas déchaînent plutôt leur hargne, car ce sont des émissaires du salafislme. Quant à celles qui le porteraient par contrainte, il ne sert à rien de les catéchiser, à moins de leur offrir une sortie de secours. Il y a un moment où les tergiversations ne servent plus à rien, elles sont encore un avatar de la difficulté de nos élu/es à appliquer une légitime sanction, sans états d’âme.
Alors , face à une nikabée, la fermeté s’impose. Nous n’avons pas à « écraser » et à faire comme si…C’est une question élémentaire de « territoire », tous les animaux respectent le territoire de l’autre, marqué. On a dangereusement fait fi de cette notion de territoire. La France est le territoire commun à tous ceux qui reconnaissent sa spécificité de république laïque et démocratique. Pas à ceux qui la bafoue. Ce territoire, marqué par des siècles de civilisation, délimité par des interdits, il nous appartient de le faire respecter, sans concessions.
Anne Zelensky