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Ne devrait-on pas parler d’espèce humaine, plutôt que de race ?

Le 29 novembre dernier, s’est ouvert au Musée du Quai Branly à Paris (futur musée Chirac ?) une exposition temporaire intitulée : « Exhibitions » et sur-titrée « l’invention du sauvage »

Cette exposition rassemble environ 300 objets et documents récoltés depuis plus d’un siècle de notre histoire. Un très volumineux catalogue de plus de 300 pages est édité avec de plus belles illustrations.

Outre un conseil scientifique étoffé, le commissaire général de cette exposition est l’ancien footballeur et champion du monde Lilian Thuram, Français né à la Guadeloupe. Il a plaidé, faisant abstraction de ses positions politiques, pour un apaisement des tensions qui traversent actuellement la société. Il faut en effet replacer dans l’histoire de ces derniers siècles les comportements discriminatoires vis-à-vis de certains éléments de la société, soulignant en quelque sorte que la prime jeunesse ne se souciait pas de ces questions d’apparentes « différences ».

L’exposition oscille donc entre exotique et monstrueux, science et voyeurisme, exhibition et spectacle, d’après la notice de présentation.

De l’Exposition Coloniale de 1931, largement évoquée et à laquelle à l’âge de cinq ans, j’ai pu assister avec mes parents, je n’ai retenu personnellement que les impressionnantes « rampes » ou « balustrades » en forme de gros serpents conduisant à la reconstitution du temple d’Angkor au Cambodge. Rappel aussi, dans l’exposition, de Joséphine Baker dansant demi-nue avec une ceinture de bananes. Des petits extraits de films montrent ces « événements » parmi beaucoup d’autres.

L’exposition pose la question de l’altérité et du regard porté par nos aïeux sur des personnages humains, s’écartant en quelque sorte d’une sorte de « normalité » (?) habituellement admise par l’ensemble de la population. Mais nos souverains depuis le moyen-âge ne s’entouraient-ils pas de bouffons, incarnés très souvent de nains achondroplases ?

Évocation aussi de véritables « zoos humains » promenés en Europe, en Amérique et au Japon : plusieurs groupes ethniques arrachés à leur environnement habituel et exhibés comme des animaux de cirques. Évocation obligée de la fameuse « Vénus hottentote » dont la dépouille conservée à Paris a été récemment remise à sa patrie d’origine par les autorités françaises.

La question des prétendues « races humaines » est aussi objectivement abordée, pour être facilement résolue, puisqu’il n’existe qu’une seule « race humaine », et Lilian Thuram lui-même adhère sans réserve : différentes ethnies et des populations ayant des taux divers de mélanine sous leur épiderme illustrent ce sujet délicat.

Mais ne devrait-on pas plutôt parler d’ « espèce humaine , car le mot « race » s’avère parfois dangereux par lui-même. En tant que médecin, donc informé en biologie, je peux, bien sûr, confirmer ce truisme d’unité, d’autant plus que j’ai été amené dans ma carrière hospitalière à soigner des « patients » de multiples ethnies et de diverses et variées pigmentations de peaux !

A ce propos, je souhaiterais énoncer mon opinion en quelque phrases à propos du mot « raciste » qui est utilisé plutôt à tort et à travers, suivant les circonstances et les personnes qui l’emploient, bien souvent sans la moindre raison objective.

N’observe-t-on pas en effet des journalistes et même des « politiques », futurs candidats à des élections, qualifier de cet adjectif des concurrents ou des adversaires qui ne partagent pas leurs opinions ou convictions?

Certes ce mot, mal choisi, est surtout utilisé par des personne plutôt « extrémistes », mais, tout récemment, une candidate à la magistrature suprême ne l’a-t-elle pas énoncé vis-à-vis d’un journaliste satirique qui l’avait brocardée sur son regrettable accent ?!

Remarquons aussi que ce qualificatif de « raciste » est bien souvent amalgamé et employé, à tort, bien sûr, avec des mots comme xénophobe, islamophobe, christianophobe ou fachos, voire même nazis ou autres épithètes déviés de leur sens et utilisés à des fins polémiques ou partisanes.

Ne faudrait-il pas, à mon avis, revenir à un usage, disons plus raisonnable, de ce mot à connotation plutôt réactive… ou même dangereuse, comme je viens de l’évoquer. Ne faudrait-il pas conclure, comme nos Anciens : « in medio stat virtus »… (au milieu est la vertu), donc le « Bien ».

 Dr Daniel Abeloos