Raymond Devos ne nous a pas quittés !


Je voudrais aujourd’hui vous conter l’incroyable histoire d’un artiste cocaïnomane et psychopathe. Figurez-vous qu’il a voulu donner une représentation dans un théâtre, mais dans des conditions très particulières que personne n’avait envisagées avant lui, et pour cause.

Sa spécialité est la manipulation, la dissimulation, l’illusion et l’enfumage accompagnés de propos abscons, avec une telle maîtrise qu’il a, autour de lui, une cour complètement acquise à son art et prête à tout pour le protéger et le financer.
Il est une sorte de prestidigitateur d’un genre nouveau ; il a réussi à subjuguer une foule de gens.
Ne supportant aucune critique, aucune réserve concernant ses capacités artistiques, son talent, qu’il croit immense, il a décidé de donner une représentation dans une salle vide, oui… vide, louée au moyen d’argent public, pour une partie, et privé, pour une autre, provenant notamment de banques avec lesquelles il a gardé des liens tissés dans des emplois antérieurs.

De solides arguments étaient nécessaires pour donner vie à son projet mais ils ne lui manquèrent pas : “Ma création fera date et vous y aurez contribué. Je suis un artiste d’avant garde qui, dans mes pensées aussi complexes que mes desseins, ne peut envisager que du grandiose, de l’inédit, du jamais fait, du jamais vu, vous comprenez ? La foule est méprisable, le peuple est stupide, il ne connait rien aux œuvres contemporaines ! Je suis un roi et certains imbéciles pourraient crier : le roi est nu”. Chacun acquiesça.

Il fallait quand même oser, vous vous rendez compte, une salle vide ? Il a osé mais il faut dire, je vous le rappelle, qu’il est un peu – certains disent beaucoup – détraqué, cela se voit dans son regard.
Il a même envisagé, dans sa mythomanie irrémédiable, de voir arriver aux portes de ce théâtre des trublions, des perturbateurs armés de casseroles si, par jalousie, son projet artistique avait été l’objet de fuites organisées par des détracteurs ayant réussi à s’immiscer dans son entourage.

Angoissé par cette idée hantant ses nuits d’insomnies, il a fait appel à ses nombreuses relations politiques et carrément fait fermer toute circulation de piétons et de véhicules dans les quatre rues entourant ce théâtre ! Il fallait le faire et il l’a fait !
Mais le comble de la folie – vous n’allez pas me croire – c’est qu’à la fin de sa prestation artistique solitaire, composée de blagues qu’il était le seul à comprendre, de propos obscurs et de tours de magie longtemps répétés, il a longuement salué une salle autant désertée que silencieuse, balayant la scène de long en large un bras levé, saluant trois cent vingt fauteuils vides et cela, pendant dix minutes !

Nous sommes face, ici, au talent à l’état pur, la perfection à son sommet : le néant acclamant une vacuité flottant dans les limbes d’une quatrième dimension.
Avez-vous gobé mon histoire ? Non bien sûr ! Elle est impossible, ne tient pas debout, elle est totalement fictive car on ne rencontre de tels individus que dans des sketchs surréalistes, kafkaïens, dont Raymond Devos avait le secret, ou bien enfermés à double tour dans des hôpitaux psychiatriques !

Dehors, surtout avec des responsabilités, ils pourraient être dangereux.

Jim Jeffender

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3 Commentaires

  1. Raymond Devos mériterait qu’une place porte son nom à Paris pour son merveilleux sketch “Sens Interdit” ou le “plaisir de sens”.
    En effet, la France et son peuple sont, par la magie des génies qui ont soi-disant gouverné notre pays depuis 40 ans, bloqués dans une place giratoire où l’on est condamné à tourner sans fin sans pouvoir en sortir, comme de l’UE, de l’OTAN, de l’Euro, de la mondialisation, etc, comme dans le sketch de Devos, qui n’a pas pris une ride. A réécouter sans modération.
    https://www.youtube.com/watch?v=1oGrdeG57nk

  2. Savoureux !!!!! “toute ressemblance avec des personnes ……….”

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