Je n’ai pu lire, sans bondir, le dernier article de Pascal Hilout : « Riposte Laïque et les identitaires ». Autant Pascal m’est très sympathique, autant quelque chose dans son discours est insupportable.
Pour moi qui ai écrit plusieurs articles sur l’importance des prénoms, sur la nécessité, pour les parents, de donner à leurs enfants nés en France ou destinés à être français des prénoms français et, pour les adultes, d’en adopter un lorsqu’ils ont reçu un prénom étranger, je ne peux être que favorablement disposé envers Pascal né Mohamed, qui s’est appliqué à lui-même un des principes de base de l’assimilation, démontrant ainsi la profondeur de sa mentalité française et la cohérence entre ses actes et ses paroles. On ne peut en dire autant des contributeurs de RL qui, à mon grand étonnement, portent des prénoms arabes et qui, avant de donner des leçons aux autres, feraient bien de balayer devant leur porte.
Pascal ayant fait la démarche de changer de prénom, étant a priori parfaitement assimilé, faisant montre d’un patriotisme certain (je l’ai vu le 18 juin), je voyais en lui un Français à part entière. Beaucoup d’immigrés sont des Français de papier, mais on peut très bien, selon moi, être Français tout en étant « issu de l’immigration ». Inversement, beaucoup de Français « de souche », qui se disent citoyens du monde, n’ont de français que le nom et devraient être déchus de la nationalité.
Etre Français est un état d’esprit qui consiste à faire siens l’identité, les valeurs et les intérêts de la France. De ce point de vue, Pascal, en dépit de ses louables efforts, est encore un immigré puisqu’il ne raisonne toujours pas en Français. Je m’explique.
Comme je l’ai dit, être Français exige mais ne se réduit pas à adhérer aux valeurs de la France, à défendre des principes universels qui peuvent être défendus pareillement dans n’importe quel pays. Etre Français, c’est d’abord avoir une identité française et, partant, être sensible aux dangers qui la menacent. Or Pascal, et d’autres comme lui — je fais de Pascal un cas d’école —, réduit le combat de Riposte Laïque à une lutte contre l’islam et l’islamisation de la France, au nom de la laïcité, des femmes, de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité.
Cette position est en soi courageuse. Mais le bât blesse lorsqu’il déclare : « Si depuis trois ans, je suis entièrement engagé dans une riposte laïque, féministe, républicaine et humaniste, je suis aussi prêt à dire non à tout rapprochement avec un quelconque combat ethnique et étroitement identitaire. Mon identité s’enracine ici et maintenant, dans des valeurs et des principes universels qui sont le fondement d’une République où les ethnies et les communautés doivent s’effacer pour laisser place à un pacte où ma couleur de peau et mon origine ethnique ou culturelle n’ont plus aucune espèce d’importance. » En clair, Pascal ne veut pas lier le problème de l’islamisation de la France à l’immigration qu’il ne considère pas comme un problème. Ce discours n’est ni plus ni moins que celui politiquement correct des bobo-gauchos.
L’islamisation de la France ne progresse pas par l’opération du Saint Esprit. Elle progresse, parce que l’Islam a des troupes qui s’accroissent. Il n’y avait pas d’Islam en France avant l’arrivée, au XXe siècle, d’arabo-afro-musulmans. Il est resté discret pendant des décennies. Aujourd’hui, il défraye la chronique. Pourquoi ? Parce que sa base s’est considérablement élargie sous l’effet de l’immigration et de la reproduction des immigrés, parce que le nombre encourage son arrogance. C’est une vérité incontestable. Or cette explosion du nombre d’arabo-afro-musulmans n’est pas problématique sur le seul plan religieux. Elle est dramatique sur le plan éducatif, sécuritaire, culturel, financier, politique et, avant tout, sur le plan identitaire. La France est à l’origine une population blanche et chrétienne, qu’on le veuille ou non.
Que tous les Français ne soient pas blancs est une chose ; que les Blancs soient en voie de disparition en France est bel et bien une menace pour l’identité française. Bref, l’islamisation de la France n’est qu’un des problèmes liés à l’immigration arabo-afro-musulmane. La dénoncer isolément est ridicule, insuffisant, hypocrite et dangereux (impolitique).
Qu’il soit sincère ou calculé, le discours de Pascal constitue deux erreurs politiques de taille. D’un côté il conduit à adopter sur le sujet de l’immigration, du multiculturalisme, etc, les positions aberrantes des bobo-gauchos qui sont les ennemis de Riposte Laïque et n’ont cure de cette concession, de l’autre, il oblige à attaquer bêtement les anti-immigrationnistes de tout bord qui sont les alliés de Riposte Laïque dans la lutte contre l’islamisation de la France et qui ne peuvent que prendre ombrage d’un pareil coup de poignard. En clair, ce discours ne rapporte rien, n’émeut pas un gauchiste, et fait perdre gros en divisant les patriotes à l’heure où leur union est plus que jamais nécessaire. Si calcul il y a, c’est le plus mauvais calcul qui soit.
Je pense cependant que ce discours est sincère. La question est alors de savoir si Pascal parle comme un de ces innombrables Français victimes de la propagande gauchiste sur le soi-disant péril fasciste, ou si Mohamed reprend en lui le dessus chaque fois qu’il est question d’immigration. Je n’exclue aucune de ces hypothèses, bien qu’il me plaise à croire que la première est la bonne. Du reste, je ne suis pas ici pour attaquer Pascal, pour me livrer à des personnalités, mais seulement pour énoncer un principe auquel ses propos m’ont fait songer.
J’ai parlé plus haut de l’importance pour un immigré ou descendant d’immigré d’avoir un prénom français. Quand un immigré en prend un de lui-même sa démarche témoigne avec force de ses sentiments envers la France. Il passe ce qui est a priori l’étape ultime de l’assimilation ; il semble accéder au summum de la francité. De ce point de vue, il me paraît essentiel que les immigrés et descendants d’immigrés comprennent qu’ils ne seront jamais perçus comme des Français ou considérés comme des Français à part entière tant qu’ils conserveront les prénoms étrangers qu’ils ont reçus à la naissance. Cette tare leur fait perdre toute crédibilité, ce qui est fort dommage quand ils sont réellement Français dans leur tête. Que les personnes concernées oublient le discours bobo-gaucho sur le multiculturalisme et la beauté de la diversité : porter un prénom français est aussi indispensable, pour être considéré comme un Français, que parler français avec tout le monde et en tout lieu, s’habiller à l’occidentale et être discret en matière de religion. L’assimilation est un tout qui ne souffre aucun point faible.
Ceci étant dit, être Français n’est pas qu’une question d’apparence et de cœur ; c’est aussi une question de tête. Un Français défend les intérêts de la France, du Peuple Français, d’un point de vue français. Or c’est sous ce rapport que la francité de la plupart des « Français » « issus de l’immigration » se révèle fragile. Rares sont ceux en effet qui, dès qu’il est question d’immigration — laquelle est un véritable fléau pour la France, les Français et les immigrés eux-mêmes vu la façon dont elle est pratiquée depuis des décennies — ne préfèrent pas leurs congénères, d’ici ou d’ailleurs, à leurs compatriotes. On dira que cette préférence est naturelle. Ça n’en est pas moins une trahison envers la France et le Peuple Français. Si l’on admet que l’on peut-être Français quelle que soit ses origines, on doit admettre que, pour tout Français, seuls doivent compter les intérêts de la France appréhendés d’un point de vue français.
C’est en ne raisonnant pas comme des Français (« de souche ») sur le sujet de l’immigration que les Français « issus de l’immigration », malgré toutes leurs protestations, prouvent qu’ils n’en sont pas, qu’ils ne sont Français que sur le papier. Le jour où ces Français cesseront de confondre leur sort et leurs intérêts à ceux des immigrés, le jour où ils ne seront plus immigrés dans leur tête et prendront fermement position contre l’immigration, bref le jour où les Français — qui, en grande majorité, en ont plein le dos de l’immigration — pourront compter sur eux pour défendre énergiquement leur point de vue, quel que soit le sujet, ce jour-là, et ce jour-là seulement, ils seront Français à part entière et ne traîneront plus l’étiquette « issus de l’immigration ». En un mot, c’est de leur position sur la question de l’immigration que dépend leur crédibilité en tant que Français ; c’est sur ce sujet que les Français reconnaissent leurs allégeances et jugent leur âme.
A bon entendeur…
Philippe Landeux
P.-S. : Il existe aussi des traîtres à la France parmi les Français « de souche ». Mais ils sont dans une position bien plus avantageuse que les Français « issus de l’immigration ». Les premiers ont la francité dans le sang, sont naturellement considérés comme Français, quoique à tort, et ne risquent guère d’être déchus de la nationalité, si ce n’est par un gouvernement super-patriote ; les seconds ne peuvent être Français que par l’esprit et doivent prouver tous les jours qu’ils en sont autrement que sur le papier. Les premiers ont droit à l’erreur ; les seconds, non. Dura lex, sed lex.
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REPONSE DE PASCAL HILOUT
Cher Philippe,
Je te remercie de tout cœur d’avoir pris le temps d’analyser mes défauts. C’est cela qui fait avancer ma réflexion.
Ma réponse tient en quatre ou cinq i, intimement liés. Elle a déjà été publiée, le 11 janvier et le 5 juillet de cette année :
1 – Les lâchetés que la gauche doit dépasser… si elle veut gagner
2 – Islam, musulmans et identité nationale
Au tout début de l’année, j’avais même prévu cette illustration pour ton article.
Je te demanderais donc juste d’insérer cette réponse à la fin de ton texte.
Amitiés
Pascal