Référendum contre la privatisation de la Poste à Paris Laumière

Deux millions de personnes en France auraient participé au référendum organisé par des militants syndicaux sur la privatisation de la Poste. 90% des votants se seraient prononcés contre la privatisation. Une initiative citoyenne et républicaine sans précédent dans notre pays.
Dans le XIXème arrondissement de Paris, il y a eu 5 554 votants dont 70 votes favorables à la privatisation et 23 bulletins nuls. Compte tenu de la marge d’erreur résultant de la formulation de la question qui prêtait à confusion, on peut sans exagérer dire que la quasi-totalité des votants se sont prononcés contre la privatisation de la Poste.
Devant le bureau de Poste de l’avenue de Laumière, les électeurs se pressent sourire aux lèvres, heureux de pouvoir donner leur avis en faveur du maintien d’un service public qui leur est particulièrement cher. On leur donne la parole sans autre formalité tout en respectant les codes : émargement puis vote, un seul bulletin par personne. Quelle leçon pour les analystes qui élucubrent sur l’abstention électorale ! Les Français ont envie de s’exprimer et de s’engager pour des causes qui les touchent de près, surtout quand ils pensent que leur parole sera entendue et, en l’occurrence, ils ne se soucient pas de savoir qui tient les urnes et comment, ils ne pensent pas une seconde qu’il puisse y avoir tromperie sur les résultats du vote car ils sont quasi unanimes sur le maintien du service public de la Poste.
La sociologie des usagers de la Poste Laumière, proche du parc des Buttes-Chaumont, est très variée : bourgeois, commerçants, ouvriers, retraités, travailleurs immigrés et bobos et cette diversité se retrouve dans la file d’attente d’accès aux feuilles d’émargement et de l’urne.
Quelqu’un fait remarquer qu’il était moins désagréable de faire la queue pour voter en faveur du maintien du service public que d’attendre des heures pour effectuer des opérations élémentaires aux guichets qui, depuis peu, ont été réduist de cinq à trois pour laisser la place à un grand espace pro et un espace boutique et affranchissement. Non seulement il ne reste plus que trois guichets pour les opérations financières et autres mais la plupart du temps seulement un ou deux sont ouverts. Une grande partie de l’espace est occupé par des présentoirs remplis de gadgets, de T-shirts, de sacoches, de DVD et de CD, de stylos parfumés et de bijoux : un bazar digne de la société du consommer plus qui occupe les postiers au détriment de la spécificité de leur profession.

Un pan de mur expose tous les modèles d’enveloppes et d’emballages préaffranchis à des prix prohibitifs tandis que les simples stylos, papiers ou enveloppes qui pourraient être utiles aux usagers font cruellement défaut.
Le tableau émaillé qui, à l’entrée du bureau de poste indique les taux de fréquentation horaire sont devenus obsolètes car, désormais, quel que soit le jour ou l’heure, l’attente est devenue interminable pour accéder aux guichets. La bonne équipe des postiers fait face avec patience et courage au mécontentement de ceux qui ne sont plus considérés comme des usagers mais comme des clients à tondre comme dans n’importe quel commerce. Et cela, ceux qui se considèrent toujours comme des usagers n’en veulent pas.
Point n’a été besoin de faire de la retape pour attirer les votants. Ils se pressent ce samedi 3 octobre avec ardeur devant le bureau de vote, heureux de pouvoir s’exprimer librement sur un sujet qui fait partie de leur qualité de vie quotidienne. Le devoir citoyen trouve dans ce vote son sens le plus littéral.
« Je suis revenue exprès avant d’aller éplucher mes pommes de terre et ma salade » dit une riveraine. Les autres s’arrêtent cabas remplis, baguette sous le bras, enfants à la main ou chien en laisse. Nous sommes au cœur des nécessités quotidiennes qui sont encore plus prégnantes en province dans les petits villages. D’ailleurs, des provinciaux s’arrêtent pour voter et racontent combien le service postal leur tient à cœur, que la fermeture des bureaux de pos e dans les campagnes est un désastre pour leur sécurité et leur qualité de vie. Ils rappellent que le facteur ou la factrice est souvent la seule personne que les personnes âgées rencontrent dans la journée, que sa visite est toujours un bonheur pour toutes les personnes isolées, qu’il est toujours serviable pour leur rendre de petits services comme ce facteur de la Réunion qu’un documentaire TV montrait, parcourant sac à dos des kilomètres à pied dans les montagnes pour livrer courriers et mandats mais aussi des médicaments et les dernières nouvelles de la grande ville. Indiscutablement, la plupart des usagers de la Poste entretiennent un rapport très affectif avec cette vieille dame et n’acceptent pas qu’on lui fasse du mal.
Certains votants critiquent la politique de Sarkozy et le culte de l’argent, vilipendent sa politique de destruction de l’école et de la santé, ses cadeaux fiscaux aux riches au détriment des classes moyennes et des populations les plus fragiles. Ils voient se profiler derrière le projet de privatisation de la Poste tous les drames qui affectent France Telecom en cette période.
Que feront nos dirigeants de ce référendum officieux mais magnifiquement réel qui honore les citoyens de la France républicaine et démocratique?
Alice Braitberg

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