Réflexions sur la rédaction d’un article 

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Ceux qui se livrent à l’écriture pour le public, même bénévolement, savent que l’exercice n’est pas sans difficultés et que prime la véracité des sources. 

La première condition étant d’être le plus possible sur le terrain, la seconde de recouper ces sources, en lisant entre les lignes des communiqués de presse et de communication institutionnelle.

Contrairement à ce que le néophyte pourrait croire, l’entrefilet s’avère souvent riche en information. Il faut alors travailler, travailler, beaucoup.

Qu’ils choisissent leurs sujets ou les traitent par obligation alimentaire, pour relater, éclairer l’actualité ou partager des centres d’intérêts personnels et politiques, il leur faudra d’abord donner l’envie d’être lus. 

Or, quand la vie quotidienne s’aggrave depuis des années, force est de constater que la seule lecture du titre d’un article qui va encore parler d’un de ses sombres et multiples aspects a de quoi de faire fuir. 

Avec ses 70 000 vues journalières, Riposte laïque n’échappe pas au phénomène. Qui plus est, ces derniers temps, il y a pénurie d’articles, certains jours de la semaine et du calendrier scolaire. 

Lassitude de traiter une actualité toujours plus mortifère, investigations chronophages, manque de temps réel, craintes de procès etc., ne sont pas étrangers à l’affaire.

Passons maintenant aux arcanes de la rédaction pour essayer d’être lu, compris, retenu et peut-être relayé.

Pour cela, il va falloir résumer, résumer sans cesse. Alléger, aérer le texte ; traiter le sujet du général au particulier, ou du particulier au général, avec ou sans conclusion, car mon propos n’est pas ici de parler de travaux académiques. 

Dans la presse généraliste, on traite rarement les faits et les allégations, comme on les présente en droit ou en magazines dédiés.

De même, on relate souvent les faits sans en séparer le commentaire, volontairement ou involontairement car il faut de toute façon écrire court pour être lu.

Autant que faire se peut, le « Je » est à proscrire.

L’écriture quotidienne à destination de publication via internet a sérieusement cassé les codes. 

Si la règle de perte de lectorat toutes les dix lignes perdure, il faut plus que jamais se plier aux exigences d’une lecture rapide (et préalablement, d’une écriture rapide).

Et ce, avec un sacré tour de force : celui, comme dans l’excellente presse d’autrefois, d’exposer la teneur d’un article, rien qu’à la lecture de son chapô (résumé introductif sous le titre). 

J’ai souvenance de chapô d’une quarantaine de lignes, sur le format des anciens journaux qu’on lisait les bras en croix !

Aux archives, consultant par exemple « Le Mémorial », un article tenait sur une page ou deux. Et quand on pense qu’il était confectionné avec les caractères en plomb de l’imprimerie, conformément aux strictes règles de composition et de typographie d’alors, avant de passer sous presse manuelle !

Certains journaux avaient deux éditions journalières. 

Aujourd’hui, si le rédacteur en ligne peut placer sa titraille, une illustration, trois ou quatre lignes de chapô, un corps d’article avec un simulacre de plan, dans une écriture sans trop d’anglicismes et d’expressions déteintes du parler populaire des banlieues exotiques, et en s’interdisant tout gribouillis inclusif, c’est déjà pas mal !

Mais parmi les choses les plus importantes pour moi, c’est que si le titre doit être court et informatif, non  interrogatif, chaque mot compte. 

L’usage de deux points (:) dans le titre doit être évité au maximum ainsi que le point d’interrogation, car, répétons que celui-ci DOIT être informatif et non interrogatif.

Quant à l’article, il doit impérativement répondre à la fameuse exigence du qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi, pour qui https://www.anthedesign.fr/redaction-web/regle-5w/

Un conseil à ceux qui voudraient se lancer dans l’aventure : évitez les jugements de valeur et les impressions subjectives. Ne vous risquez pas à écrire que vous avez fait une belle promenade par beau temps et rencontré de jolies personnes, si vous ne pouvez pas expliquer en quoi les paysages vus étaient agréables, ce que vous définissez par beau temps et pourquoi ces personnes étaient ravissantes.

Reste qu’un rédacteur restera toujours conscient de n’avoir traité plus encore en profondeur un dossier, de même qu’il aura toujours la surprise de voir bouder un article qui lui aura demandé beaucoup d’investigations. Ou à l’inverse, de constater l’engouement pour un article anodin ou un marronnier.

De là, savoir garder beaucoup de recul et d’humilité, mais être impitoyable contre l’éreintement.

Je relis ma copie à haute voix et j’envoie.

Bonne lecture.

Jean Yanne en 1971 : “Tout est tabou”

https://youtu.be/rXCfjAmDpDA

Georges Brassens s’entretient avec André Sève – 11/11 (Fin)

https://youtu.be/LK0vvq2xCrw

ALBERT MESLAY – Conseils de looser

https://youtu.be/-rb9n1oVOd0

Jacques CHASSAING 

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7 Commentaires

  1. Pertinent. Je suis absolument opposée aux textes de journaleux qui superposent plusieurs “chapô”, on ne lit parfois que trois au quatre résumés de plus en plus longs et c’est très pénible. Je m’efforce de ne jamais le faire. (Mais vous, Jacques Chassaing, vous ne le faites jamais non plus).

    • Sophie Durand. Il me semble préférable en effet de ne pas se disperser et de s’en tenir au sujet évoqué dans le titre. Important, le titre mais aussi l’illustration, ce sont souvent eux qui éveillent l’attention. Une illustration attractive peut faire des miracles. Pour ma part j’aime bien aussi, si le sujet le permet, une pincée d’humour. Autre motivation : le nom de l’auteur. S’il s’agit d’une des vedettes de RL, l’article sera lu de toutes façons. Les auteurs inconnus doivent davantage “ramer”.

  2. Personnellement j ‘adore vous lire .
    Vos articles sont bien écrits, clairs et précis !
    Ils seraient un peu plus longs que cela ne me dérangerait pas !
    Bien à vous !

    • “Des articles bien écrits, clairs et précis”, cela ne fait aucun doute. Si problème il y a, il n’est pas là.

  3. Bravo monsieur le maitre d’école, je prends note, amicalement ! Il est vrai aussi que nos réponses à ceux qui font des éditos comme vous, ne sont pas toujours sympa mais souvent parce que les sujets nous agacent ou les prises de position des auteurs ne nous conviennent pas ! Continuez quand même, on prend plaisir à vous lire……

  4. Excellent article Mr Chassaing, merci !
    Quand je vois comme j’ai du mal à commenter un article sans y mettre de l’affect…..!!
    Merci encore.

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