Réforme des retraites : la France n’est pas une entreprise

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Notre système de retraite est malade, personne ne peut le nier, et des mesures doivent être prises en urgence pour le sauver. Ce système par répartition, construit après-guerre, a été calibré en fonction de paramètres (natalité importante, plein emploi, forte croissance économique, espérance de vie plus faible) qui ne sont plus d’actualité. Il n’y a tout simplement plus assez de cotisants pour chaque retraité.

Macron, qui s’est engagé vis-à-vis de la Commission européenne à le réformer lors du dernier Semestre européen (sorte de feuille de route que la Commission nous fixe), va bien évidemment essayer de passer en force et augmenter la durée de cotisation ainsi que l’âge minimal de départ à la retraite.

Les déficits des différents régimes sont tels qu’il n’est plus envisageable de recourir à la dette pour combler les déficits. La Gauche vous dira qu’il faut taxer les riches, les nantis, les actionnaires et les multinationales. Ces pseudo-solutions, ne changeraient rien au problème. L’ampleur des déficits est telle, que même si nous décidions de spolier tous les milliardaires et de les faire passer à l’échafaud, même sans tenir compte des dommages collatéraux, cela ne résoudrait en rien les difficultés à court ou moyen terme. Ce sont des solutions d’un autre âge, et il est dommage qu’en France, nous ayons encore des politiciens qui continuent de propager des idées aussi sottes.

A l’autre extrémité de l’offre politique, se trouvent les libéraux, qui ont déjà préparé toute une batterie de mesures d’austérité, basée entre autres sur un allongement des durées de cotisation, une hausse brutale de l’âge minimal de départ à la retraite et à des baisses du montant des pensions. Les solutions proposées, si elles étaient implémentées, fonctionneraient probablement, d’un strict point de vue comptable, mais elles font abstraction du paramètre le plus important : le facteur humain.

Si nous étions en Allemagne, ou dans un autre pays du nord de l’Europe, là où la population accepte généralement de se soumettre aux décisions prises par son gouvernement, ces solutions pourraient être envisagées. Le fait est que nous ne sommes ni des Allemands, ni des Hollandais et que nous n’avons aucune intention de le devenir, Dieu nous en préserve.

Dans notre pays, aucune réforme des retraites ne pourra se faire sans prendre en compte le problème humain suivant : les retraités considèrent qu’ils ont cotisé comme ils le devaient, et ils exigent une retraite fidèle au contrat social qu’ils ont respecté. Les plus jeunes, eux, n’accepteront pas de respecter un contrat qui a été signé sans eux, et qui les défavorise grandement. Aucune méthode autoritaire et strictement comptable ne prend en considération ce problème fondamental.

Ceux qui prônent l’utilisation de méthodes issues du management d’entreprises américaines commettent à mon sens une petite erreur d’analyse : la France n’est pas une entreprise. On ne dirige pas les Français à coups de trique. Si un employé n’est pas satisfait de la stratégie mise en place par le PDG de son entreprise, soit il ferme sa gueule, soit il dégage. La France est une démocratie. On peut éventuellement le regretter, mais il en est ainsi. Les citoyens votent, changent d’avis, votent parfois même en dépit flagrant de leur intérêt (Référendum de Maastricht, élection de Macron).

Les libéraux oublient bien souvent que le sujet des retraites ne peut pas se réduire à un simple problème comptable et financier. En effet, il touche à une notion qui tient à cœur aux français : la justice sociale. Les statistiques montrent que l’espérance de vie conditionnelle d’un gratte papier, comme moi, est de 7 ans supérieure à celle d’un ouvrier du même âge. Il n’est donc pas moralement acceptable que nous partions à la retraite en même temps.

De plus, ne pas prendre en compte correctement la notion de pénibilité dans les durées de cotisation est une faute grave ; il est bien évident que passer 40 ans assis sur une chaise ergonomique, dans un bureau bien chauffé, n’a pas les mêmes conséquences sur la santé que les passer de nuit, à faire du marteau piqueur par tous les temps.

Une des difficultés majeures que rencontre le débat sur les retraites réside dans le fait que ceux qui prétendent trouver des solutions n’ont pas la moindre idée de ce qu’est un métier pénible. Je tiens à ce propos à rendre hommage à mes grands-parents, qui m’ont donné la possibilité d’arracher et de ramasser des tonnes de patates, de couper des centaines de stères de bois et de couler des tonnes de béton. Macron, Le Maire, Borne et tous les petits énarques qui vont travailler sur la réforme des retraites devraient consacrer une journée de leur vie à ce genre d’activité ; cela leur permettrait certainement de voir les choses différemment. Ainsi, ils pourraient comprendre que mettre les salariés des Banques/Assurances sur la liste des métiers pénibles, comme ils l’ont fait, revient à cracher à la gueule de ceux qui, par exemple, découpent des milliers de porcs chaque jour dans les abattoirs, gavés d’antidouleurs, pour pouvoir tenir le coup.

Vouloir harmoniser autoritairement à tout prix le système de retraite pour faire des économies, sans tenir compte de certaines spécificités, engendrera inévitablement un fort sentiment d’injustice. Il est évident que nous allons devoir en moyenne travailler plus longtemps, mais il n’est pas acceptable que cette mesure s’applique uniformément à tout le monde.

Quand on évoque l’allongement de la durée de cotisation et l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, tous les regards se portent immédiatement sur les cadres et les professions du tertiaire supérieur. Il est en effet bien évident que beaucoup d’entre nous pourrions, sans grand sacrifice, travailler jusqu’à 70 ans. C’est d’ailleurs une des solutions préconisées par les libéraux.

Éloignés que sont nos décideurs des réalités du commun des mortels, ils oublient un petit détail à propos duquel quelques-uns des lecteurs qui me font l’amitié de lire mes articles m’ont alerté : le jeunisme qui règne sur le marché de l’emploi en France. A quoi sert d’augmenter l’âge de départ à la retraite si les personnes de plus de 40 ans ne parviennent que très difficilement à retrouver un emploi lorsqu’elles perdent le leur ? A les faire sombrer dans la précarité et la dépression ? A les condamner à ne jamais être en mesure de toucher une retraite à taux plein ? C’est une méthode comme une autre de faire des économies.

Aucune réforme des retraites ne pourra être couronnée de succès si les entreprises ne changent pas de comportement vis-à-vis de l’emploi de ceux que l’on appelle les seniors (les plus de 45 ans). Il est contreproductif et socialement inacceptable que les entreprises continuent de se livrer à une « chasse aux vieux » dans leurs effectifs. On nous rebat les oreilles à longueur de journée quant à la nécessité d’imposer la diversité dans le monde du travail ; il serait bon que cette diversité concerne également la pyramide des âges.

Les salles de marché des banques sont à ce titre des caricatures ; elles sont souvent fières d’afficher des moyennes d’âge autour de la trentaine, qu’elles obtiennent en virant tous les seniors à chaque crise et en embauchant des jeunes quand la conjoncture s’améliore. Cette politique a pour conséquence de faire de ces organisations des organismes sans mémoire, qui réitèrent les mêmes erreurs à intervalles réguliers.

« L’expérience est un peigne que vous donne la vie quand vous êtes devenu chauve. ». Cette citation de Bernard Blier illustre parfaitement la vision du marché de l’emploi qu’ont de nombreuses entreprises, en ne recrutant que des jeunes, éradiquant les salariés les plus âgés dès que l’occasion se présente, affichant ainsi des effectifs d’âge homogène. Cette uniformisation des profils en fonction de la classe d’âge est une erreur majeure ; ce n’est pas en achetant 10 fois le même journal que vous serez dix fois mieux informé. Sans remédier à ce problème typiquement français, non seulement aucune réforme des retraites ne pourra aboutir, mais ces entités ne fonctionneront pas de façon optimale. Le jeunisme français est un mal profond et extrêmement nuisible à notre compétitivité.

Enfin, au-delà des solutions comptables, il faudrait peut-être proposer des arbitrages clairs à nos concitoyens. Il manque 50 milliards par an pour équilibrer les comptes du système de retraite ? Le coût réel annuel de l’immigration est de 80 milliards. Tout le monde comprend bien ce qui nous reste à faire.

Il ne faut pas se tromper de priorité ; si nous ne résolvons pas en urgence le problème migratoire, il ne sera même plus nécessaire de s’arracher les cheveux en faisant des comptes d’apothicaire pour résoudre le problème des retraites, car il ne restera tout simplement plus rien de notre système social.

Alain Falento

 

 

 

 

 

 

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31 Commentaires

  1. Sur le cliché, c’est pas Pierrot Grosgaz euh Gazage, euh j’sais pus, quelqu’un connait le nom de ce bouffigue ?

  2. “habituer les gens à vivre avec de petits salaires”….ouai, enfin, pas tous , ceux qui ont les “bonnes carte”s pourront toujours accéder à ces postes à 16 000 € mensuels, comme l’autre là…, la fille de …. Le NOM sait entretenir les siens

  3. Je vous cite : “la France n’est pas une entreprise”… Ah ah ah ! Elle est bien bonne ! Vous devriez vous renseigner sur le registre national du commerce. La France est bel et bien déclarée en entreprise, copie presque conforme à W DC au States. Une telle ignorance devient risible.

  4. Ce ne sont pas des réserves excédentaires.
    Ce que veut dire ce Conseil, c’est qu en remettant chaque année au pot pour combler les déficits dans les proportions actuelles, ça peut continuer jusqu en 2070. Ce n’ est pas exactement la même chose.

  5. supprimer le rsa à parasites paresseux qui coûte des milliards et obliger les gens à travailler pour cotiser : et les problèmes de retraite seront résolus

  6. Pourquoi donc les gens du peuple ne s’en prennent-ils qu’aux gens du peuple quand il s’agit de fric ? 100 milliards “d’évasion fiscale” 50 milliards de dividendes, des dizaines de milliards de gabegie gouvernementale et c’est le mec ou la nana qui a bossé toute sa vie qui devrait payer les pots cassés, étant entendu que les “élites” ne se serreront aucunement la ceinture.
    Alain, tu as fendu du bois, fait du béton, ramassé des patates … mais as-tu déjà essayé de vivre avec 500€/par mois? Et nous nous considérons comme une société humaniste quand on estime que les vieux peuvent crever la gueule ouverte ? attali va être aux anges.

    • Je n ai pas seulement essayé de vivre avec 500 EUR par mois, je l ai fait pendant des années. 750 EUR pour être précis.

      • Donc tu sais que vivre avec aussi peu d’argent n’est en fait que survivre en attendant la mort.
        Dans une société humaniste on prendrait soin des anciens et qu’on arrête les discours visant à nous faire croire qu’économiquement ce n’est pas possible. Rien que 1% des transactions financières de la planète suffirait à combler les retraités de la Terre et même ceux de Mars !

  7. attention… en même temps que cette réforme des retraites, on va modifier la loi sur l’euthanasie, ceci n’est pas sans rapport quand on a lu les arguments d’Attali sur la vieillesse improductive et les programmes de réduction de la population du forum de Davos. Je crois que tout se tient et tout converge vers le même but… après tout que nous mourrions des vax Covid, d’une injection de Rivotril ou de faim et de misère, l’important est que nous mourrions : on tue les enfants avant qu’ils naissent et on assassine les vieillards… au fait, quel âge Mr Klaus Schwab, quel âge Mr Jacques Attali ??? eux auront toujours ce qu’il leur faut en pognon et soins médicaux mais ils oublient qu’un jour, ils devront se tenir devant le Créateur pour être jugés!

  8. La france balance des milliards pour les mineurs isolés, les clandestins, les refoulés de l asile politique, les étrangers assistés sociaux, etc etc…de plus il y a des caisses pleine de fric initialement prévu pour les retraites mais utilisées à d autres fins….donc tant que l argent sera dépensé pour financer des gens qui n ont aucun droit et qui ne sont pas productifs et pour certains nuisibles….les cons de travailleurs devront travailler pour rien…et les retraites on vote macron en majorité, donc qu ils ferment leur gueule.

  9. Avant de toucher aux retraites faisons des économies et dieu seul sait si il y en a a faire a commencer par le haut ! payer 560 députés qui votent les lois la nuit a trente gus , idem pour les sénateurs , idem pour la ribambelle de haut fonctionnaires non élus placés par les copains qui font la pluie et pas souvent le beau temps et qui coutent au pays un montant astronomique .Ensuite descendons sur toutes les associations les trois quart inutiles , puis toutes les subventions a la presse et médias (qui n’existent plus ), après toutes les aides aux pays Africains don au moins la moitié nous crachent dessus . et surtout arrêtons l’immigration chère au patronat et a la gauche importe pour eux la destruction du pays , l’un c’est pour avoir des très bas salaires , l’autre c’est pour avoir des voix pour des places dans la politique , ne vous leurrez pas le peuple a tout compris . etc etc etc face a une volonté il y a un chemin !

  10. Un peu confus ! . Les réalités économiques et démographiques sont incontournables . Les entreprises , les allemands et les hollandais n’ont pas QUE des défauts .
    L’entreprise , et le réalisme et l’efficacité qu’elle implique , n’est pas contradictoire , en soi , avec la justice sociale ou la JUSTICE ( vertu morale ) tout court .
    Bref le français à grande gueule doit savoir réfléchir avant de parler et donc la fermer aussi de temps en temps pour éviter de dire trop de conneries .
    Pour faire court notre “démocratie” dont nous nous ventons , y compris dans cet article , est malade

    • Je ne dis pas qu’il ne faut pas réformer; j’alerte simplement sur le fait qu’il y a des réalités sociologiques différentes au sein des pays européens.

  11. On nous serine en permanence d’âge de la retraite alors qu’il suffirait de ne tenir compte que du nombre de trimestres cotisés.
    Entre celui qui entre dans la vie active à 18 ans et l’autre à 30 ans, il est normal que le premier arrive en retraite avant.
    Faut-il rappeler que la loi prévoit aussi le rachat de trimestres non effectués ?
    Faut-il rappeler que ces grands décideurs ont, eux, le droit de cumuler plusieurs retraites contrairement aux citoyens ?

    • Joel
      Pas si simple ! Ceux qui commencent tard ont des études longues ….Il faudrait compter les études

      • Ceux qui font des études longues (ce ne sont pas des ouvriers) ont en général les moyens de racheter leurs trimestres non cotisés, la loi a été faite pour ça.

        • Ben voyons Joel

          C’est pratique les clichés . Cela aboutit aux solutions simplistes toujours injustes des idéologies plaquées sur le réel et qui le maltraitent .
          Donc les ouvriers n’ont jamais fait d’études . Ceux qui ont fait des études longues peuvent toujours racheter des trimestres et n’ont jamais de travaux pénibles .
          C’est assez loin de la réalité

  12. STOP ! Stop à l’enfumage. C’est des ordres de Bruxelles, cette guerre aux retraites ! Le conseil d’orientation des retraites affirme qu’il n’y a pas de problème pour payer les retraites jusqu’en 2070, il y a 150 milliards de « réserve » dans les caisses-retraite !
    https://www.europe-israel.org/2022/09/reforme-des-retraites-le-conseil-dorientation-des-retraites-affirme-quil-ny-a-pas-de-probleme-pour-payer-les-retraites-jusquen-2070-il-y-a-150-milliards-de-reserve-dans-le/

  13. Les découpeurs de porcs gavés d’antidouleurs, mais c’est la juste punition d’allah pour ces impies ! 🙂

  14. bof, avec la flambée des prix et l’inflation, n’est ce pas un projet réglé? et l’euthanasie des vieux pronée par attali….

  15. Aucun problème de paiement des retraites si une économie de 80 milliards d’€/an est faite en refoulant toute la merde africaine qui nous colonise, qui coûte un pognon de dingue et surtout qui n’en branle pas une. Libérons-nous de ce qui ne sert à rien !!!

  16. Il est rare de lire un texte qui n’agresse pas les régimes dits spéciaux.
    Même si ils ont besoin de dépoussièrage, il ne faut pas oublier que certains sont à l’origine des caisses de retraite et de la sécu dans sa forme première, à la fin du 19ème siècle !!!

    • Les régimes spéciaux ne sont qu’un point de détail, ils ne pèsent que 2 milliards par an. Le fond du problème n’est pas la, en effet.

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