Réponse à Laurent Joffrin, qui reproche à Taddéi de “lepéniser la télévision française”

Je viens de prendre connaissance de votre protestation indignée contre ce que vous appelez, faisant suite à une émission de Dominique Taddeï : la « lepénisation de la télévision française ». Les propos des uns et des autres vous auraient choqués, indignés même. Vous dîtes y voir un retour à ce qui se passait contre les Juifs dans les années 30. Soyons sérieux.

Comme on dit, ce qui est exagéré ou outrancier… vous connaissez la suite, inutile de dire la phrase en entier. Pour vous, l’islam aurait été « diabolisé », calomnié par le plateau d’invités, avec la complicité passive de l’animateur ; et la personne choisie par l’animateur pour représenter l’islam, serait bien peu représentative, une caricature de musulmane (la porte-parole des « indigènes de la république).

Vous appelez à faire feu sur Taddeï, trop dans le vent de cette « lepénisation »…
Les propos, concernant le contenu foncièrement totalitaire de l’islam, dont le djihad constituerait la nature permanente, vous ont déplus parce qu’ils seraient… racistes, nauséabonds.
Ce faisant, en prétendant la défendre, vous amalgamez la « majorité des musulmans » avec la nature foncièrement totalitaire de l’islam.

Faisons ici un parallèle : en 1936, en 1953, en 1956 et 1968, -après les procès de Moscou, après la famine artificielle destinée à tuer par la faim des millions de « koulaks », après l’écrasement à l’arme lourde et par la déportation dans le goulag de dizaines de milliers de Hongrois, après l’écrasement du printemps de Prague-, dire que le stalinisme était foncièrement totalitaire, constituait-il une accusation raciste condamnable à l’encontre de nos compatriotes russes d’origine, ou un propos xénophobe diffamant les citoyens de l’ancienne URSS ?

Si les mercenaires de la plume, ceux au service de Staline et de ses successeurs- avaient sorti cet argument, pour défendre la dictature bureaucratique, vous, le premier probablement, auriez ri au nez des défenseurs des satrapes moscovites, sauf, évidemment, si vous aviez fait partie de la cohorte de ses compagnons de route pas toujours désintéressés…

Et lorsque Mao Tsé Toung manipulera et instrumentalisera la jeunesse chinoise, pour régler ses comptes avec une fraction de l’appareil bureaucratique du PC chinois, lui aussi totalitaire, qui vertébrait la dictature de la bureaucratie chinoise, ceux qui choisirent de dénoncer ce totalitarisme, -dont on se souvient de ses exploits tibétains et de ceux accomplis sur la place Tien An Men-, ceux-là, étaient-ils des « xénophobes », étaient-ils des « racistes » antichinois, s’employant à diffamer ou à stigmatiser nos compatriotes originaires de Chine continentale ?

La question de l’idéologie de l’islam est-elle différente ? En quoi, si c’est le cas ?
Je suis de très près ce qui se passe dans le monde dit « arabe » et « musulman ». Je fais aussi partie de ceux qui ne se pâment pas, en entendant prononcer le mot « révolution », vaccinés et prévenus qu’ils sont, que : sous cette qualification, surgissent trop souvent des régimes politiques et des relations économiques et sociales oppressives, que se produisent et s’installent, durablement, de véritables contre-révolutions laissant bien loin derrière elles, en termes de gravité, -en termes d’ampleur de la répression et des humiliations permanentes de la population-, les exactions de l’ancien régime.
Vos poils se sont-ils soulevés d’horreur, en entendant dénoncer le totalitarisme de l’islam ?

Monsieur Joffrin, vous êtes un démocrate, enfin vous le dîtes et l’écrivez. Vous êtes pour l’égalité économique et politique des femmes, enfin vous l’écrivez aussi, et, je crois, vous avez dû, à ce titre, être un de ceux qui ont cherché à mettre en valeur la candidature de madame Ségolène Royal ? Non, je me trompe ?

L’islam n’est pas totalitaire, écrivez-vous : Le prétendre, c’est le diffamer. L’affirmer, c’est stigmatiser nos braves concitoyens musulmans. Je crois avoir résumé votre propos se scandalisant de l’émission de Taddeï.
Je ne vais pas être trop long, je vais seulement vous demander ce que vous avez dit ou ce que vous comptez dire à propos des événements qui ont eu lieu le 8 mars dernier place Tahrir ?

Cela nous concerne tous, puisqu’il paraît qu’il y a une révolution en Egypte, comme en Tunisie, et que ces révolutions nous montreraient la voie à suivre, à nous autres Français et Européens.

Le 8 mars donc, pour marquer la Journée Internationale des Femmes, des Egyptiens, environ un millier et en grosse majorité des femmes, sont venus se rassembler place Tahrir. Ces manifestants avaient avec eux un tract reprenant, sous forme de demandes à l’intention de leurs compatriotes, des articles de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qu’ils souhaitaient voir incorporer dans la future nouvelle constitution.
Un groupe d’hommes, déjà présents sur les lieux est venu vers eux.

Quand ces hommes ont eut lu le tract, la violence s’est immédiatement déchaînée. Les manifestants déjà présents place Tahrir se sont jetés sur ces impertinents et impertinentes venant oser réclamer : que la loi égyptienne établisse l’égalité politique des hommes et des femmes.
Il faut brûler !

Les agresseurs, -des antis Moubarak eux aussi, pas des « contre-révolutionnaires » souhaitant la restauration de l’ancien régime-, ont commencé par arracher les tracts. Ils ont ensuite clamé leur indignation : « Brûlez !! Il faut brûler les tracts !
Peut-être certains des agresseurs pensaient-ils aussi, qu’avec les tracts il fallait brûler des hommes et des femmes se croyant autorisés à demander à la révolution égyptienne qu’elle garantisse l’égalité politique des deux sexes?
Une contre manifestation s’est immédiatement organisée. Elle s’est adressée aux manifestantes de l’égalité: « rentrez chez vous faire à bouffer ! On va vous baiser !!
Rentrez chez vous ! On va vous baiser !!

Les manifestants et manifestantes refusant de se disperser, les menaces et les brutalités ont augmenté d’intensité. Quatre femmes, s’éloignant du cortège, ont ainsi été prises en chasse par une meute ne méritant pas le qualificatif « d’hommes ».
De véritables fauves sont sortis de la contre-manifestation anti égalité. 150 à 200 « hommes » se sont emparées des quatre femmes, isolées du groupe. Ils leurs ont palpé, les seins, le sexe… ils leur ont tiré les cheveux.

Mais le peuple égyptien, même parmi des musulmans, montre qu’il n’est pas assimilable, en tant que peuple, en tant que nation (1), aux grossiers et violents tenants du totalitarisme de la charia. Un groupe d’hommes courageux a entouré les femmes, pour les sortir du bourbier moral provoqué par la furieuse haine religieuse qui refuse, par la brutalité, les fondements élémentaires de la Démocratie.

L’affaire s’est conclue lorsque plusieurs militaires égyptiens sont intervenus, pour aider les femmes et leurs camarades de manifestation. (2) La conclusion de portée générale que je tirerai, c’est celle-ci : la contre-révolution en Egypte est en marche. Un de ses signes de reconnaissance et probablement son principal et premier point d’appui et élément programmatique c’est : enlever de la future constitution tout ce qui dans le nassérisme et le moubarakisme tendait à donner des droits légaux aux femmes, tendait vers l’égalité des sexes.
Alors Monsieur Joffrin, allez-vous écrire sur le sujet ? Et que direz-vous, si vous le faîtes ?

Alain Rubin

(1) Je ne suivrais donc pas les « principes » du comédien Richard Berri, qui nous a fait son numéro d’indigné, devant les caméras de télévision, crachant du venin, attaquant la nation française dans sa globalité, parce qu’un sondage indique que si l’élection présidentielle avait lieu le jour du sondage, 24% des sondés voteraient Marine Lepen.
Ce faisant notre cinéaste chausse les bottes des staliniens quand ils appelaient à tuer : « à chacun son boche », considérant que la nation allemande devait être condamnés dans sa globalité. Cet autre « indigné » du cinéma n’est donc pas de l’école des résistants Juifs ou Arméniens de la MOI qui, comme Manouchian qui dira, juste avant de se retrouver devant les canons des fusils du peloton d’exécution : « je meurs sans haine pour le peuple allemand ». A l’inverse, l’homme du show biz nous sert un programme de mépris pour le peuple français pouvant ainsi se résumer : je vis du peuple français, que je méprise et que je haï…
**Source Aalam Wassef, lettre du Caire du 9 mars 2011, adressée au Président Sarkozy.

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