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Réponse publique à Caroline Fourest

Chère Madame Caroline Fourest,
Il m’est arrivé à maintes reprises de m’exprimer dans Riposte Laïque et contrairement à ce que vous dites, je ne suis pas un ”anonyme”, ni un ”pseudonyme”.
Je respecte votre engagement contre l’islamisme qui date d’une décennie. Le mien date au moins de 2 décennies, et il a commencé lorsque j’habitais encore l’Algerie, que j’ai dû quitter en Juin 93, et où beaucoup de mes amis ont été assassinés. Aucun reproche, vous êtes juste un peu plus jeune.
Je considère donc que nous avons une « cause » commune. Cela oblige-t-il à tenir le même langage ? Ne peut-il y avoir des approches différentes ? Qui a intérêt à mettre la nécessaire lutte idéologique contre la déferlante islamiste sous une chapelle quelconque ? Surtout lorsque cette déferlante n’est pas qu’idéologique, et qu’elle est aussi terrorisante, et meurtrière…
Je considère donc votre charge contre Riposte Laïque comme malvenue.
Cet organe de réflexion et d’information, aura eu le mérite en France de s’interroger sur le lien entre islamisme et islam. J’ai moi-même contribué à ce débat. Est-ce que cette question est déjà résolue à votre niveau ? Etes vous en train de nous dire que votre réponse est la seule correcte ? Je trouve votre attitude assez sidérante pour une universitaire.
Il y a certes dans le Coran, toute une partie liée à l’époque de sa « révélation », et cette partie, nombreux ont été les réformateurs musulmans, à dire qu’il fallait la laisser … à son époque. Un des derniers, A. Meddeb, appelle cette partie, la partie ‘’périssable’’.
Mais la question qui se pose pour beaucoup et pour moi, c’est que faut-il faire de certaines parties de la partie…… ‘’non-périssable’’, de la partie liée au fondement même de la révélation ? Un exemple, entre beaucoup, qui positionne la révélation coranique par rapport aux deux précédentes, juive et chrétienne : « Dieu dit : ‘’ Obéissez à Dieu ! Obéissez aux prophètes ! Sachez qu’il incombe seulement à notre prophète de transmettre le Message’’. » (S. V, v. 92).
L’islam étant considérée comme la dernière révélation (le ‘’sceau’’) et la seule vraie, les musulmans étant considérés comme les seuls ‘’vrais croyants’’, les autres devenant des ‘’faux croyants’’ (S. V, v.41), n’y a-t-il pas dans le ”seulement” de cette partie ‘’non-périssable’’, le fondement théologique pour l’intolérance, et le rejet de l’autre ?
Si les ‘’anti-islamistes’’ progressistes non-musulmans et musulmans, ne posent pas cette question, pourquoi s’en prendre à ceux qui s’interrogent ?
Les Etats musulmans qui en paroles et en actes s’attaquent aux Chrétiens et aux Juifs, et qui ne sont pas des Etats ‘’islamistes’’ (ex, l’Algérie serait même aujourd’hui un des plus libéraux !) ne se légitiment-ils pas de cette seule excellence de la troisième révélation ?
Bien à vous.
Jean-Pierre Lledo
Cinéaste algérien, non-croyant