Retraites : la vraie solution n’est pas celle proposée par Macron !

Poignée de mains entre Macron et Martinez 

En ce premier mois de l’année 2023, la France vit un moment assez exceptionnel dont nul ne peut dire ce qu’il ressortira au bout du compte.

Hier, en effet, le 20 janvier, la plus importante manifestation organisée en France depuis celle de 1995  a mobilisé 2 millions de personnes selon ses organisateurs, 1,2 million selon le ministère de l’Intérieur. Gageons que comme d’habitude, le chiffre réel se situe plus justement à mi-chemin entre les deux. Disons que 1,5 million de personnes se sont déplacées pour dire non à la réforme des retraites proposées par Macron. Il n’est pas du tout irréaliste de dire que les choses n’en resteront peut-être pas là, et que sans un geste significatif du pouvoir, elles pourraient s’amplifier… L’expérience du passé démontre que ces choses peuvent naturellement s’inscrire dans la durée.

Par ailleurs, un récent sondage a montré que 70 % des Français sont hostiles à cette réforme qui prévoit, mais pas que, le recul de l’âge légal de départ à 64 ans.

Le président de la République, les rédacteurs de la loi et ses soutiens évoquent le déséquilibre des comptes de la Sécurité sociale pour justifier cette réforme dont le recul du départ à 64 ans est la principale mesure et en tout cas le motif affiché du refus et de la colère des manifestants.

Nul ne peut pourtant raisonnablement nier que la natalité étant depuis de nombreuses années sur une pente descendante préoccupante, il y a aujourd’hui moins de cotisants et donc moins d’abondement dans la caisse des retraites, en tout cas dans celle du régime général et cela devrait s’accentuer. Il est donc urgent d’agir pour rétablir un équilibre précaire.

Il est utile de rappeler, toutefois, qu’il n’y a pas, pour l’heure, de déficit, ni en 2021 ni en 2022, et qu’il y a même eu un excédent cumulé sur ces 2 années de 4 milliards d’euros, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR).

Donc, pour résumer simplement, on peut dire que le désaccord porte essentiellement sur deux points :

– La méthode autoritaire voire antidémocratique utilisée par le pouvoir macronien qui décide et impose sans réelle concertation une loi dont le Président lui-même rejetait le principe il y a 6 ans.

– Les moyens, sans alternative pourtant existante, qui sont envisagés pour pallier le déséquilibre des comptes de la Caisse des retraites.

« La Première ministre », Élisabeth Borne, prétend avoir négocié avec les partenaires sociaux et les partis politiques d’opposition le fond même du projet de la loi et, selon elle, à plusieurs reprises. Cela, ses interlocuteurs le nient tous avec force. En réalité, elle les a reçus et leur a dit en substance : « c’est comme ça, un point et c’est tout ». Elle et ses supplétifs (Gabriel Attal, Aurore Bergé, Olivier Dussopt et tous les beaux parleurs de la Macronie, y compris ceux qui, avant l’avènement du « Prince du contre-pieds », pensaient le contraire), martèlent que leur projet est établi et qu’ils iront jusqu’au bout sans dévier d’un poil. Cela ne me paraît pas être le moins du monde le sens du compromis souhaitable, même a minima.

Emmanuel Macron fait valoir qu’il a été élu plutôt confortablement (alors que son élection, chacun le sait, s’est faite par défaut) et qu’il a obtenu une majorité relative lors des législatives. Dès lors, dans le respect de la démocratie, selon lui, il paraîtrait normal qu’il puisse imposer une réforme dont pourtant il refusait, il y a 6 ans, le principe qu’il défend aujourd’hui.

À cela je réponds d’abord que la démocratie ne se mesure pas qu’à l’aune d’une élection mais qu’elle doit se vérifier à tout instant. D’ailleurs la Constitution prévoit de façon formelle l’usage du référendum en pareil cas de doute et sur un tel sujet.

Rappelons que la démocratie est, selon un principe universel et universellement admis, une forme de gouvernement dans lequel la souveraineté ultime appartient au peuple et à lui seul.

Un homme quel qu’il soit, fût-il, selon lui, la réincarnation de Jupiter tout-puissant, n’est pas habilité à faire le supposé bonheur du peuple sans l’avis du peuple.

René Maillard, élu Renaissance donc macronien pur et dur, disait récemment : « si l’on voulait être populaire on ne voterait pas cette loi ».

En conséquence de quoi, si la loi est adoptée en dépit du refus catégorique du peuple français, Macron, l’élu par défaut, deviendrait  la Président le plus impopulaire de toute la Ve République. Ou bien alors, si elle ne passe pas, il devra partir car pour de bon il n’existera plus du tout.

Car, enfin, si le diagnostic du déséquilibre prévisible ne fait quasiment pas débat, il existe d’autres moyens que celui proposé pour établir une réelle amélioration du système.

Le problème est celui des recettes du régime général des retraites (car tous les autres comme celui des avocats sont plutôt excédentaires).

Or, plutôt que d’obliger les seniors à partir plus tard, alors même que seulement un sur deux est titulaire d’un emploi, ne serait-il pas plus efficient de chercher à augmenter leurs chances de rester actifs jusqu’au bout ?

Si les cotisations manquent, c’est que les cotisants ne sont pas assez nombreux. Dès lors la solution ne serait-elle pas dans la recherche d’une remise au travail de ceux qui n’y sont plus ? Il n’est pas inutile de rappelait que le taux de chômage dans notre pays oscille entre 7 et 10 % bon an mal an.

Après avoir tué des milliers d’emplois industriels, ne serait-il pas temps de remédier à cette erreur stratégique majeure ? La relocalisation des entreprises parties à l’étranger ne serait pas une vue de l’esprit à cet égard. La reprise en main de notre souveraineté serait aussi une bonne chose… Elle que nous avons abandonnée à une entité supranationale dirigée par des gens omnipotents en dépit de toute légitimité de représentation que leur statut de non élus leur confère.

Il y a un vrai problème et la solution n’est pas celle que propose l’UE par la voix de son pantin Emmanuel Macron et bien au-delà le schéma proposé par les États-Unis.

Jean-Jacques Fifre

 

 

 

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10 Commentaires

  1. Tout le monde sait, depuis longtemps, que le problème ne se situe pas au niveau du Régime Général. Ce sont tous les Régimes spéciaux qui pompent les finances de l’ETAT car il doit emprunter pour régler la retraite de tous les privilégiés (SNCF, RATP, EDF, Fonction publique nationale, territoriale, toute la Haute Administration qui cotisent moins, travaillent moins, et partent beaucoup plus tôt.) Mais chut..il ne faut pas le dire.

  2. Une solution démocratique serait de laisser chacun décider de l’âge de son départ. Sa retraite serait alors calculée sur le nombre d’années de cotisations et le montant de ses versements. Certains me diront qu’il s’agit d’une retraite par capitalisation, cela y ressemble mais cela éviterait les abus des centenaires, des régimes spéciaux, des innombrables erreurs de calcul et des magouilles en tout genre comme la disparition du trésor du Régime Spécial des Indépendants… et une sacrée réduction des fonctionnaires des innombrables caisses de retraite😱

  3. Il y a DES SOLUTIONS, mais Macron refuse de les appliquer. 1) Arrêter de payer une retraite à tt les étrangers qui ont 100/110/120 ans et MORTS depuis longtemps = des MILLIARDS €. Arrêter de donner une retraite à des étrangers qui ne viennent en France que pour la toucher en n’ayant JAMAIS travaillés ni cotisés = des MILLIARDS €. RIEN qu’avec ces deux récupérations des MILLIARDS peuvent tomber dans les caisses retraites, seulement voilà MACRON NE LE VEUT PAS, il préfère ENTRETENIR les musulmans EN FRANCE ET toute leur famille CHEZ EUX au détriment des français qui galèrent et servent de vaches à lait à DES FEIGANSSES mortes ou vivantes !!!

  4. Les recettes pour faire baisser le chômage sont connues. Un certain nombre de pays dans le monde ont des taux de chômage très bas, il suffit de regarder comment ils font. En gros c’est moins de fonctionnaires, moins d’impôts, bref moins d’Etat.
    Le problème c’est que les Français n’en veulent pas, habitués qu’ils sont au maternage de l’état-nounou omniprésent.

  5. Le système des retraites doit revenir au peuple et devrait être géré comme une “sorte” de mutuelle, avec des gens élus chaque année par ses adhérents.
    Il faudrait faire un système un peu comme l’AGIRC-ARRCO.

  6. Non, même en réduisant le chômage, le ratio cotisants/ retraités ne serait pas suffisant, et cette écart ne fera que s’accentuer : les assurés vivront de plus en plus longtemps et les besoins de main-d’œuvre iront toujours en déclinant ( informatisation, robotique,etc.) A moins de maintenir artificiellement certains services ( caissières, par exemple ).
    En revanche, les gains de productivité et donc les rentes qui y sont corrélées ne cessent de gonfler ( en 3 ans, les revenus des 100 Français les plus riches ont grimpé de 35% ) .
    C’est donc sur les dividendes et non sur les salaires que doivent être prélevées les fonds.
    Il faut savoir de temps en temps changer d’assiette.

    • Dans vos propos, vous dites que c’est le capital qui sauvera les retraites, (car les dividendes proviennent du capital) et je vous donne raison sur ce point du fait de vos arguments parfaitement justifiés.

      A partir de cette observation, il y a deux solutions soit faire comme les socialos-coco (à tout problème, une nouvelle taxe ou impôt nous donnera la solution)

      Soit être un peu moins bête qu’à l’habitude et faire en sorte qu’un futur retraité soit un futur rentier en investissant dans des fonds capitalistiques soit gérés par le privé, soit par le public via un fond souverain.

      Les retraités US, à cotisations semblables, touchent 3 à 4 fois plus de pension que les franconnais après 40 annuités grâce à cette option et ne pèsent pas sur les actifs.

  7. Et vous n’avez pas soulevé le problème de l’injustice de ceux qui ont des carrières longues, de ceux qui ont eu des carrières hachées, des femmes employées à temps partiels pour pouvoir garder leurs enfants ne pouvant pas payer une nounou avec un SMIC à taux plein, etc… etc … Et en projection le COR s’est souvent trompé. Ce ne sont que des projections. Ils peuvent se tromper dans les deux sens d’ailleurs. Et les ouvriers remplacés par des robots ? Ne faudrait il pas faire abonder les outils robotisés ? Cette réforme est mal ficelée et manque de créativité. Une réforme de mer..e qui sera suivie d’autres réformes dans 5 ans.

  8. Sortir progressivement du système à la Ponzi actuel pour le remplacer par un système individuel ou les cotisations seraient utilisées pour réindustrialiser le pays via un fond souverain ?
    A chacun d’assurer ses vieilles années pendant ses années de travail, et, éventuellement, d’appliquer le système FIRE ( Financial independence, retire early) et se tirer à l’âge de 40 ans !

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