Messieurs les gouvernants, vous n’êtes pas seulement nos gouvernants : vous êtes aussi nos élus. Vous n’avez pas seulement le Pouvoir : vous êtes le Pouvoir que nous vous avons donné, ou plutôt prêté, car nous pouvons vous le reprendre. Le Souverain, c’est nous !
En vous choisissant, nous avons choisi les couleurs de la France, non celles d’un parti politique. Souvenez-vous en, car nous n’avons de cesse de nous en souvenir. «Gouverner – dit-on – c’est prévoir». Prévoyez donc les pleins soleils d’une intelligence qui ne s’achète ni ne se brade ! Vous tenez sous votre responsabilité l’ensemble de vos décisions, mais notre puissance critique les juge au nom de l’amour que nous avons de nous-mêmes et de la France.
Nous sommes la France de nos enfants, et nous aimons nos enfants. Or, les enfants que nous aimons sont les enfants de nos aïeux, car nous avons un passé commun pour lequel nous n’éprouvons ni honte ni remords qui ne puissent se muer en tremplin. Nous attendons, de l’avenir que vous tracez, le respect de nos siècles glorieux, sans lesquels vous ne seriez point au sommet.
Soyez donc sûrs que nous vous regardons. Nous vous regardons d’en haut, car il n’y a pas de France d’en bas ! Nos visées sont celles de l’Histoire éternelle, non d’une histoire revisitée selon les priorités du moment. Notre instinct est intact : la liberté en est la fille, et les armes le garçon. La liberté sans les armes est angélique ; les armes sans la liberté sont sataniques. Fille et garçon forment donc un tout. Telle est notre citoyenneté. C’est elle qui porte une idée de l’Homme aussi grande que l’Homme lui-même. C’est elle qui ennoblit nos révoltes. C’est elle la mère de nos révolutions.
Tout cela vous échappe par son essence même, qui renvoie aux formes subtiles et infinies de la pensée. Or, la pensée ne saurait se contenter de sa propre idéalité : elle est aussi réalité par la dénonciation des inhumanités qui saccagent le quotidien de nombreux Français. Le chômage s’aggrave, le salaire exorbitant des nantis insulte les démunis, les radars rackettent l’automobiliste le plus raisonnable, l’inégalité des sexes fait souffrir bien des femmes, le voile et la non-mixité progressent, les mosquées sont financées par l’argent public, la laïcité est de moins en moins laïque, la justice soutient le délinquant, la violence quotidienne est légitimée par la culture de l’excuse, et çà et là des grondements de guerre civile se font entendre !
Votre tâche est donc celle de l’urgence : si vous l’oubliez, c’est la France entière que vous mettez en péril, car le péril vient toujours des épaisseurs dormantes du Pouvoir. Vous n’avez, de ce fait, qu’une conduite possible : vous réveiller au plus vite, viser haut et vous tenir droit !
Maurice Vidal