Sainte-Geneviève-des-Bois : Le Monde rêve de faire déterrer les morts russes !

La commune de Sainte-Geneviève-des-Bois aurait-elle osé commettre l’innommable ? La question peut se poser concernant le cimetière russe de cette ville située à 24 km de Paris dans l’Essonne (91), et qui se trouve au cœur d’une polémique depuis le début du conflit russo/ukrainien.

En effet, un article du Monde titrait voici quelques jours : « Avec la guerre en Ukraine, l’avenir incertain du cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, le plus grand à l’étranger ».

Un article qui a engendré une polémique dont le maire de la commune, Frédéric Petitta, a fait les frais.

Le cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois existe depuis 1879. C’est en effet le 8 février 1879, que le conseil municipal de la ville décide de créer un nouveau cimetière dans lequel pourraient se retrouver toutes les confessions. L’origine du cimetière provient de l’accueil fait aux émigrés russes lors de la révolution de 1917 au château de la Cossonnerie, où fut créé la « Maison russe », et qui furent, dès 1926, enterrés dans le cimetière communal.

Aujourd’hui, ce lieu de mémoire où environ 15 000 Russes ou Français d’origine russe venus en France à la suite de la révolution bolchevique de 1917 sont inhumés, compte quelques 5 200 tombes. Parmi elles, celles du prince Youssoupov, de la princesse Véra Obolensky (1911-1944) qui fut martyre de la Résistance sous le nom de code « Vicky » (née en 1911, cette résistante française d’origine russe a été guillotinée à la prison Plötzensee à Berlin le 4 août 1944). Mais aussi, la princesse Nikita Troubetzkoy,  l’écrivain Yvan Bounine, prix Nobel de littérature en 1933, le prince Nikolaï Troubetskï (aristocrate du XIXe siècle, cofondateur du conservatoire de Moscou), la baronne de Meyendorff (dont le portrait réalisé par le peintre Disderi est exposé au Musée d’Orsay), le poète Alexander Galich ; mais aussi des émigrés de différentes vagues, des représentants de la noblesse, des milieux militaires et d’autres originaires de Russie sont enterrés ici, sans oublier Rudolf Noureev, irremplaçable danseur et chorégraphe dont le tombeau est formé d’un tapis de mosaïques multicolores, et plus près de nous le chanteur Patrick Topalov… pour ne citer que quelques exemples car ils sont tant et tant à reposer en paix parmi nous.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Catégorie:Personnalité_inhumée_au_cimetière_russe_de_Sainte-Geneviève-des-Bois

Chaque année plus de 20 000 visiteurs viennent se recueillir dans ce qui est devenu un « lieu de mémoire ». Pourtant ce cimetière, où nombre de ceux qui ont combattu aux côtés de nos aïeux pour la France lors de la 2^e Guerre Mondiale, semble, si l’on en croit les dires du Monde, désormais menacé. En effet, les 5 200 emplacements où reposent les Russes sont loués à la ville. Nombre de familles ayant disparu, depuis 2005, l’ambassade de la Fédération russe a pris la suite en payant en leur nom les concessions et en assurant l’entretien des tombes.

Seulement voilà, depuis le conflit russo/ukrainien, la ville de Sainte-Geneviève-des-Bois ne peut plus accepter le règlement des fonds pour la reprise de la location de places dans le cimetière, effectué par l’ambassade. Et ce sous le motif des sanctions liées au fait que Moscou mène une campagne militaire contre le régime bandériste de Kiev.

Pourtant, les sommations de paiement, elles, continuent de s’afficher sur les tombes. Sur certaines pierres tombales de petits écriteaux ont été posés précisant « Concession échue ». Induisant que ces tombes peuvent disparaître à tout moment alors que l’ambassade n’a jamais renoncé à les entretenir ni à en payer les frais. Les défunts seraient-ils pris en otage sous la menace d’une possible destruction de leurs tombes pour motif d’impayés !

Imagineriez-vous un seul instant, voir la tombe de Rudolf Noureev détruite et ses os répandus dans une fosse commune ? Impensable !

Pour un journal de gauche comme Le Monde qui n’en est pas une démonstration d’ignominie près…

Qu’importe ces morts qui pour la plupart ont laissé un riche héritage culturel, historique ou scientifique à la France.

Qu’importe la valeur pour les générations futures que représente ce lieu qui rappelle la mémoire de ceux qui, il y a 100 ans, avaient pris les armes pour défendre la stabilité, l’existence et la grandeur de l’Empire russe, et qui ont fini par devoir s’exiler.

Qu’importe ceux qui se sont battus lors de la guerre 39-45 sous les couleurs du drapeau français et qui, contrairement à d’autres, qui ont fui lâchement, ont pris fait et cause pour un pays qui aujourd’hui les trahit de la plus ignoble façon.

Les patriarches de Russie Alexis II de Moscou et Cyrille de Moscou ainsi que Vladimir Poutine sont venus se recueillir en leur temps dans l’église et au cimetière, où ce dernier en 2000 a déposé des fleurs sur la tombe de la princesse Véra Obolensky, tenant à saluer en elle le courage d’une grande Résistante.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie empêchent l’entretien des tombes qui peu à peu se recouvrent de végétation. Il est bien connu en effet que les morts sont responsables de la folie des hommes… Aujourd’hui, Saint-Geneviève-des-Bois ne peut plus accepter l’argent du Kremlin du fait que les transactions avec la Banque centrale de Russie ont été interdites.

Face au tollé engendré par l’article publié, la municipalité de Sainte-Geneviève-des-Bois a indiqué dans un communiqué de presse :

« A la lecture de cet article du Monde, la ville de Sainte-Geneviève-des-Bois souligne de nombreuses approximations qui mettraient en cause le bon entretien du cimetière communal de Liers dit « cimetière russe » et laisseraient planer des doutes quant à son avenir.

Depuis près d’un siècle, la ville a toujours veillé à sauvegarder ce patrimoine historique et culturel extraordinaire tant pour la Russie que pour la ville de Sainte Geneviève des Bois, et notamment en conservant les concessions pourtant échues depuis plusieurs décennies.

Ce cimetière communal, comptant plus de 5200 sépultures orthodoxes, est classé au titre des Monuments Historiques depuis 2001, ce qui en fait l’un des sites les plus emblématiques et les plus visités à l’échelle de notre ville. (…)

Allant même plus loin encore, et dans l’optique de renforcer toujours plus les mécanismes de préservation entourant le cimetière russe, la ville l’a classé au titre des Espaces Naturels Sensibles à l’été 2022.

Le cimetière ne souffre donc d’aucun désengagement de la part de la municipalité de Sainte-Geneviève-des-Bois. Bien au contraire, consciente du lien intime entre ce site emblématique et l’histoire internationale, la ville maintient une politique d’entretien et d’investissement constante. (…)

En 2018, des contacts ont été pris à l’initiative de la Maison Russe des Sciences et de la Culture afin de pouvoir mettre en œuvre la réhabilitation d’un grand nombre de sépultures dégradées ou à l’état d’abandon.

Avec la crise de la Covid-19 et le conflit en Ukraine, la procédure n’a malheureusement pas pu être poursuivie et les travaux de réhabilitation des sépultures n’ont pas pu être réalisés même s’ils ont été mis en sommeil, à aucun moment, la pérennité de ces projets n’a été remise en cause tant par la ville que par la Maison russe des sciences et de la culture.

S’agissant du règlement des concessions pour l’année 2022, le contexte international exceptionnel nous a contraint à ajourner temporairement la réalisation de l’inventaire exhaustif des concessions et le paiement de leur renouvellement.

Comme depuis près d’un siècle, la ville de Sainte Geneviève continuera à agir pour préserver ce patrimoine international important en réaffirmant avec force qu’aucune tombe russe ne sera relevée et que la ville assurera comme c’est le cas encore aujourd’hui, l’entretien et la réhabilitation des espaces publics du cimetière communal.

La guerre ne sera jamais un prétexte pour porter atteinte au devoir de mémoire et au respect dus aux personnes disparues quelle que soit leur nationalité. »

Ce pays est devenu fou au point qu’un journal, – de gauche il est vrai – s’imagine dans ses colonnes pouvoir troubler le repos des morts, de les déterrer pour les jeter dans une vulgaire fosse commune, au nom de quoi d’ailleurs ? D’une russophobie qui touche à l’abject et qui détruit tout bon sens, poussant la répugnance jusqu’à l’innommable.

Nous ne pouvons qu’espérer que le maire de la commune de Sainte-Geneviève-des-Bois, Frédéric Petitta (PS), élu en 2017 en lieu et place d’Olivier Léonhardt, devenu sénateur, tienne ses engagements et préserve pour ces morts, bien innocents des travers du monde actuel, une paix bien méritée dans leur dernière demeure.

Valérie Bérenger

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