Stéphane Heyraud, ce drôle d’élu à 100 % de la République

Le maire de Bourg-Argental ne supporte pas la contradiction. C’est la raison pour laquelle il poursuit ceux qui ont osé le contredire dans son opération de retrait de la statue de Jeanne d’Arc dans sa commune. En le comparant par sa décision à ceux qui commettent, comme lui, sans vergogne, des ethnocides à l’échelle de leur pouvoir, je ne pensais pas si bien dire en parlant du PCC, de Ceausescu et de quelques autres.

Savez-vous que ce jeune maire (il n’est pas le seul responsable de cette situation) a été élu au premier tour des dernières élections municipales en 2020 avec 100 % des suffrages exprimés ? Notre démocratie est tellement malade, la preuve,  dans cette commune, il n’y avait qu’une liste. Et avec 773 bulletins exprimés, il a été élu triomphalement à 100 %, sans même avoir d’opposition au conseil municipal. 

Seulement la République tolère ce qu’un démocrate ne peut pas accepter. Il est incroyable de constater que l’on peut tolérer des élections à une seule liste. Certes, cela montre le délabrement des institutions, la grande démotivation des citoyens, voire le découragement d’agir dans un climat toujours moins propice à l’écoute démocratique. En effet, non seulement il n’y avait pas de liste d’opposition, mais Stéphane Heyraud a été triomphalement élu avec 33,36 % des inscrits. Plus de 61 % n’ont pas voté. 

Nous sommes donc dans un pays merveilleux où un candidat unique fait 100 %. Cela rappelle quelques souvenirs d’élections dans quelques régimes. Mais nous sommes dans un pays exceptionnel qui accepte une situation de monopole et d’exclusivité politique à une liste qui a réuni un tiers des électeurs. Là est le problème.

Ces situations vont se multiplier, tant les élus se découragent, tant l’administration les contraint à faire contre les administrés. Mais il y a aussi une part de responsabilité chez de nombreux élus qui ne respectent pas l’esprit de la démocratie, le fait d’être simplement titulaire d’un mandat qui oblige vis-à-vis de ses administrés.

Or, cette dérive conduit à ces situations absurdes et profondément anti-démocratiques où on a un décideur qui ne représente qu’une minorité des électeurs, et qui en abuse, car aucun contre-pouvoir ne le contraint.

Il est urgentissime de transformer cette démocratie locale en perdition. Il est indispensable d’instaurer la démocratie directe de projet où le dernier mot revient aux populations souveraines, où le souverain ne peut se dérober à son obligation de décider, ce qui signifie que le vote est une obligation du souverain, une obligation pour chacun. Et la démocratie directe n’autoriserait pas ces projets conçus par quelques-uns, souvent dans l’ignorance des administrés, histoire de diriger à sa convenance, en s’éloignant déjà grandement des aspirations des populations. Cette démocratie est urgente, avec une réforme qui prive les élus de leur pouvoir, comme un conseil syndical propose des projets et leurs budgets à une assemblée générale de copropriétaires qui sont les seuls et uniques décideurs. 

Et l’affaire de Bourg-Argental témoigne de la dérive autoritaire qui nous guette partout, avec des élus qui profitent de la lassitude des électeurs, qu’ils ont en fait tout intérêt à entretenir, jusqu’à devenir excessifs, arrogants et intolérants. 

Pierre-Antoine Pontoizeau