Suisse : le journaliste Grégoire Barbey veut interdire "Vigilance Islam"

gregoirebarbeyCe samedi à Lausanne, l’Association suisse vigilance islam (ASVI) est née. L’annonce de sa création par Le Temps samedi a déjà provoqué un torrent de virulentes attaques et des appels à son interdiction.
Fruit d’une petite année de préparation, l’ASVI a été concoctée par une quinzaine d’activistes, principalement Genevois, venant d’horizons professionnels divers. Hors moi qui en suis la présidente, les membres ne veulent pas que leurs identités soient révélées. Les premières réactions de nos justiciers illustrent amplement leurs craintes.
Nous nous sommes dotés d’une charte (pdf), mais le site attend encore son heure… et fort probablement hélas ses hackers. La charte rappelle que l’expansion de l’islam constitue la menace la plus grave qui pèse aujourd’hui sur la démocratie et les libertés et considère comme trompeuse l’idée d’un cloisonnement étanche entre islam et islamismes. Elle rappelle entre autres qu’aucun pays musulman n’autorise la liberté religieuse. Enfin, elle dénonce la complaisance des élites face aux revendications rétrogrades des communautés islamiques.
Il est évident que le racisme et la xénophobie ne font pas partie de son programme.
Ses buts ? Défendre la démocratie et ses valeurs; protéger la Suisse de l’islamisation, et de manière générale lutter contre les revendications qui remettent en question le caractère séculier de notre société.
Ses moyens ? Ceux qu’offre la démocratie : information, débats, pétitions, initiatives -celle de l’interdiction du niqab au niveau suisse est sur le point d’être lancée-, soutien à diverses actions, etc.
Enfin, elle défendra la liberté d’expression concernant toutes les doctrines et religions, dont l’islam. Elle aura fort à faire comme on va le voir.
Interdire la peste brune !
Ce projet sitôt connu, de farouches adeptes de la liberté d’expression se sont donné rendez-vous sur la page facebook de Grégoire Barbey, journaliste assez connu et très content de lui. Je parie qu’il a participé avec enthousiasme à des manifestations de l’après 9 janvier pour célébrer la liberté d’expression. Il lui a juste échappé qu’il s’agissait d’un enterrement… auquel il participe activement.
Vouloir lutter pour nos valeurs démocratiques contre le totalitarisme musulman est bien entendu, comme en France et ailleurs, l’illustration d’une terrible haine de cette population.
Voici  le genre de langage utilisé dans les commentaires –pas anonymes, personne n’a peur de perdre son emploi en publiant ce qui suit. D’ailleurs, des hommes et des femmes politiques y participent.
Dotée d’une naïveté incurable, j’avoue avoir été surprise. Exemple : le journaliste et blogueur (comme moi) de la Tribune de Genève Gorgui Wade Ndoye, habituellement dégoulinant de bons sentiments : « (…) Cette Vallette a écrit de belles saletés sur son blog de la Tribune de Genève (…). Son combat d’arrière-garde est nauséabond et pestiféré de xénophobie et de mensonges. (…) Elle voulait convertir les musulmans de Genève pour en faire des athées elle a échoué là elle se lance dans un mouvement purement politique dont la légalité devra être discutée pour mieux propager sa belle et douce HAINE! Et il précise sur son blog, : « (…) Il n’y a pas que les Musulmans qui sont attaqués par la nouvelle démarche nazie à l’allure démocratique… »
Pour d’autres, je suis « complètement folle», violente, nantie d’œillères, « enragée sans culture » et d’autres qualificatifs dont vous avez l’habitude. En Suisse aussi, on ne fait plus le détail.
Question interdiction, les commentateurs se rejoignent presque tous. Certains se lèchent les babines à l’idée des textes de lois qui pourraient être utilisés pour anéantir la terrifiante association. La politicienne de droite Florence Kraft-Babel par exemple : « Cette association est anticonstitutionnelle à mon sens, point barre. » Un de ses fans s’inquiète : « N’existe-t-il pas un moyen de lancer une procédure pour le prouver? » D’autres se souviennent d’articles du code pénal pleine de promesses. Un politicien de droite : « (…) je crois que son caractère non constitutionnel est assez clairement prouvé, puisqu’elle s’attaque à l’islam, et ne fait aucune différence entre islamistes et islam. »
Et pourquoi pas un appel au peuple ? « Il faut que des voix se lèvent pour empêcher de telle association à voir le jour. »
Un commentateur qui conserve encore un peu de bon sens face à ces délires juridiques finit par s’énerver un peu : « Vous voulez une bonne société autoritaire où l’Etat peut interdire la création d’associations critiques? » Réponse de Barbey : « C’est pas critique là. C’est plus que ça. » Ce qui suit le montre.
Un geste terrifiant qui pousse au génocide
Barbey annonce dans la foulée de ces commentaires vouloir «commettre un billet de blog à ce sujet ». Il le commet séance tenante. Titre : « Vigilance islam: une association inacceptable ». Suit la litanie des poncifs sur l’islam et les musulmans. Mais il le répète : il espère de tout son (grand) cœur, que l’ASVI sera réduite au silence avec l’appui des politiques et des juges: « La création de cette association doit susciter une réponse politique immédiate et ferme. » D’autant qu’elle « se révèle probablement anticonstitutionnelle ».
Ah, comme ce serait chouette de tuer les messagers pour éviter qu’ils ne délivrent leur message ! Surtout que ce message ne concourt à rien moins qu’à préparer un nouveau génocide : « Symboliquement, le geste est insupportable et terrifiant. C’est cette même rhétorique qui a poussé des êtres humains à mettre leurs frères dans des wagons pour des destinations sans retour. » On interdit des associations pour moins que ça !
Notons que les commentaires du billet de blog sont nettement moins élogieux que ceux de facebook. Grégoire Barbey s’affirme «dépité». A quoi Michel de Seelisberg répond : « Disons que vous pensiez tenir des propos définitifs et que vous avez ouvert un débat nécessaire. »
Et c’est exactement ce que l’ASVI souhaite !
Mireille Vallette
 
 

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