Les sénateurs “somment” le gouvernement de redresser l’agriculture France

Une agriculture en déprise abandonnée par l’état et la quasi-totalité des hommes politiques.

L’agriculture française va très mal depuis 20 ans à cause des gouvernements successifs. Pour les sénateurs, l’agriculture continue de s’effondrer ! Et “la France est devenue une puissance agricole qui décline de plus en plus” pour les rapporteurs de la commission des affaires économiques réunie ce 28 septembre 2022 au palais du Luxembourg. À l’heure où le commerce international de produits agroalimentaires n’a jamais été aussi dynamique, la France est l’un des seuls grands pays agricoles dont les parts de marché reculent : elle est passée de deuxième à cinquième exportateur mondial en vingt ans. Son excédent commercial, en retrait, n’est plus tiré que par l’effet prix des exportations, surtout des vins et spiritueux, et non par les volumes. En parallèle, les importations alimentaires en France explosent : elles ont doublé depuis 2000 et représentent parfois plus de la moitié des denrées consommées en France dans certaines familles. La France, « grenier de l’Europe », est désormais déficitaire avec l’Union européenne en matière alimentaire depuis 2015. Hors vins, elle est même déficitaire avec le monde entier. Constat très accablant !

Parce qu’il refuse de prendre à bras le corps le sujet de la compétitivité de la Ferme France, l’État fait fausse route en matière agricole depuis une vingtaine d’années, selon un rapport de la commission des affaires économiques du Sénat adopté ce mercredi 28 septembre 2022.

Pour les rapporteurs Laurent Duplomb (Les Républicains – Haute‑Loire), Serge Mérillou (Socialiste, Écologiste et Républicain – Dordogne) et Pierre Louault (Union Centriste – Indre‑et‑Loire), en suivant cette unique stratégie du « tout montée en gamme », le risque est réel de voir un affaissement du potentiel productif agricole français, au détriment de notre souveraineté alimentaire.

Surtout, à terme, cette dynamique conduira à réserver l’alimentation française à ceux qui peuvent se le permettre, condamnant les plus modestes à se nourrir de produits importés des quatre coins du monde. Ce phénomène est déjà visible aujourd’hui.

Ces deux risques, les sénateurs entendent les conjurer en proposant de rectifier le cap.

Les rapporteurs proposent de corriger le tir en mettant en œuvre un plan « Compétitivité de la Ferme France » à horizon 2028, détaillé dans le rapport autour de 5 axes et 24 recommandations précises.

Au regard du contexte actuel, marqué par la concomitance d’une crise du pouvoir d’achat et d’une hausse des charges historique des agriculteurs et des industries agroalimentaires, les sénateurs rappellent, de manière transpartisane, l’urgent impératif d’une politique de compétitivité en agriculture.

Mener une politique de maîtrise des charges des agriculteurs tout en dopant l’attractivité des produits français à l’extérieur : tels sont les remèdes prescrits contre les maux agricoles français. Parmi les propositions, une série de mesures fiscales, des dispositions en soutien de l’innovation dans le domaine environnemental, une révision de la politique d’accompagnement à l’exportation et un renforcement des protections contre la concurrence déloyale.

Ces propositions s’appuient sur un constat résultant d’une enquête de plusieurs mois ayant permis de recueillir l’avis de près de 200 experts et professionnels sur la stratégie promue par les pouvoirs publics : depuis plusieurs années, la politique agricole en France promeut uniquement la montée en gamme pour toutes les filières comme solution aux difficultés rencontrées sur les marchés internationaux.

En s’appuyant sur l’exemple de cinq denrées alimentaires parmi les plus consommées par les Français (pomme, tomate, blé, lait, poulet), le rapport dresse un constat sans appel des lacunes de notre politique agricole : sans prêter une attention suffisante aux charges des agriculteurs, sans améliorer la productivité de notre amont agricole par l’innovation et l’investissement, sans défendre suffisamment nos producteurs dans les accords de libre‑échange, la stratégie des pouvoirs publics pousse les agriculteurs dans une impasse.

Les sénateurs tirent la sonnette d’alarme et craignent que sans changement de cap, la France agricole ne cesse de reculer, car ce qui est perdu aujourd’hui ne sera jamais récupéré. Les problèmes de compétitivité aboutissent depuis quelques années à une baisse très rapide des parts de marché à l’exportation alors que le marché mondial est en forte croissance, à un repli de la production agricole française dans de nombreuses filières et à une explosion des importations sur le marché « cœur de gamme ».

La synthèse du rapport est consultable ici, et le rapport ici.

La France traverse une crise majeure en matière de souveraineté alimentaire, à l’heure où la guerre russo-ukrainienne rappelle toute l’importance géostratégique de l’arme agricole. La tendance à
la réduction du potentiel productif agricole est préoccupante. Renommer le ministère de l’Agriculture est une chose, corriger le tir en est une autre à l’heure de la paupérisation agricole de notre pays. Que dire des augmentations d’importations des tomates cerises marocaines multipliées par 233 depuis 1995 ? Au moment où un poulet sur deux consommé en France est importé ! Et où le cheptel de vaches laitières a diminué de 25 %.

Francis GRUZELLE
Journaliste et écrivain
Carte de Presse 55411

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L’Europe défend Volodymyr Zelensky, mais tue les lavandières

Pour la commission européenne, ces distilleries de lavande de Provence, qui reflètent un réel savoir faire, sont dangereuses, comme les bouilleurs de cru à une certaine époque.

Pour la commission européenne Volodymyr Zelensky est un brave type. Mais les lavandières des Hautes-Alpes, de la Drôme, du Vaucluse et d’autres régions françaises sont très dangereuses. Elles doivent être éradiquées. Car elles fabriqueraient des produits ultra dangereux ! Bigre. A lire les attendus de la commission européenne, les braves lavandières françaises prépareraient une épizootie, cent fois plus dangereuse que le Covid 19. Le tout dans des laboratoires artisanaux et clandestins, dissimulés dans les Hautes Alpes, où fonctionneraient des alambics (avec les professeurs du même nom, cf Tintin) d’un autre âge.

Dans ce contexte, la commission européenne a adopté une série de mesures, applicables d’ici la fin de l’année 2022, révisant les règlements existant, avec à la clé un accroissement substantiel du niveau d’exigences requis, entraînant des dépenses somptuaires supplémentaires très coûteuses pour les petites exploitations et les petites distilleries. Cela risque de remettre en cause 70 % de la production française.

Jusqu’à présent, les producteurs de lavande (1) se sont tant bien que mal conformés aux obligations issues de deux règlements européens, le premier dit « REACH » sur les substances chimiques, le second dit « CLP » sur l’étiquetage et la classification des produits dangereux. Mais la commission européenne reproche aux producteurs de lavande d’élaborer “des produits agricoles artisanaux non chimiques” et d’être “une filière de l’herboristerie non conforme”.

Le tout dans l’indifférence générale des responsables politiques, tous préoccupés par leur réélection et leur survie. Peu importe les millers d’emplois concernés, car, pour les actuels dirigeants de la France, Emmanuel Macron en tête, les producteurs de lavande sont des “soixante huitards attardés”.

Pourtant, il y a un réel savoir faire français, notamment sur les lavandes « vraies » qui poussent à partir de 1200 mètres. sur les versants ensoleillés des montagnes. La qualité des lavandes est réputée augmenter avec l’altitude. Des agriculteurs se sont aussi spécialisés en lavandin, une lavande hybride entre lavande vraie et lavande aspic qui est produite notamment à Sault.  Elle constitue la principale activité agricole de cette zone du Vaucluse. On la retrouve aussi en Drôme provençale où elle est très bien représentée et également dans le diois dans les villages comme Chamaloc (production la plus au Nord de lavande) où se trouve la distillerie des 4 vallées.

La lavande est également produite dans le sud du département des Hautes Alpes dans le Buëch dans des villages comme la Faurie qui possède également une distillerie et dans d’autres villages comme Ribiers et Orpierre. Les pratiques de culture des lavandes dans les Alpes-de-Haute-Provence ont été inscrites à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2018.

Des expériences ont été également menées en Quercy en 1936, où la culture de la lavande par la population s’est implantée et développée dans le Lot et le Tarn-et-Garonne. L’ouvrage Les petites industries d’un département agricole, rédigé par André Pueyo (éditions Forestié à Montauban) a repris en 1946 l’historique du développement de la lavande pour relancer l’économie départementale de l’après-guerre. Ainsi, des agriculteurs et des distillateurs ont produit la lavande du Quercy jusque dans les années 1970. Cette activité renaît progressivement depuis le milieu des années 2000, grâce au travail de producteurs locaux.

Alors, en ce début juin 2022, pourquoi emmerder dans sa globalité la filière française de production de l’huile essentielle de lavande ? Pour le plaisir ? Ou pour liquider quelques milliers d’agriculteurs et de transformateurs dotés d’un véritable savoir faire ? Pourquoi imposer aux producteurs d’huiles essentielles la réalisation de tests sur chacun de leurs constituants ? Pourquoi créer des contraintes liées à un hypothétique perturbateur endocrinien ? Et vouloir imposer des pictogrammes dissuasifs sur les produits mis en vente ?

Ce qui pourrait conduire les industriels à privilégier à l’avenir des substances de synthèse faisant intervenir du pétrole, au détriment des huiles essentielles à base de lavande. Encore une filière qui risque de crever. Merci l’Europe !

Francis GRUZELLE
Journaliste et écrivain
Carte de Presse 55411

 

(1) Les Lavandes (Lavandula) forment un genre de plantes de la famille des Lamiacées comme le thym et le romarin. C’est une plante, très parfumée, originaire des régions méditerranéennes. Ses petites fleurs violettes sont disposées en épi et prisées par les abeilles qui élaborent un “miel de lavande”.