Covid-19 : Michel Onfray a-t-il vécu une EMI ?
À la suite de ses récents propos au sujet de l’aveuglement de l’élite bien-pensante sur les crimes commis par la Turquie d’Erdogan dans le Haut Karabagh – crimes dont il a été le témoin oculaire –, comparé à l’hypermnésie dont jouit la Shoah dans les médias de cette même élite :
https://www.balancetonantisemite.com/2020/12/michel-onfray-philosophe-ou-antisemite.html
Michel Onfray est devenu la nouvelle tête de Turc du groupe d’activistes Balance ton antisémite.
Le philosophe français contemporain le plus traduit dans le monde ne laisse d’étonner par la hardiesse de ses déclarations depuis qu’il a connu les affres d’une contamination par la covid-19, vraisemblablement au cours de son périple dans ce territoire arménien.
Territoire qui, rappelons-le, vient d’être annexé manu militari par les Azéris – musulmans chiites –, puissamment armés par leurs alliés Turcs – musulmans sunnites –, au terme d’un conflit totalement disproportionné que les Arméniens – chrétiens – ont payé au prix fort, dans l’indifférence complice des susdites élites mondialisées et de leurs susdits médias aux ordres.
En mai 2016, lors de cette émission de France Culture :
https://www.franceculture.fr/emissions/le-monde-selon-michel-onfray/le-monde-selon-michel-onfray-samedi-21-mai-2016?fbclid=IwAR3Oo_23HJr9budzYBem_bKrMrFRZ8UxgV1xxSlMfB0Gsvsv1V3buX8bHNE
Onfray affirmait déjà avec force l’évidence des racines chrétiennes de l’Europe :
« L’Europe a des racines chrétiennes qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas (…). Je suis un athée chrétien, car il y a un athéisme qui relève de la sphère chrétienne – parce que l’Europe relève de la sphère chrétienne. Il y a des racines historiques aux civilisations, il y a des racines spirituelles à toutes les civilisations. » [cliquer sur « Écouter » pour avoir la totalité de son intervention]
Onfray répondait ainsi au commissaire européen Pierre Moscovici qui, à l’occasion de l’élection du musulman Sadiq Khan comme maire de Londres, avait affirmé « ne pas croire aux racines chrétiennes de l’Europe » :
https://www.la-croix.com/Religion/France/Controverse-autour-propos-Pierre-Moscovici-racines-chretiennes-Europe-2016-05-12-1200759606
L’affirmation de son « christianisme » (certes athée…) n’avait pas empêché notre philosophe de publier l’année suivante un livre très approximatif – pour ne pas dire amateuriste – sur Jésus et le christianisme :
https://www.babelio.com/livres/Onfray-Decadence/892895
livre qui lui avait valu cette réponse en forme de volée de bois vert d’un « véritable » historien du christianisme :
https://www.laprocure.com/monsieur-onfray-pays-mythes-reponses-jesus-christianisme-jean-marie-salamito/9782706715419.html
Mais fermons la parenthèse, Michel Onfray ayant – sagement – préféré garder le silence sur la question après la publication de la cinglante mise au point du Pr Salamito.
Dans ce très récent texte :
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/cinq-cent-heures-sous-covid?fbclid=IwAR2Nk7q2BZD0DKbRr0grGC5J2s3p3lXcgXI-AH9UAaU1aha8mj52RTxcLr0
Michel Onfray relate sa lutte épique contre la covid-19. Cinq-cents heures, a-t-il dénombré, en apesanteur ontologique entre la vie et la mort.
« En disciple de Lucrèce, le matérialiste radical que je suis sais que le virus lui aussi veut la vie, sa vie, fût-ce au prix de la mort de ses hôtes, la mienne par exemple »
À part cette affirmation – pour le coup fortement matérialiste et athée : la vie n’est qu’une lutte pour la survie, au prix de la mort de ce qui n’est pas soi, un absurde îlot de « struggle for itself » dans l’immensité du néant –, on relève quelques extraits qui amènent à s’interroger sur l’actuelle radicalité du matérialisme de l’auteur.
Au point qu’on peut se poser cette question, que d’aucuns jugeront saugrenue : lors de ses cinq-cents heures de combat contre la maladie, Onfray-l’athée-chrétien aurait-il vécu une EMI, une expérience de mort imminente ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_mort_imminente
Je vous laisse juge.
Henri Dubost
« A quelques jours près, à l’articulation de novembre et de décembre, l’Avent des catholiques, c’est la date de mon infarctus le 30 novembre 1988, mais aussi celle du décès de mon père dans la nuit… du 30 novembre 2010. Les freudiens y verraient un moment symbolique, les chrétiens aussi – les premiers héritent d’ailleurs plus qu’ils ne le croient des seconds… »
« Comme si la main du Destin (je n’écris pas la main de Dieu, qu’on ne me fasse pas dire ce que je ne pense pas…), ou bien celle du Fatum de mes chers romains bien plutôt, était venu me rechercher là où je me trouvais. » [Curieuse parenthèse : Onfray parle du Destin, pas de Dieu, on l’a bien compris. Quelle est donc ce scrupule qui le fait insister sur l’évidence ? La crainte de paraître ici moins « athée » que son image publique ?]
« Le corps et le cœur qui se rétrécit autour de mon âme qui entre à nouveau dans ces contrées de luminosités jaunasses dont je sais qu’elles sont tangentes à la mort. »
« La neige me met en état de grâce : elle me fait entrer directement dans le monde de mon enfance, sans sas de sécurité. (…) Mais cette fois-ci, je vois la neige tomber comme s’il s’agissait du signe d’une géographie infernale de Dante. »
« Je dors comme une souche, dit-on – et j’aime cette expression depuis que je sais que les souches ne sont pas les restes d’un arbre mort, mais la mémoire vivante de cet arbre toujours actif qui, via des faisceaux mycéliens souterrains, informe encore la vie du vivant autour de lui de son savoir plusieurs fois millénaire. »
« Quoi qu’il en soit, l’identité flanche. On n’est plus qu’un seau d’immondices infectés par le virus, une eau sale secouée par ses fermentations, un liquide thanatologique comme il existe de l’autre côté de l’être un liquide amniotique. C’est l’amnios du néant. » [Curieuse métaphore… L’être ne saurait en effet être « l’autre côté de l’être » par rapport au néant, puisque le néant « est » le non-être. L’affirmation que l’être et le néant sont les deux « côtés » de l’être ne constitue-t-elle pas en soi une négation du néant ?]
« J’entre seul dans ce monde à part, dans le monde et un peu hors de lui, j’y vis seul, je m’installe seul dans ce genre de salle d’attente ontologique : un mélange de propylée de funérarium et de temple comme en concevaient les révolutionnaires de 93 pour aborder le néant – « le sommeil éternel » (…) » [Objectons que le sommeil n’est évidemment pas le néant. Il est à la vie ce que la souche est à l’arbre entier : une autre modalité de la conscience. Dès lors, à quoi bon rappeler cette inadéquate maxime : « La mort est un sommeil éternel », que l’on doit à l’immonde Joseph Fouché :
https://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-57203.php
et dont ce dernier était si fier qu’il voulut derechef la faire inscrire à l’entrée de tous les cimetières de France et de Navarre ? Par ailleurs, évoquer benoîtement les révolutionnaires de 93, génocideurs des Vendéens entre autres abominations, n’est assurément pas du meilleur goût sous la plume de quelqu’un qui revient du Haut Karabagh pour dénoncer un nouveau génocide, celui des Arméniens]
« (…) la mort qui arrive harnachée comme pour le Grand Jour ! L’un des Cavaliers de l’Apocalypse qui rit à gorge déployée de cette histoire de cauchemar »
Et enfin le dernier paragraphe, in extenso, avec le thème de l’enfer, évoqué par deux fois :
« L’empoignement cardiaque de cette nuit du dimanche 6 décembre me laisse à penser qu’il est le signe d’une sortie des enfers. Je me suis mis à mon bureau cette nuit. J’ai rédigé ce texte sans interruption en quatre heures et demie. Le jour s’est levé. La lumière inonde maintenant la ville de Caen. Les pierres des maisons réfractent le soleil dans un camaïeu de jaunes. Je n’ai rien écrit depuis plusieurs semaines. Ça ne m’était jamais arrivé : c’est pour moi la punition la plus infernale. »
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