Marche des Fiertés : de la promotion de la diversité à l’affiliation au camp du bien
Les mouvements dits de libération homosexuelle n’ont jamais caché leurs sympathies pour l’extrême gauche. À la fin des années 70, il se disait que le C.U.A.R.H. (Comité d’ Urgence Anti Répression homosexuelle) était téléguidé par la Ligue Communiste Révolutionnaire. Quand les socialos sont arrivés au pouvoir en 1981, une officine du Parti Socialiste a vu le jour : Homosexualité et Socialisme (HES) dans le but de reprendre la main (avec succès) sur la communauté homosexuelle. Mitterrand avait d’ailleurs nommé une « madame homo » en la personne de Marie-Pierre de La Gonterie. Idée récemment reprise par Élisabeth Borne, qui annonce en 2022 la nomination d’un « ambassadeur aux droits LGBT+ » avec une petite enveloppe de 3 millions d’euros pour « financer de nouveaux centres LGBT » !
Aujourd’hui encore, l’électorat « gay et lesbien » des grandes métropoles fait l’objet de la plus grande attention de la part des partis de gauche et du pouvoir en place. Mais pas que ! La « Marche des Fiertés » parisienne de 2023 nous révèle aussi que la communauté LGBT+ représente un marché de choix pour des multinationales comme FREE, l’OREAL ou IKEA soucieuses de se montrer « gay friendly » pour l’occasion. C’est ainsi que l’OREAL fournissait gracieusement des crèmes pour peaux fragiles aux manifestants. Sans oublier la RATP qui souhaitait « bonne manif » aux usagers descendus massivement au métro Nation, point de départ de la manif, en ce samedi 24 juin 2023 vers 14 heures.
L’Oreal, NewYork, Gay Pride 2019
À croire que les LGBT+, tout en dénonçant le capitalisme, s’accommodent fort bien du mondialisme !
56 000 participants (selon la préfecture de police), mais probablement davantage, ont défilé, dans une ambiance festive, entre la place de la Nation et République. L’occasion de transgresser les normes vestimentaires et de clamer une appartenance à la Queer Nation ! Le tout organisé par l’inter LGBT+, financée en partie par la Marie de Paris. Avec une variante écolo qui n’est pas passée inaperçue : la Marche des Fiertés s’est faite sans chars, afin de « poursuivre un travail d’éco-responsabilité et de “décarbonation” de l’événement ». À croire que tous les participants étaient venus en trottinette ! Le camp du bien, nous y sommes !
Si la France Insoumise était moins visible que les années précédentes, les syndicats au grand cœur, qui n’ont jamais levé le petit doigt pour défendre les suspendus, n’étaient pas les derniers à faire du racolage : la CGT, la CFDT et SUD.
Certains partis politiques se sont joints à la fête : Europe Écologie les Verts, le Nouveau Parti Anticapitaliste et bien sûr la France Insoumise.
Et puis, les valeurs sûres de la communauté LGBT + étaient présentes : les associations paramédicales de lutte contre le SIDA et pour la prévention des IST, qui veillent à la santé des adeptes d’une sexualité libre et épanouie : AIDES, ENIPSE et ACT-UP.
Aucune référence à la guerre en Ukraine, aux atteintes à la liberté d’expression, à la crise économique, aux attaques au couteau, aux mensonges de l’OMS ou de l’Union européenne… On cherche vainement des revendications politiques précises, à l‘exception de la PMA pour tous et du droit au transgenre.
Cette politisation de bazar, qui semble ignorer la gravité de la situation de notre pays, a tout de même réussi à trouver un thème fédérateur : la lutte contre la montée du fascisme d’extrême droite !
Il faut dire que le gouvernement avait donné le ton depuis plusieurs mois en montant en épingle d’imaginaires violences d’extrême droite.
Toutes les valeurs, ou plutôt les anti-valeurs de la macronie étaient au cœur de la Marche des Fiertés : le no-borders, la déconstruction de la famille, du patriarcat, la mise au ban des nations catholiques comme la Pologne, le Brésil et la Hongrie, le discours anti-flic, l’écriture inclusive, l’utilisation systématique de l’anglais, la diabolisation du gaz carbonique, la lutte pour le climat et j’en passe. Les petits soldats du GIEC étaient partout !
En comparaison avec les Gay Pride des années passées, on a le sentiment d’un appauvrissement du tissu associatif. Le sympathique groupe « interconfessionnel » David et Jonathan faisait figure d’exception.
Faut-il en déduire que la diversité a fait place au clonage, à l’avènement de la « Queer Nation », ce projet politique né à New York en 1990 et dont le but était de désigner comme ennemi public numéro 1 le mâle blanc hétérosexuel ? (*)
La plupart des participants étaient jeunes, voire très jeunes, semblant gérer leur vie dans une certaine insouciance. Leur unique credo politique : lutter contre la montée du fascisme d’extrême droite et sauver la planète !
À noter la présence de nombreux « transgenres » venus bousculer l’ordre homosexuel établi : une nouvelle catégorie d’intouchables se dessine. Le drapeau arc-en-ciel se voit désormais concurrencé par un drapeau blanc rose et bleu layette : réplique affadie du drapeau national. C’est à y perdre son latin ! Avec un retour aux fondamentaux : pas de iels ou ielles : il faudra dire Monsieur ou Madame et attention à ne pas se tromper, sous peine de se rendre coupable d’un outrage gravissime qu’une future loi viendra peut-être un jour sanctionner !
Et tout ce petit monde, qui semble avoir perdu ses repères, se retrouve main dans la main face à un mythique ennemi commun : l’extrême droite (qui ne compte ni homo ni lesbienne dans ses rangs, c’est bien connu !)
À croire que les associations LGBT+ ont bien fait leur travail de propagande dans les écoles !
Hector Poupon
(*) Dans un ouvrage paru en 2021, « Encyclopédie critique du genre », les auteurs Maxime Cervulle et Nelly Quemener, détaillent la genèse du concept de « Queer Nation » : « À l’été 1990, durant les Gay Pride de New York et Chicago, des militant·e·s distribuent un tract choc intitulé « Queers Read This ! ». Le groupe à l’origine de ce texte, Queer Nation, s’est formé en avril de la même année durant une réunion d’ACT UP New York. Dans le sillage des nombreux collectifs politiques qui émergent alors aux quatre coins des États-Unis, Queer Nation dessine les contours d’une politique sexuelle nouvelle, distincte des formes institutionnalisées d’activisme gai et lesbien qui plaident en faveur de l’acceptation et de la reconnaissance des minorités sexuelles. Le ton du manifeste de Queer Nation est particulièrement polémique car, au-delà de décrire la violence de l’homophobie ordinaire et de l’homophobie d’État, il trace le portrait d’un ennemi politique clair et incarné : « Je veux un moratoire sur le mariage straight, les bébés, les démonstrations publiques d’affection entre personnes de sexe opposé et les images médiatiques qui font la promotion de l’hétérosexualité. […] Les hétéros sont vos ennemis. »
Queer Nation s’emploie à construire un antagonisme afin de faire émerger une communauté politique queer contre une hétérosexualité constituée en adversaire. Il s’agit de refuser de s’inscrire dans les institutions hétéro-normatives, de contester les normes de genre et de sexualité, de refuser toute assimilation dans le corps national straight. Toutefois, si la politique de Queer Nation est oppositionnelle, elle n’est pas catégorielle et n’a pas pour objet la défense de l’intérêt d’un groupe particulier… »