Charité et compassion : attention à leur perversion

Migrants en Méditerranée, les drones remplacent les patrouilles maritimes

Je reçois tous les jours des mails de journaux comme Le Monde, Le Figaro et La Croix. J’aime bien parcourir quelques articles de ce dernier journal. Ils sont succincts, sobres et souvent sans additif idéologique. Mais je reste toujours sur mes gardes et vous avertis : méfiez-vous de l’idéologie contenue dans mon article ! Ceci d’autant plus qu’il est publié par un site réputé pour son appartenance à la “fachosphère”.

Le titre de l’article que j’ai lu dans La Croix du 7 août 2019 est bien neutre : “Migrants en Méditerranée, les drones remplacent les patrouilles maritimes””. Mais c’est dans le corps du texte que le mélange des genres est consommé.

L’orientation de l’article, c’est-à-dire celle de son auteur, est donnée dès les deux premières phrases : “Les missions maritimes de Frontex en Méditerranée se raréfient, laissant place à des missions de surveillance aérienne. Les experts dénoncent le désengagement de l’Union européenne qui n’aurait plus à assurer le sauvetage des migrants en mer.

“Les experts” (non identifiables) déplorent donc que Frontex cherche à remplir efficacement sa mission de surveillance des frontières européennes, autrement que par l’engagement d’embarcations maritimes. Ils aimeraient qu’elle continue d’utiliser des bateaux et de tomber ainsi dans le filet des passeurs, c’est-à-dire sous le coup de nos lois maritimes et humanitaires.

Autrement dit, nos “experts” déplorent que l’agence Frontex n’accepte plus de jouer le rôle de supplétive aux malins passeurs libyens, dans tous les sens du terme malin. Un peu retors, ces experts ne seraient pas du tout mécontents que la perversion des passeurs continue d’avoir gain de cause.

Les trafiquants africains connaissent très bien nos contradictions. Ils ont vite fait leur calcul pour en tirer bénéfice. Quant à notre auteur de La Croix et à ses experts en manipulation du langage, ils continuent de nous vendre de soi-disant “bons sentiments”. La monnaie de singe de ce qui est devenu un véritable “charity-business”.

Le dilemme est pourtant simple et sa solution toute trouvée : en cas de réception de signaux de détresse, les trois fameux “Mayday”, tous les bateaux, y compris ceux de Frontex ont obligation d’abandonner leur mission première pour se transmuer en bateaux de secours et prendre en charge des êtres humains jetés à la mer sans précaution par des passeurs chèrement payés. Ce sont d’ailleurs ces passeurs qui lancent le signal de détresse avant de s’éclipser.

Les deux premières phrases de l’article, ici incriminé, nous indiquent que par le passé, les passeurs réussissaient à pervertir la mission de Frontex et Hugo Simon, auteur de cet article de La Croix, continue de pervertir les mots ! Il ajoute un peu plus loin : “Avec la décision d’utiliser des drones pour assurer la surveillance de la mer Méditerranée, c’est donc le rôle de l’UE dans la préservation de la vie des migrants qui est remis en cause“.

Il déplore donc que l’agence Frontex ait changé de méthode de travail. Cette agence est même soupçonnée dans l’article d’avertir la marine libyenne lorsqu’elle  détecte des embarcations chargées de clandestins et quittant les côtes libyennes. Cela ne plaît pas à notre Hugo Simon de La Croix. Il n’y voit pas une bonne manière européenne de responsabiliser tout le monde, y compris les passeurs et les esclaves  consentants, de leur rappeler que, eux aussi, ont le devoir de préserver des vies humaines ; à commencer par la leur. Tout le monde, y compris de l’autre côté de la Méditerranée, est digne de recevoir des  remontrances et des rappels à l’ordre moral humanitaire. Nous sommes bien égaux, n’est-ce pas ?

En bon chrétien, ou héritier de cette conviction, notre auteur est toujours persuadé que c’est à lui de battre sa coulpe. Il continue de penser que c’est à l’Europe que nous devons rappeler ses obligations de respecter les êtres humains, bien avant les esclavagistes africains. Autrement dit, avec sa bande d’experts, il cherche à  déresponsabiliser les Africains pour mieux culpabiliser les Européens. C’est les prendre et nous prendre pour des demeurés

Notre auteur ne veut pas considérer les Africains comme majeurs et indépendants. Ils sont pourtant capables d’entreprendre des révolutions, y compris dans leurs comportements. Ils sont en mesure de renverser des dictateurs et des gouvernements quand ils n’en sont pas contents ! Il y a longtemps qu’ils ont entendu et bien compris l’appel lancé au monde entier : Colonisés de toute l’Afrique, libérez-vous et n’attendez plus rien de l’Europe !

On dirait que notre distributeur de bons sentiments à travers La Croix prend les passeurs et les clandestins africains pour des sots ; eux qui, pourtant, font leur calcul économique et mental autrement plus vite qu’un Hugo Simon. Quant aux calculs soi-disant humanitaires, aux fameuses “valeurs” dont tout le monde se gargarise, ils en laissent le privilège aux Européens qui alimentent toujours un business douteux et très ambiguë de la charité. C’est ce que la Chine, par exemple, a toujours refusé. C’est ainsi qu’elle a su développer ses propres forces et tenir sur ses propres pieds.

Notre auteur de La Croix (comme bien des responsables d’ONG qu’il interroge), ne remarque même pas qu’à la suite des passeurs, il tente de pervertir les lois internationales et que seuls les navires sur zone ont obligation de secourir les bateaux en détresse. “Détresse non volontaire”, devrait-on préciser dans les lois internationales pour couper les vivres aux passeurs et aux clandestins qui,  ensemble, se moquent de nos lois et se paient nos têtes. Ce sont des hors-la-loi !

Nos organisations humanitaires n’ont pas encore compris que la Tunisie par exemple, pays sûr, pourrait être choisi comme havre d’accueil pour ces “naufragés volontaires”. À partir de ce pays africain, toute organisation réellement humanitaire pourrait leur venir en aide et faire le tri entre ceux qui engraissent sciemment les passeurs et ceux qui y sont contraints. Ce sont ces derniers, ces persécutés dans leurs pays d’origine qui ont droit à notre protection, dans la dignité, sans duperie aucune et sans qu’ils ne se fassent maltraiter et dépouiller par les passeurs libyens.

C’est in situ, en Afrique, que nous pouvons contribuer à améliorer le sort des Africains, bien avant qu’ils ne soient jetés à la mer par des négriers peu scrupuleux. Il est peut être temps de leur dire une vérité toute simple : prenez exemple sur la Chine et faites en sorte que votre continent si riche en toute chose devienne le champion de l’autosuffisance et pourquoi pas de la croissance.

Yes you can !”, comme pourrait dire Barak Obama.

Mais les marchands d’esclaves et bien des esclaves volontaires aimeraient pervertir le sens de la charité chrétienne et humanitaire. Ils continuent de trouver en Europe des idiots utiles à leur business. Tout ce travail vise à saper nos vraies valeurs humanitaires et le sens des mots qui sous-tend notre entendement.

Pervers des deux rives qui voulez en finir avec cette Europe et cet Occident que vous enviez et haïssez tant, votre discours lénifiant ne tient plus.

Pascal Hilout