Brésil : intervention du Pape et des évangélistes dans la campagne électorale

Dilma Roussef, la candidate adoubée par l’ex-président Lula, vient d’être élue avec plus de 55 % des voix.
La campagne présidentielle au Brésil a été marquée par une inquiétante ingérences des Eglises, chrétiennes cette fois-ci, qui ont profité de l’occasion pour conforter la législation en vigueur, qui interdit l’avortement.
Dans une campagne par ailleurs sâle à bien des égards, le thème de l’avortement préempta le débat électoral.
La candidate favorite était Dima Roussef, dauphine de Lula, dont on s’attendait qu’elle gagne dès le premier tour. Elle en fut empêchée par le surgissement d’une candidate écologiste, mais surtout évangéliste et violemment anti-avortement Marina Silva.
Aucun coup bas n’a été épargné à Dilma, qui a été contrainte à un second tout où elle était opposée au social-démocrate José Serra.
Une campagne active a été menée contre elle par des pasteurs évangéliques et des évêques catholiques, l’accusant d’être pour l’avortement. Cette campagne s’est poursuivie entre les deux tours.
Le Pape Benoit XVI est intervenu lui-aussi dans la campagne, déclarant que les prêtres brésiliens avaient le droit «d’émettre un jugement moral même en matière politique»
Les anti-avortement ont gagné même avant le résultat de l’élection, puisque tous les candidats se sont engagés à ne pas toucher à la législation en vigueur, qui interdit l’interruption de grossesse.
Cette intervention vient nous rappeler que les Eglises ne respectent jamais spontanément les prérogatives de l’Etat.
Je suis de ceux qui ne mettent pas toutes les religions sur le même plan, et j’ai plus d’une fois, dans ces colonnes, souligné la différence de dangerosité entre le christianisme et l’islam. Je suis capable d’apprécier les prises de positions de certains chrétiens islamo-vigilants, et de travailler avec eux sur des sujets ponctuels. Je suis du côté des chrétiens en cas de persécutions réelles, et il y en a. Mais cela ne me rend pas naïve pour autant. Si le christianisme, en France, est devenu moins dangereux, c’est parce que nos prédécesseurs dans le combat laïc lui ont assigné sa place. Il ne continuera de s’y cantoner que si nous restons vigilants.
Combattons l’islam en priorité, mais gardons quand même un oeil sur les autres religions. Aucune n’est inoffensive.
Catherine Ségurane
http://www.lepoint.fr/monde/presidentielle-au-bresil-dilma-la-candidate-de-lula-reprend-un-net-avantage-26-10-2010-1254322_24.php
http://www.lefigaro.fr/international/2010/10/29/01003-20101029ARTFIG00617-dilma-loin-devant-apres-une-campagne-deletere.php