Arlette Laguiller va-t-elle soutenir Zemmour ?
Avec la campagne présidentielle qui s’amorce, revoici celle qui, pendant plus de trente ans, nous agaça ou nous amusa de son incontournable présence et de ses discours commençant sempiternellement par “Travailleurs, travailleuses”.
Si en elle sourit désormais, sa marionnette des “Guignols” ne l’a pas toujours amusée .« Ils avaient laissé plus ou moins entendre que j’allais être très riche parce que, comme vous le savez, quand on a fait plus de 5 % aux élections, on est remboursé de ses frais de campagne… Ça m’avait un peu énervée, ils m’avaient représentée avec des bijoux. Ça, par exemple, j’avais pas aimé », tenant aussi à préciser qu’elle n’a jamais eu de mobylette.
Nul a pu oublier ce mémorable débat de 1988, avec Jean-Claude Martinez, député FN, voulant absolument l’appeler Arlette (cf. la seconde vidéo)…
Malgré ses 81 ans, l’ancienne porte-parole de Lutte ouvrière (1973-2008) n’a pas totalement raccroché, demeurant persuadée de la nécessité de renverser le capitalisme. Arlette Laguiller est la “recordwoman” du nombre de candidatures présidentielles en France. Elle s’est présentée six fois, a commencé en 1974, devenant la première femme à postuler à une telle élection, ce jusqu’en 2007.
En 1995, elle remporta 5,3 % des voix, en 2002, 5,72 %, une certaine “élite”, pas encore qualifiée de bobo mais tout comme… s’en étant entichée, tant voter Arlette était alors du dernier “smart“.
Engagée depuis toujours, Arlette Laguiller fait aujourd’hui le constat amer d’une gauche française qui a oublié la classe ouvrière. Un autre, qui a beaucoup piqué à Gorges Marchais, le dit aussi…
L’ex-députée européenne (1999-2004) rêve toujours d’un monde où l’on partagerait toutes les richesses, un monde plus juste où il n’y aurait plus cette dichotomie entre ce qu’elle appelle les « exploiteurs » et les « exploités ».
Si elle n’a pas réussi à conquérir le pouvoir et à changer le monde, ce à quoi elle n’a jamais vraiment cru, elle est satisfaite d’avoir fait avancer la cause des femmes : « Moi, ce que j’ai remarqué dans toutes les campagnes et surtout pour la première, c’est que d’un coup tous les hommes politiques se sont mis à parler des problèmes des femmes et de ce point de vue là, c’est déjà une petite victoire de voir qu’on en tenait compte […] Et quand en 1974 Valéry Giscard d’Estaing est élu – président de la République – il nomme une femme, Françoise Giroud, à la Condition féminine et j’avais l’habitude de dire : elle me doit sa place ! Parce ce que justement j’avais ouvert une voie ».
À côté de l’atrabilaire Mélenchon, Arlette nous paraît sympathique. Et l’on pourrait ajouter qu’avec Zemmour, elle partage sincérité et authenticité.
Va-t-elle délaisser Nathalie Arthaud et le soutenir ?
Daphné Rigobert
“Non! Ne m’appelez pas Arlette !”
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