Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté le 17 mars par 10 voix pour et 5 abstentions l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, alors que Kadhafi annonçait une offensive sur Benghazi.
Il s’agirait d’empêcher Kadhafi d’utiliser son aviation, mais dans les faits, c’est une véritable déclaration de guerre, puisque le Conseil autorise “toutes les mesures nécessaires”…
La Chine et la Russie se sont abstenues, mais n’ont pas utilisé leur veto pour bloquer ce texte. Ces deux pays ont préféré jouer la prudence et semblent douter d’une réelle efficacité de cette résolution pour faire plier Kadhafi, sans une intervention terrestre.
Les Etats Unis ont approuvé cette résolution, mais ont bien l’intention de laisser la France et l’Angleterre, mettre en œuvre les décisions de l’ONU, comme s’ils ne voulaient pas répéter les erreurs commises en Irak, avec les dégâts collatéraux que l’on connait aujourd’hui dans cette région du monde.
Les pays arabes ont approuvé des frappes aériennes pour forcer à Kadhafi à stopper son agression militaire contre son peuple, mais ne voudraient pas s’impliquer au delà d’un soutien de principe, considérant que ce qui se passe en Libye reste l’affaire des libyens.
Après le vote de cette résolution, la Libye a annoncé un cessez-le-feu immédiat. Des combats semblent pourtant toujours se dérouler à Ajdabiya. La communauté internationale et les rebelles sont sceptiques.
Le pouvoir libyen a de son côté dénoncé la décision du Conseil par la voix du vice-ministre des affaires étrangères, Khaled Kaaim. “Cette résolution traduit une attitude agressive de la communauté internationale, qui menace l’unité de la Libye et sa stabilité”, a déclaré M. Kaïm peu après le vote. Le responsable libyen a dénoncé un “complot” de la communauté internationale et “une volonté de pays comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, de diviser le pays”. Selon lui, la résolution est un “appel aux Libyens à s’entretuer”.
Sarkozy implique au premier rang la France dans cette guerre, alors même qu’il est incapable de régler les problèmes qui se posent à notre pays dans les tous les domaines de la vie économique, sociale et financière.
Si tout le monde s’accorde pour reconnaître que Kadhafi est un dictateur, cruel, sanguinaire, et mégalomane, il n’en demeure pas moins que tous les pays Occidentaux ont entretenu des relations commerciales avec la Libye, sans se préoccuper outre mesure que les droits de l’homme étaient en permanence bafoués par ce régime depuis 40 ans.
S’agirait-il de faire une guerre pour changer de régime politique en Libye. Le clown BHL aurait “gagné”… gagné comme en Iran Giscard en 1979…
C’est une sinistre farce, du point de vue de la Démocratie. Il n’y a pas de révolution en Libye, il y a soulèvement, révolte, de secteurs limités de la population, pour mettre quoi à la place ? Une assemblée constituante discutant la loi et assurant la liberté personnelle et les libertés collectives???
La raison essentielle de cette intervention militaire programmée par une coalition menée essentiellement par les Occidentaux ne serait pas, comme l’on veut nous le faire croire pour protéger exclusivement les populations civiles mais pour préserver des contrats commerciaux touchant à l’approvisionnement en or noir et en gaz des pays développés.
Il faut s’appeler Juppé, le comparse de Tarek OUBROU dans l’islamisation des écoles primaires de Bordeaux, pour faire semblant de le croire. Son discours au conseil de sécurité est un monument d’idiotie et, surtout, d’hypocrisie de camelot vendant un appareil qui ne marchera pas.
La France s’est engagée dans un conflit qui pourrait s’avérer coûteux et contre- productif sur le plan géopolitique dans une région déstabilisée suite à la révolte d’une partie du monde arabe qui a conduit à faire chuter Ben Ali en Tunisie et Hosni Moubarak en Egypte.
La France n’a pas l’intention d’intervenir au Yémen et au Bahreïn pour que cessent les répressions sanglantes menées par les régimes monarchiques de ces pays et dénoncer l’intervention militaire de l’Arabie Saoudite au Bahreïn pour mater la révolte des chiites.
Le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a affirmé aujourd’hui qu’Al-Qaïda avait établi un émirat islamique à Derna, dirigé par un ancien détenu de Guantanamo, au cours d’une réunion avec les ambassadeurs des pays de l’Union européenne.
“Al-Qaïda a établi un émirat à Derna, dirigé par Abdelkarim Al-Hasadi, un ancien détenu (du centre de détention américain) de Guantanamo”, a déclaré Khaled Kaïm, affirmant qu’Al-Qaïda envisageait un scénario “à la taliban” en Libye.
Il a précisé qu’Abdelkarim Al-Hasadi avait un “adjoint” établi à Al-Baïda, “membre aussi d’Al-Qaïda et qui s’appelle Kheirallah Barâassi”. “Maintenant, ils disposent d’une radio FM et commencent à imposer la Burqa”, a-t-il affirmé, ajoutant que ces islamistes avaient “exécuté des personnes parce qu’elles refusaient de coopérer”.
Qui sont réellement les insurgés qui s’opposent au régime de Kadhafi et que veulent-ils ?
Abou Yahya al-Libi, un Libyen considéré comme l’un des principaux théoriciens d’Al-Qaïda, a appelé les Libyens à poursuivre leur révolte “sans hésitation et sans peur afin de plonger Kadhafi dans l’abysse de la souffrance”.
Abdelkarim Al-Hasadi affirme lui vouloir un système de gouvernance “libre et égalitaire”, voyant dans le régime des talibans afghans des “avantages et des désavantages”. Mais il reste cependant vague sur ses idéologies politiques.
Des islamistes se trouvent certainement impliqués dans la lutte que mènent les insurgés contre le régime de Kadhafi. Il faut se rappeler que dans les années 90, l’emprisonnement et la répression des islamistes a provoqué dans le pays une radicalisation de la mouvance et malgré la proclamation de la Charia en 1994, en 1995 le Groupe Islamique Combattant en Libye (GICL) et le mouvement islamique des martyrs se sont lancés dans la lutte armée contre le régime. Ils appellent à cette époque au Djihad en pensant Kadhafi affaibli. Une sévère répression est engagée contre les islamistes laquelle durera quatre ans.
Nous ne savons pas si aujourd’hui, s’ils ont renoncé à instaurer un Etat islamique tel que prôné dans les années 1990, mais il semble que la menace existe.
L’hypothèse d’une internationalisation du combat au nom de l’Islam ne peut également être exclue en cas de prolongement des combats ou d’un rétablissement – improbable en l’état – de Kadhafi.
L’AQMI ne s’y est pas trompée en assurant les manifestants libyens de son soutien total, leur promettant de « faire tout son possible pour aider » l’insurrection contre le colonel Kadhafi et essayant ainsi de saisir l’occasion pour renforcer son implantation locale. La marge de manœuvre est donc faible pour la « communauté internationale » mais elle existe. Les puissances européennes redouteraient le surgissement et la consolidation d’un « micro-Afghanistan ».
C’est dans ce contexte très incertain et complexe de ce que représente réellement les insurgés que la classe politique allant de la Droite et la Gauche salue « la victoire diplomatique » remportée par la France dans le vote de cette résolution de l’ONU qui n’est en faite qu’une déclaration de guerre ouverte à la Libye, avec tous les risques qui pourraient surgir après la chute de Kadhafi.
Sarkozy a décidé d’engager une opération militaire aux conséquences imprévisibles, sans avoir au préalable consulté le Parlement. Une fois de plus, le peuple français a été mis devant le fait accompli et va devoir supporter une guerre qu’il n’aurait peut être pas souhaité, si l’on lui avait demandé son avis.
Seule Marine LE PEN s’est montrée sceptique sur cette intervention à haut risque.
La présidente du FN, Marine Le Pen, a jugé vendredi que la décision d’une intervention militaire en Libye arrivait “trop tard”, soulignant que pour y participer la France devrait déjà retrouver son armée “éparpillée partout dans le monde, embourbée en Afghanistan”.
“J’étais partisan d’une zone d’exclusion aérienne mais tout de suite. C’est trop tard maintenant”, a déclaré Mme Le Pen sur France Info.
Selon elle, “aujourd’hui, les armes utilisées par M. Kadhafi sont des armes terrestres, ce ne sont plus des armes aériennes, donc cette zone d’exclusion aérienne ne servira plus à rien”.
Depuis la décision de l’ONU, il y a plusieurs sites qui posent la question aux internautes, et une majorité désapprouvent l’intervention.
Cette désapprobation est illustrée par un sondage de l’Ifop paru le 4 mars : http://www.ifop.com/media/poll/1427-1-study_file.pdf
63% des personnes n’étaient pas favorables à “une intervention militaire des Nations Unies en Libye”, et 69% n’étaient pas favorables à une participation de la France à un tel engagement. C’est intéressant de voir que les plus partisans de l’intervention sont les jeunes. (Les vieux se méfient toujours des guerres, c’était déjà le cas pour la première guerre du Golfe.) Il n’y a pas de différences entre la gauche et la droite. Les plus hostiles à une intervention sont les sympathisants Front de gauche (alors que Mélenchon a largement approuvé l’intervention ce matin sur RMC…)
Sur les sites d’info, il me semble qu’il y a une majorité de nos compatriotes qui se demandent ce qu’on va faire dans cette galère. Beaucoup font le parallèle avec l’Irak et l’Afghanistan.
Les Occidentaux vont s’ingérer une nouvelle fois dans un conflit qui aurait dû être l’affaire des Libyens et également celui-de la Ligue Arabe, mieux à même d’intervenir pour résoudre cette crise régionale.
La France a décidé d’organiser à Paris samedi 19 mars un sommet international sur la Libye, pour préparer une intervention militaire, en présence du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Cette réunion a pour but d’y associer les pays arabes et africains.
Dans les informations que nous avons recueillies dans des articles spécialisés sur la stratégie militaire, les Occidentaux auraient l’intention de renverser Kadhafi en employant les grands moyens.
“Détruire, dans un premier temps, les défenses antiaériennes de la Libye afin de pouvoir envoyer les chasseurs dans un espace dégagé. Puis les pistes d’atterrissage, les postes de commandement et les radars. Autre cible potentielle, mais plus difficile à atteindre: les forces armées de Kadhafi, et notamment celles qui menacent de mater la rébellion à Benghazi.”
http://www.lefigaro.fr/international/2011/03/18/01003-20110318ARTFIG00718-libye-les-allies-mettent-au-point-leur-dispositif-militaire.php
“Traduit en termes militaires, le Conseil de sécurité donne le feu vert à la destruction de l’aviation libyenne (“faire en sorte que les aéronefs ne puissent être utilisés…”). Reste à bien comprendre ce que signifient “les mesures nécessaires pour protéger les populations et les zones civiles” ? Cet alinéa peut être lu comme l’autorisation de s’en prendre, par les airs, aux forces loyalistes (convois, artillerie, etc…)”
http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/Le-cadre-juridique-de-la-guerre-de-Libye_a172.html
“Plus complexes seraient des frappes visant à empêcher les forces fidèles à Kadhafi de prendre Benghazi. Ces missions “d’interdiction” consisteraient à détruire les moyens terrestres (convois de ravitaillement, 4×4, artillerie…) qui progressent le long de la côte en direction de l’Est. Il s’agit alors de frappes d’opportunité, sur ces objectifs mobiles – qui peuvent se cacher au milieu des civils”
http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/La-Libye-a-portee-d-ailes-actualise_a174.html
La coalition Occidentale a lancé son offensive militaire sur la Libye samedi 19 mars 2011 à 17h15.
Les premières frappes de l’opération « Aube de l’odyssée » ont entrainé la mort de 64 personnes et 150 blessés, selon la télévision libyenne.
Plus de 110 missiles visant 20 sites stratégiques, dont certains à Tripoli ont été tirés depuis des avions et des navires de la coalition de cinq armées occidententales, pour contraindre le Colonel Kadhafi à mettre fin aux attaques contre les civils.
Dans la nuit Kadhafi a fait une déclaration à la télévision libyenne comparant cette agression coloniale à une croisade contre l’intégrité de son Pays. Il a menacé de transformer la Méditerranée et l’Afrique du Nord en véritable champ de bataille. « Il est désormais nécessaire d’ouvrir les dépôts et d’armer toutes les masses, avec tout type d’armes, pour défendre l’indépendance, l’unité et l’honneur de la Libye », a-t-il ajouté.
Parallèlement, la télévision d’Etat a déclaré que la Libye mettait fin à tous ses efforts pour bloquer les immigrants clandestins en route vers l’Europe.
Ces déclarations de Kadhafi sont destinées à galvaniser ses partisans et à obtenir le soutien de l’opinion publique arabe contre l’agression des 0ccidentaux envers un pays arabe. ” La presse tunisienne a déjà réagi, en dénonçant l’intervention militaire en cours en Libye.
Des réactions hostiles à cette intervention militaire se font déjà entendre.
La Chine et la Russie, qui s’étaient abstenues sans opposer leur veto lors du vote de la résolution 1973, ont regretté les actions militaires. Le comité de l’Union africaine (UA) sur la Libye appelle à “la cessation immédiate de toutes les hostilités
La Ligue arabe vient également de critiquer les bombardements de la coalition internationale, considérant que celle-ci s’écarte de la résolution votée par l’ONU.
Dans un communiqué diffusé dimanche 20 mars, la Russie a appelé la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis à cesser les raids aériens contre ce qu’elle a qualifié de cibles non militaires en Libye, soulignant que les attaques ont fait des victimes civiles. «Nous appelons dès lors les pays impliqués à cesser le recours non sélectif à la force», a déclaré Alexander Loukachevitch, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Ceci prouve que cette initiative décidée par l’ONU n’est pas sans risque et qu’elle peut conduire à une aggravation de la tension dans les pays du Maghreb et du Moyen Orient.
Je terminerai par cette citation :
« La guerre est un mal qui déshonore le genre humain » (Fénelon).
Fabrice LETAILLEUR
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