Législatives : Marine Le Pen refuse de partager la boite à sucre
Marine Le Pen refuse de partager « la boite à sucre » avec Eric Zemmour.
On est presque dans « la folie des grandeurs » ou dans une nouvelle version des « tontons flingueurs », avec dialogues de Michel Audiard revisités par Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen.
Pas folle la guêpe ! Le refus de Marine Le Pen de s’allier, au premier tour des législatives, avec Eric Zemmour et Reconquête, mais aussi avec Nicolas Dupont-Aignan ne relève pas de rancoeurs ou des haines liées à la campagne des présidentielles.
La fille Le Pen a tout simplement besoin d’argent pour solder ses frais de campagne et pour faire tourner le Rassemblement National. Car l’enjeu du premier tour est financier ! Le financement public des partis politiques dépend de leur score aux législatives. L’Etat leur reverse de l’argent en fonction du nombre de députés élus, mais aussi s’ils obtiennent plus de 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions.
Chaque voix obtenue au premier tour des législatives rapporte alors 1,42 euros par an au parti, soit 7,10 euros pour les 5 prochaines années. Marine Le Pen ayant obtenue 8 136 369 voix au premier tour de l’élection présidentielle, elle espère capitaliser ses voix au premier tour des élections législatives dans les 577 circonscriptions françaises. En présentant un candidat partout, le jackpot s’élève à 11 553 643,98 euros par an et à 57 768 219,90 euros pour les cinq années à venir. Pas de la menue monnaie !
Donc le Rassemblement National a intérêt à avoir un candidat dans chaque circonscription législative et que tous ses candidats obtiennent des scores élevés, qu’ils soient ensuite élus ou non à l’Assemblée. Pourquoi irait-elle partager ce trésor de guerre avec le parti d’Eric Zemmour ou avec celui de Nicolas Dupont-Aignan ?
Après cette première source de financement liée au suffrage direct, il existe une deuxième source. Il s’agit du nombre d’élus, avec le versement par l’état au parti politique d’une manne moyenne de 37 280 euros par député et par an.
Pour bénéficier de ce trésor de guerre, il faut respecter une règle, à savoir l’inscription au ministère de l’Intérieur du mouvement pour lequel on se présente. Pas de parti, pas de remboursement !
Contacté par téléphone ce 26 avril 2022, le bureau des élections du ministère de l’intérieur nous précise que « 63 partis sont enregistrés à ce jour, et vont présenter des candidats en juin ». Dont acte.
Certains nouveaux venus sont même très très bien organisés. Même Jean Lassalle, le berger des Pyrénées, dénigré (injustement ?) quelquefois sur le site de RL, a parfaitement compris le système de la « poule aux oeufs d’or » et compte présenter des candidats dans les 577 circonscriptions de la République, sous la bannière « Résistons! ». Il a sollicité des volontaires parmi tous ses soutiens pour candidater, avec un accompagnement maximum. Même s’il n’a aucun diplôme et s’est construit tout seul, l’homme a beaucoup appris en quelques années, via notamment sa directrice de campagne de 2017, une certaine Sarah Knafo, une haute fonctionnaire française issue de l’ENA, promue directrice de la campagne d’Eric Zemmour en 2022.
Jean Lassalle écrit à ses volontaires : « Le coût minimal comprend les frais de la propagande officielle, à savoir circulaires (ou professions de foi ou projet), bulletins de vote et affiches. Notre imprimeur nous propose un package à 2 300 euros TTC, transport compris, et comprenant le nécessaire pour chaque circonscription…..
« L’enjeu est financier, ajoute le président de « Résistons! ». Si nous avons plus de 50 candidats qui font plus de 1 %, chaque voix rapporte 1,42 euros/an à notre mouvement. Cela permettra d’apporter des finances importantes et stables pour notre mouvement, pour son avenir et son développement…. ».
Face à ce prévisible trésor de guerre, les Le Pen ont fait les comptes. Depuis leur réconciliation, on imagine très bien le vieux Jean-Marie disant à sa fille « Marine, faut pas qu’ils touchent au grisbi. Ne les laisse surtout pas piocher dans la boite à sucre » dans un échange à Saint-Cloud digne des meilleurs dialogues du réalisateur Michel Audiard, en dégustant une bandasse.
L’absence d’accord avec Eric Zemmour ne relèverait pas du scénario Le Corps de mon ennemi film d’Henri Verneuil.
Mais bien d’une logique financière, car il faut beaucoup d’argent pour devenir le premier parti de France.
Francis GRUZELLE
Journaliste et écrivain
Carte de Presse 55411
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