En 1961, le colonel Pierre Chateau-Jobert, alias Conan, l’un des officiers les plus décorés de France avec Marcel Bigeard *(4) et Raoul Salan, inscrit au tableau d’avancement pour le grade de général de brigade, aurait pu “fermer sa gueule” et “attendre que les choses se tassent”. Il a préféré l’action au sein de l’OAS au déshonneur !
Il y a 15 ans, le 29 décembre, la France perdait Conan, son spécialiste de la contre-révolution, qui avait pronostiqué (il l’avait écrit) dès 1976 l’invasion migratoire de la France. Le colonel Chateau-Jobert avait été aussi l’un des fondateurs des troupes aéroportées. Il était un modèle incontournable pour de nombreux officiers parachutistes. Portrait d’un héros, authentique patriote, spécialiste de l’infiltration dans les lignes ennemies de 1943 à 1945 et des guerres coloniales, qui ne pardonna pas au général de Gaulle ses reniements autour d’une Algérie française. Notre hommage s’inscrit en droite ligne comme un complément de l’enquête de l’hebdomadaire “Marianne” paru le 26 décembre 2020
https://www.marianne.net/monde/geopolitique/et-si-lalgerie-etait-restee-francaise
Pierre Chateau-Jobert est décédé le jeudi 29 décembre 2005, à 93 ans, à Caumont-l’Eventé dans le Calvados. Il est inhumé à Morlaix. Le Colonel Jean Sassi *(1) prononça son éloge funèbre, appelant la patrie sourde à la reconnaissance. Pierre Chateau-Jobert, alias Conan, repose à Morlaix, sa ville natale, et dans cette région où il s’était retiré après une vie de baroud, de vrai patriote.
https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/pierre-chateau-jobert
Le 22 octobre 2010, à l’initiative de l’Union nationale des parachutistes, une stèle à son effigie fut inaugurée à Pau, dans l’enceinte de l’École des troupes aéroportées dont il fut l’un des créateurs. Un individu – aliéné par la propagande FLN et marxiste – ayant dénoncé « cette infamie » avec l’appui de Mediapart, aucun édile de la République n’eut le courage de venir saluer sa mémoire. Notre “carré de fidèles” était des plus réduits pour un ultime hommage à ce stratège ayant tout donné pour la France, pour le peuple de France.
En cette année sarkozyste tous frémirent : de Martine Lignières-Cassou, maire, issue de pied-noir, à Hervé Morin, ministre de la défense nationale replié sur son siège éjectable. Tous portés pâles. Tous pétrifiés de trouille. Voilà son plus bel hommage.
Dans les années 60, le patriote et héros Pierre Chateau-Jobert, alias Conan, était l’homme le plus recherché de France. Car il était le seul des 1038 compagnons de la Libération qui refusait de suivre et de cautionner le Général de Gaulle dans son reniement de l’Algérie française.
Car Conan restera pour l’éternité de “cette confrérie de rebelles”, de ces héros qui risquent sans compter et surgissent parfois de notre glèbe pour “relever l’honneur” et pour “reforger la nation”. Que nos jeunes s’inspirent de lui ! “Car les vrais héros ne bombent pas le torse” m’avait glissé Pierre Chateau-Jobert à son domicile de Caumont-l’Eventé pour la présentation d’un ouvrage de souvenirs personnels, après le succès de son livre “La confrontation Révolution Contrerévolution”.
Lorsque je l’ai questionné sur le contenu de ce dernier livre, le colonel Chateau-Jobert expliqua : “Oui, c’est un livre qui ose parler d’employer des armes, mais quand il s’agit de se défendre, et dans le seul cas où il n’y a plus d’autres moyen pour empêcher certains d’assassiner les autres… C’est un livre basé sur la charité : il faut sauver les hommes et défendre les valeurs chrétiennes de notre civilisation, car, hors d’elles, parler de justice et liberté n’est que du bluff”.
Les deux livres phares du colonel Pierre Chateau-Jobert, prémonitoires de la France de 2020-2030 “submergée par des hordes tiers-mondistes et marxistes” selon les propos de Conan, le seul des 1038 compagnons de la libération ayant refusé allégence à Charles de Gaulle, surnommé “Darius” par Conan.
La vie de Pierre Chateau-Jobert est difficile à résumer. On peut le classer dans les hommes d’action, parachutiste. Celui que ses camarades ont surnommé le “capitaine Conan” et qui commandait l’une des fameuses unités S.A.S., spécialisée dans les actions de commandos et la guérilla (1943-1945), “l’un des meilleurs” selon ses camarades Antoine Argoud *(2) et Roger Trinquier *(3).
1956 : Egypte, Port-Saïd, à la tête de ses hommes, le colonel Chateau-Jobert s’assure que tous les objectifs sont atteints. Par radio, il demande au général Salan le feu vert pour poursuivre son offensive vers Le Caire, afin de liquider le dictateur égyptien Nasser qui fournit des armes aux rebelles du FLN, après que le général Massu lui ait ordonné de rester sur ses positions. “Conan, permission refusée” répond le général Salan.
Pierre était un baroudeur, Conan un stratège
Il était alors considéré comme l’un des officiers supérieurs les plus prometteurs de France. En 1957, Pierre Château-Jobert, alors colonel, commande à Bayonne la brigade (poste traditionnellement réservé à un général) de parachutistes coloniaux (BPC), qui devient en 1958 la brigade parachutiste d’outre-mer. En mai 1958, il soutient le mouvement en faveur du maintien de l’Algérie française. De Gaulle redoute les réactions futures de Conan, à la tête d’une troupe d’élite en métropole, à deux heures de Paris en terme de largage.
De Gaulle affecte le “bouillant colonel” Chateau-Jobert au Niger, en mars 1961, pour le commandement des troupes du Niger ouest. Mais Conan réaffirme son appui au maintien de l’Algérie française après le putsch déclenché à Alger le 22 avril 1961.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2005/12/30/pierre-chateau-jobert-compagnon-de-la-liberation_725813_3382.html
Condamné à plusieurs mois d’arrêts de forteresse, il est affecté, en octobre, à l’état-major du préfet maritime de Cherbourg. En janvier 1962, il part clandestinement en Algérie et prend le commandement d’une des trois régions de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète), dans la région de Constantine. En septembre 1962, il crée le Mouvement de combat contre-révolutionnaire (MCR) de tendance catholique.
Pierre Chateau-Jobert, c’est aussi celui qui fut parachuté avec son régiment sur Port-Saïd, lors de l’affaire du canal de Suez, en 1956, celui que l’on nommait “le dernier des irréductibles” (Paris Presse) lorsqu’il fut condamné à mort en 1965, mais jamais pris. Après avoir été condamné à mort par contumace en 1965 par la Cour de sûreté de l’Etat, Pierre Château-Jobert vit plusieurs années dans la clandestinité, avant de rentrer en France grâce au décret d’amnistie de 1968.
Chaque 29 décembre, une délégation de l’Union Nationale des parachutistes, se retrouve devant la tombe du colonel Chateau-Jobert, pour rendre hommage à ce héros qui aimait tant la France.
“L’ennemi de la France est à l’intérieur et très subversif” (1975)
Cet homme d’action exceptionnel fut aussi homme de réflexion : confronté à la guerre subversive, il médita les façons de la gagner. Devenu contre-révolutionnaire, il publia, aux Presses de la Cité et aux éditions de Chiré, plusieurs ouvrages de théorie et de pratique sur la guerre révolutionnaire et l’action contre-révolutionnaire. La réédition de “La confrontation Révolution-Contrerévolution” augmentée d’une très bonne présentation de Christian Lagrave, voici plusieurs années, témoigne de l’inquiétude de dizaines de milliers de patriotes qui ne se résignent pas au lent déclin de la France et aux constants progrès de l’invasion de la Subversion.
“L’adversaire est à l’intérieur même du pays, comme il est à l’extérieur… La guerre qu’il nous fait est révolutionnaire” écrivait Conan dans la préface de son manuel “La confrontation Révolution Contrerévolution”.
Évoquant le risque migratoire, Pierre Chateau-Jobert lançait un avertissement en page 124 de son livre : “Ne pas lutter contre le mal, c’est accepter que le mal triomphe”. Du point de vue de la doctrine, le colonel Chateau-Jobert mettait en garde les patriotes : “Une majorité est toujours vaincue par une minorité” (pages 74, 125).
Conan dénonçait aussi, en 1976, la “faculté d’insurrection de certaines communautés” et “les formations doctrinales à tuer des Français” (page 78). Le visionnaire Chateau-Jobert proposait des solutions simples pour la France (page 260) : “Dans les villes et villages, la préparation de la résistance active peut avantageusement s’étudier dans les divers cadres professionnels, puisque c’est dans ce cadre, en général, que l’activité des résistants pourra le plus facilement se manifester…”. Avec de multiples conseils pratiques de logistique, d’organisation, de structuration, etc., etc.
Nous étions en 1976, oui, et pas en 2015 au Bataclan ! Conan était bien “la voix du pays réel”…
Francis GRUZELLE
Carte de Presse 55411
Le colonel Chateau-Jobert est l’auteur de plusieurs ouvrages :
– Manifeste politique et social, Éditions du Fuseau (1964)
– La confrontation Révolution-Contrerévolution, Diffusion de la Pensée française (1975 et 1986)
– Feux et lumières sur ma trace – Faits de Guerre et de Paix, Presses de la Cité (1978)
– La voix du pays réel, Nouvelles Éditions latines (1981)
– Doctrine d’action contrerévolutionnaire, Éditions de Chiré (1986)
– SCOR, SOS contre la révolution (1987)
*(1) Jean Sassi (11 juin 1917, à Tunis – 9 janvier 2009, à Eaubonne) est un colonel de l’armée française, figure des Forces spéciales durant la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Indochine. Hélie de Saint-Marc évoquait ainsi Jean Sassi : « Le colonel Sassi, une haute et noble figure de notre génération de Soldats, sait mieux que quiconque ce que furent nos aventures et nos drames ».
Parmi les hommages qui ont suivi sa disparition, on peut citer le général (2S) Christian Piquemal, président de l’Union nationale des parachutistes (UNP), qui évoque « un extraordinaire serviteur de la France, véritable icône, soldat exceptionnel, un grand parmi les plus grands, légende et monument des parachutistes ».
*(2) Le colonel Antoine Argoud, né le 26 juin 1914 à Darney (Vosges) et mort le 10 juin 2004 à Épinal (Vosges), est un officier supérieur français, issu de l’école polytechnique. Il fait partie de l’Armée de Vichy en Afrique du Nord, puis combat dans l’Armée française de la Libération en Afrique et jusqu’en Allemagne. Après la guerre d’Algérie, il est condamné, en 1964, à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour de sûreté de l’État pour son activité au sein de l’OAS et il est finalement amnistié en 1968.
*(3) Roger Trinquier, né le 20 mars 1908 à La Beaume (Hautes-Alpes) et mort le 11 janvier 1986 à Vence, est un officier parachutiste, ayant participé à la guerre d’Indochine, à la crise de Suez et à la guerre d’Algérie. En tant que membre de l’état-major de la 10ème division parachutiste de Jacques Massu, il prend part, dans un rôle de premier plan, à la bataille d’Alger en 1957.
*(4) Le général Bigeard demeure à ce jour le général français le plus décoré de l’armée française au XX siècle, avec 27 citations. Ancien résistant, son nom reste associé à la guerre d’Indochine et à celle d’Algérie. Il sera, après sa carrière dans l’armée, secrétaire d’État à la Défense nationale et député. Une Fondation portant son nom a été créée le 9 juin 2011.
https://www.fnapara.fr/wp-content/uploads/2016/07/La-legende-Bigeard-une-rage-de-vaincre-rare-aujourdhui.pdf
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