Eric Zemmour n’a fait qu’une bouchée de Mademoiselle Benomar et du petit Viktorovitch
Ce matin, fait rarissime, Eric Zemmour était sur le plateau de L’heure des pros, l’émission de Pascal Praud sur Cnews ex-i-télé, la chaîne qui l’avait licencié pour des propos qu’il n’a jamais prononcés. Le point de départ de l’émission était l’annulation par la Cour de Cassation, de la condamnation de l’écrivain dans l’affaire du Corriere della Sera[1].
Durant les deux débats, un très bon Zemmour bien épaulé par Jean-Claude Dassier, plus petitement par Jérôme Béglé et opposé à mademoiselle Fatima Benomar ex-Osez le féminisme, ex-Front de gauche et aujourd’hui à la tête des Effronté-e-s, une Maghrébine grande gueule (un pléonasme) à laquelle s’allie Clément Viktorovitch, docteur en sciences politiques, professeur de rhétorique à Sciences-Po, chercheur au Laboratoire Communication et Politique (CNRS), directeur de l’université populaire Politeia et sans doute à la tête de quelques œuvres subalternes, mais à coup sûr un phénomène d’arrogance à qui Zemmour a claqué le bec à plusieurs reprises.
Un non-événement a eu lieu avec un obscur chanteur qui a pris le nom d’un des plus célèbres cartels colombiens de la drogue. Ce Cali est monté à l’assaut de Zemmour à la dix-neuvième minute du premier débat et s’est débandé vingt-deux secondes plus tard. La cause de cette fuite, Zemmour a refusé de faire acte de repentance envers un rappeur –un certain Youssoupha, de son nom complet Youssoupha Mabiki, né à Kinshasa, Français de papier qui avait chanté “j’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour” (comprendre “je mets une prime sur celui qui tuera Zemmour” – mais évidemment nos juges ont donné raison à Youssoupha dont, selon eux, les propos «n’excédaient pas les limites admissibles en matière de liberté d’expression artistique».
Et Zemmour en remet une couche, pour lui, le rap reste un sous art. Cali(méro) alors se lève et quitte le plateau pour ne pas y être en présence d’Eric Zemmour. Il était pourtant au courant que l’auteur du Suicide français serait là. Et bien là. Depuis Clavel et son départ en 1971 d’un plateau ORTF, on a vu des palanquées de Cali(nothéraputes) quitter les émissions. Pour le buzz, comme le souligne aussitôt, Pascal Praud.
A part cet épisode plus comique qu’autre chose, on a vu l’affrontement entre les gens vivant dans le réel comme Zemmour, Dassier et Béglé et deux allégories du politiquement correct, des fantômes grinçants de la non-réalité de notre pays.
Fatima Benomar voulant que Zemmour l’appelle “Madame” parce qu’elle trouve intrusif que l’on sache qu’elle n’est pas mariée – et Zemmour se faisant un malin plaisir à lui donner du “demoiselle”-, a sorti une litanie de lieux communs à “deux balles” que bien sûr Praud trouve d’une extrême finesse. La donzelle, française de papier (elle est arrivée du Maroc à 17 ans), pédale dans le couscous dès qu’il s’agit de parler d’islam, de Coran, de banlieue. Elle ne connaît pas Boualem Sansal et pérore sur tous les “pasdamalgmes” possibles et imaginables. Elle dit avoir été musulmane et être aujourd’hui athée. Sait-elle qu’elle risque l’égorgement puisqu’il est impossible de quitter la “soumission” sans être condamné à mort ?
Clément Viktorovitch, se trompe sur le siècle de Benjamin Constant, mais surtout pense avec Jürgen Habermas, théoricien du Patriotisme constitutionnel, patriotisme déconnecté de l’État-Nation, – on ne doit pas se sentir attaché à son pays, mais aux institutions démocratiques qui garantissent le respect des citoyens. Habermas a analysé que l’apparition de minorités culturelles de plus en plus importantes dans les pays européens implique qu’on repense la citoyenneté. L’État de droit doit pouvoir garantir aux minorités le respect le plus complet de leur identité, de leur langue et de leur religion.
Autrement dit, la démocratie n’est plus le gouvernement du peuple par le peuple, mais celui des juges qui interprètent les lois. Pour Habermas, en filigrane, l’Etat de droit est supérieur à la volonté du peuple.
Le petit Clément Viktorovitch, qui a travaillé sur Habermas durant sa collection de diplômes, et qui défend les vues du philosophe allemand, est envoyé dans les cordes intellectuelles du débat.
Zemmour a une présence physique et d’esprit que plus d’un politicard doit lui envier sans parler de tous les journaleux qui le jalousent et veulent qu’il se taise.
Remercions Pascal Praud de l’avoir invité. Pour une fois que Jakubowicz n’était pas là avec son sourire de rançonneur, on respirait.
Mademoiselle Benomar et le petit Viktorovitch ont été de parfaits faire-valoir. Et Zemmour a montré une fois encore qu’il vaut vraiment beaucoup… dans la défense de nos idées. Merci Eric.
Marcus Graven
[1] Une interview d’Eric Zemmour parue dans le Corriere della Sera avait fait l’objet d’une traduction largement déformée. Le terme qui avait provoqué une vive polémique était celui de “déporté”, mot que le journaliste ayant procédé à l’interview avait reconnu que Zemmour n’avait jamais prononcé. En dépit de cela, Éric Zemmour avait été condamné notamment à 15000 euros d’amende. Une campagne médiatique avait eu lieu pour demander sa tête. I-télé l’avait chassé et je me souviens d’Yves Calvi s’en prenant en direct sur RTL au polémiste le plus talentueux de notre époque.