Tout trahit chez Blanquer son adhésion à l’Ecole de Meirieu

Quelques effets d’annonce sur fond de mécontentement général, une presse très complaisante, Blanquer a le vent en poupe ! Et en attendant d’être à nouveau trahis, les Français lui font la fête !
Mais qui est donc ce personnage qui se dit « ni de droite, ni de gauche » ? Il est vrai que cela devient très à la mode ! Un parcours bien ordinaire : une maîtrise de philo, un doctorat à Science Po, cette école où l’on apprend à dire tout et son contraire avec la plus grande assurance !

Revenons à l’année 2008 : Sarkozy et son ministre Darcos, dévoilent dans Le Monde du 18 juillet 2008 les grandes lignes de leur politique éducative : discrimination positive, démantèlement des filières, bannissement de la sélection… Du Belkacem avant la date : les lobbys pédagogistes avaient donc encore de belles années devant eux !

Mais c’est à l’occasion du remplacement de Darcos par Luc Châtel en 2009 que Blanquer prend du galon en devenant Directeur de l’enseignement scolaire : la DGESCO. Peu embarrassé par les audaces de son ministre, qui n’a pas hésité à supprimer l’enseignement de l’histoire-géo en terminale scientifique, malgré une vive protestation, le voilà qui aujourd’hui pleurniche en faveur du rétablissement de l’histoire chronologique !

Se rebelle-t-il comme un Laurent Lafforgue (médaille Fields de mathématiques) qui n’a pas hésité à désavouer avec vigueur les égarements du Haut Conseil de l’Education dont il démissionne en novembre 2005, ou encore comme un Jean-Paul Brighelli, normalien mais aussi homme de terrain qui ne craint pas de dénoncer la baisse du niveau des élèves et le repli des exigences dans les programmes scolaires du secondaire ?

http://www.en-aparte.com/2013/06/28/laurent-lafforgue-mathematicien-leducation-nationale-est-devenue-un-vaste-mensonge/

Non rien de tout cela. Blanquer est resté peinard dans la hiérarchie de l’Education nationale sous tous les ministères, de droite ou de gauche, sans dénoncer quoi que ce soit. La réforme du collège de Najat Vallaud Belkacem entrée en vigueur à la rentrée 2016 ? Il n’a jamais envisagé de la remettre en cause. D’ailleurs, si l’on y regarde de plus près, les grands axes de cette réforme sont repris dans les projets de Blanquer : place à l’interdiscipline, priorité aux travaux de groupe, priorité à l’anglais («la langue de l’international »)et fin de toute sélection.

Tout trahit chez Blanquer, son adhésion à l’Ecole de Meirieu. Une école dans laquelle l’élève, au centre du système éducatif, est invité à construire ses propres savoirs. Cela porte un nom : le constructivisme ! On en retrouve l’idée dans les fameux « parcours » qui réapparaissent à propos du démantèlement des filières L, S et ES prôné par le rapport Mathiot, ce directeur de l’Institut d’études Politiques de Lille (Science po Lille, tiens donc ! ) auquel Blanquer a confié la mission de proposer une réforme du lycée. A croire qu’il n’y a suffisamment de personnes compétentes au sein de l’Education Nationale pour plancher sur le sujet ! Bien sûr, conscient des enjeux, Blanquer hésite à suivre les conclusions du rapport Mathiot qui risquent de lui valoir un véritable limogeage politique !

Tordre le cou aux filières scientifiques soi-disant responsables de la plus honteuse sélection, voilà le rêve de Darcos qui va peut-être enfin se réaliser ! Chacun règle ses comptes personnels comme il le peut !
La diabolisation des enseignements disciplinaires est bien réelle chez celui qui ne jure, comme ses prédécesseurs que par l’interdisciplinarité, érigée en dogme absolu. Il oublie pourtant l’essentiel : l’existence de logiques disciplinaires autonomes et indispensables aux processus d’apprentissage.

Chaque discipline a en effet son propre vocabulaire, ses propres concepts et vouloir les amalgamer d’emblée ne conduit qu’à la confusion intellectuelle dont les enseignants voient tous les jours les ravages. Comme le rappelle Laurent Lafforgue, on doit aller du plus simple au plus compliqué et non l’inverse !

C’est donc l’idéologie des TPE (travaux personnels encadrés) mis en place par Allègre en 2002 qui revient au pas de charge. Pris sur les horaires des enseignements fondamentaux, ces « activités » consistaient à faire travailler des élèves par petits groupes sur une « problématique » impliquant plusieurs matières. Un exercice qui ne profitait en pratique qu’aux « bons » élèves, tout en donnant aux autres l’illusion de maîtriser des sujets qui les dépassaient complètement. Le tout faussé par une utilisation très pervertie d’internet… J’ai eu droit, en tant qu’enseignant, à un TPE sur … la stabilité du proton (rien que cela) : un sujet sur lequel les physiciens de haut rang du monde entier n’ont aucune certitude ! Eh bien le « Grand oral » qui remplacera les épreuves du baccalauréat va s’inspirer de ce modèle, ce qui suscite déjà les plus vives critiques. Ainsi Blanche Lochmann, présidente de la société des Agrégés y voit « un contenu indigent, saupoudré de culture générale et d’esprit de synthèse. C’est un peu Science Po qui débarque au lycée ! ».

Enfin sous prétexte de simplifier le bac, le ministre entend accorder une part plus importante au contrôle continu, alors qu’on sait déjà que là où il est institué, notamment en langue vivante, les enseignants passent leur temps à faire des évaluations, au détriment même de leur enseignement.

Enfin, rappelle Anne-Sophie Nogaret auteur de l’ouvrage « Du Mammouth au Titanic » : «  le renforcement du contrôle continu va accentuer de manière pathologique la pression exercée sur les professeurs par les parents et la hiérarchie ». Sans compter les prévisibles disparités d’un établissement à l’autre : une manière de faire de la discrimination positive en toute discrétion !

Partout où le contrôle continu a été institué, on a assisté à de véritables usines à gaz au point que les élèves ne comprennent même plus ce que l’on attend d’eux. Ainsi, le nouveau Brevet des collèges est bien significatif à cet égard ! Il faut lire les commentaires des collégiens sur le site ci-dessous pour comprendre à quel point la sophistication de l’évaluation tend à l’absurdité !

http://www.geombre.fr/2017/06/le-nouveau-brevet-des-colleges-le-controle-continu-est-modifie-comment-calculer-ses-points-avant-l-epreuve.html

En définitive le projet du ministre de Macron n’est autre que l’avènement du LYCEE UNIQUE, prolongation du COLLEGE UNIQUE : un même formatage pour tous les élèves, le clonage d’une génération d’élèves dont il faut contrôler la pensée. Au lieu de tirer les leçons de l’effondrement du collège (baisse de niveau généralisée, absence de toute sélection, inappétence scolaire, développement exponentiel de l’absentéisme..) on en transpose la philosophie jusqu’à l’entrée dans l’enseignement supérieur. On le dit même haut et fort : le bac n’est plus là pour sanctionner une scolarité. Partant, il ne sert donc plus à rien. Le supérieur pour tous ! Une conception de l’égalité aussi illusoire que suicidaire.

Pas étonnant dans ces conditions que l’on assiste depuis plusieurs années à un développement sans précédent de l’école « hors-contrat », qui échappe encore à la mainmise idéologique de l’Etat, au grand désespoir ce celui-ci. D’où la volonté du pouvoir en place d’encadrer le régime d’ouverture de classes de ces écoles. Personne ne doit en effet s’opposer à cette nouvelle forme de résistance au système ! Un aspect de la réforme, qui passe relativement inaperçu mais qui a de quoi inquiéter.

Ce à quoi s’ajoute un phénomène nouveau mais bien symptomatique du malaise actuel : l’école à la maison qui touche quelques 25000 enfants (en constante augmentation). Souvent par stratégie d’évitement de l’école du quartier dont la réputation laisse à désirer…

Malgré le matraquage médiatique pro-Blanquer, à la faveur de quelques déclarations rassurantes, le risque est de taille de voir s’effondrer définitivement, ce qui reste encore d’un peu consistant dans l’Education Nationale.

Philippe Fretté

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17 Commentaires

  1. Belle unanimité des commentaires !!! Sans doute des admirateurs de Belkassine ?
    Priorité au CP, fondamentaux, latin/grec, Sélection en Université, Grand oral, Maths, etc…..
    C’est pas nouveau ? Dans le bons sens ? Je souris… bêtement ?

  2. Blanquer est le parfait rouage de la destruction de l’école.
    Au lieu de donner des moyens pour la fermeté et une discipline sans concession, il materne un peu plus les élèves grâce à l’argent de nos impôts.
    Au lieu d’exiger que les familles parlent français et s’intègrent, il dédouble les classes à fort pourcentage d’élèves en difficulté.
    Il veut instaurer un bac selon le modèle allemand, sauf que le bac allemand est basé sur un contrôle continu contrôlé par l’équivalent des académies et que les élèves entrent à l’université à condition d’avoir les notes de bac requises dans la filière choisie. Bref, la sélection, quoi, vilain mot interdit chez nous

  3. Merci pour cet article très instructif même si l’on peut constater que l’école en France part dans la l’absurdité, l’inculture. Il est évident que ces politiques souhaitent la décadence de notre éducation nationale ne serait ce que pour eux, leur avortons qui seront les seuls à pouvoir bénéficier des bienfaits des grandes écoles et garder le pouvoir politique et décisionnaire définitivement sur les sans dents. C’est ce que l’on appelle le fascisme mondialiste, la vision macroniste actuelle des pourris qui ont programmé notre mort.

    • Moi, puisque je suis tout seul à le penser, je reve d un retour a l enseignement d avant 68 celui où l effort individuel apportait des résultats et où le fils d’ ouvrier qui en voulait pouvait obtenir les plus hauts diplômes avec une petite bourse qu’ on aurait pu améliorer pour les plus méritants: mais vous me direz que c’ est de l élitisme?
      Oui oui oui, je préfère être greffé du coeur par un chirurgien ayant une bonne formation de base sachant comprendre le francais, l anglais, la physique et la chimie, les sciences nats, que par un gus qui aura traîné les facs nulles sans bases solides et qui comprendra approximativement l’ usage de son matériel ou la lecture d’ un rapport!

  4. Inutile de perdre du temps dans des évaluations rognant le temps d’enseignement. Il faut supprimer le bac, le remplacer par une attestation de fin d’études secondaires et laisser les universités choisir leurs étudiants.

  5. J’ai un jeune stagiaire de troisième dans l’entreprise. Je l’ai pris pour voir un peu le niveau de la victime des pédagogistes et de la méthode globale. Ils ont parfaitement réussi. Le problème est que dans les familles “bourgeoises” on peut palier l’abrutissement généralisé par des cours particuliers, ce qui accentue les inégalités, en particulier avec les jeunes des ZUS. Mais la barrière, le mur, c’est l’entreprise, là, ça rigole plus, les incultes illettrés lambda 04 on n’en a pas besoin : trop dangereux.

    • Je croise régulièrement de jeune ingénieurs et des moins jeunes incapables de rédiger un compte rendu et plus grave incapables d’évaluer la résistance d’une poutre avec une simple règle de trois

    • Après le déjeuner et avant la sieste,ma petite-fille est retournée à la table basse du salon.Elle a dit: “maintenant,je peux continuer mon dessin”.Texto,pas un mot en plus ou en moins.Et elle a 3 ans et 3 semaines.Elle apprend à parler comme ça tout naturellement,en famille.
      Si l’école n’est pas centrée sur les fondamentaux,combien d’enfants moins “chanceux” vont baragouiner le français,rater leurs études et peut-être leur vie par manque de maîtrise de la langue.
      Depuis des décennies on poursuit l’égalité en abaissant le niveau des plus favorisés.Il ne faudrait pas plutôt réhausser le niveau des moins favorisés ?
      Cherchez l’erreur.
      Dogmatisme,idéologie . Gross Konnerie !!!

      • Un drame supplémentaire : bien souvent, comme aujourd’hui “tout se vaut”, (y compris professionnellement où on pense qu’il suffit de “taper- très-vite-sur-son-clavier” pour maîtriser n’importe quel métier), les arrivants sur le marché du travail se proclament grands savants spécialistes, parce qu’il y a aussi une crise d’égo (pas complique de se “faire un profil” sur Facebook !). Bref, aujourd’hui, tout vaut tout, et donc les ignares ne comprennent pas d’être relégués en arrière-plan. Les excellents et les bons à rien devraient “cohabiter sans différence dans un monde tolérant”. Dramatique.

  6. Si l’intention générale est de relever le niveau des bacheliers, mais si une amélioration dudit niveau ne peut, à l’évidence, profiter à 95% des candidats, considèrerons-nous que seulement 45 ou 50% de reçus au bac sera un bon résultat se rapprochant des scores d’antan ? Si on n’admet pas ce taux, voire moins, c’est que le nouveau baccalauréat sera de même nature (insuffisante) que l’actuel.

  7. “Un contenu indigent, saupoudré de culture générale et d’esprit de synthèse”, n’est-ce pas ce qui était en action lors de la réforme du Bac Sciences et Technique de l’ingénieur ( S-TI) pour créer volontairement la confusion avec le bac STI electrotechnique. L’idéologie Mérieu a fait des ravages et fait du Mammouth un Titanic qui sombre, qui demande des comptes ? Qui s’en souci ? Quant au “clonage d’une génération d’élèves dont il faut contrôler la pensée” quel système politique( droite ou gauche) veut se hasarder de réitérer un mai 68 en fabriquant des étudiants qui pensent, réfléchissent, se questionnent pour finir contestataires et insoumis politiquement? L’analyse de Ph. Fretté n’est pas un simple avertissement mais une certitude.

  8. L’Education Nationale n’éduquait déjà plus personne depuis longtemps, elle sera
    désormais priée de ne plus instruire en quoi que ce soit!

  9. Les « gouvernances «  veulent un peuple d’esclaves, elles ne vont pas lui donner un enseignement de maîtres !

  10. De toutes façons, le BAC restera toujours de la merde puisque l’objectif n’a pas changé : le refiler à 😯 % d’une classe d’âge…

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