Tunisie et Egypte : L'administration Obama joue la contre-révolution islamique

Contre révolution et révolution en marche…
Les événements tunisiens et égyptiens s’accélèrent et inaugurent. Ils innovent.
Dans les deux pays, la contre révolution n’émane pas réellement de la réaction de vieilles classes dirigeantes menacées d’expropriation par les effets révolutionnaires d’un nouveau mode de production. Elle surgit principalement de la première phase de l’action des masses soulevées. Comme quoi, Hegel et Marx avaient bien raison, lorsqu’ils écrivaient que : «grise est la théorie, tandis vert est l’arbre de la vie », arbre toujours à nous offrir la réalité sociale sous des aspects nouveaux, imprévus.
En Tunisie et en Egypte, la contre-révolution est intimement mêlée à la révolution.
Parce qu’il ne s’agit pas de préserver des privilèges de classes mais d’utiliser l’énergie des masses et leur courage pour les enchaîner, pour qu’elles consentent, d’elles mêmes à enfiler la camisole de force morale et institutionnelle de la charia obligatoire pour tous, la contre révolution se mêle à chaque instant aux révolutions tunisienne et égyptienne.
En d’autres termes, en Tunisie et en Egypte, on se retrouve dans une situation à l’iranienne. Mais, c’est une situation iranienne accélérée et sans ayatollah, sans Khomeiny ou avec des sous-Khomeiny. En Tunisie, l’émigration politisée et ses alliés staliniens et gauchistes ont aidé au retour triomphal de « l’islamiste modéré » Ghannouchi, le sous-Führer d’Ennhada. Sa venue a été l’occasion de deux manifestations : l’une formée de milliers de supporters exaltés venus à l’aéroport chercher le messie de la charia, l’autre, plus modeste, formée de quelques centaines de femmes et d’hommes pas décidés à renoncer aux acquis du bourguibisme en matière de libertés personnelles, en particulier en matière de liberté personnelle des femmes. On se souvient de la proposition de Tunisiennes d’aller accueillir en bikini le chef de la contre révolution de la charia.
La presse française, profondément imprégnée par le pseudo marxisme tiers mondiste, est en pamoison devant La « révolution ». Mais il en est de la révolution comme de la langue d’Esope, elle peut être la meilleure ou la pire des choses. La révolution n’est pas la vertu incarnée, malheureusement.
Elle est l’irruption des masses bousculant la routine quotidienne, surgissant sur le devant de la scène. Mais si elles ne s’organisent pas pour elles mêmes et par elles mêmes, les masses se forgent automatiquement leurs propres chaînes, plus lourdes et plus solides que les précédentes.
Elles peuvent s’organiser et se retrouver quand même enchaînées, soit parce que leurs organisations leur échappent et dégénèrent : c’est ce qui se produira dans la révolution russe détruite par la contre révolution bureaucratique issue de la bureaucratisation rapide du parti révolutionnaire ; c’est ce qui se produira, sous une autre forme, dans la révolution iranienne. Dans cette dernière, l’alliance tactique du mouvement ouvrier et de la bureaucratie des ayatollahs ne durera que quelques mois, le temps que Khomeiny, l’admirateur d’Adolphe Hitler, ne parvienne -avec les Pasdaran- à reconstituer un appareil d’état capable de passer à l’offensive pour terroriser et emprisonner moralement les masses et pouvoir leur taper dessus à coups redoublés.
En Egypte, les signes de l’iranisation accélérée se montrent dans les premières violences de ces derniers jours contre les Coptes, avec l’attaque de deux églises. Comme en Tunisie, les coups de boutoir des masses ne donnent pas lieu à organisation de celles-ci, dans des formes de représentations formulant les exigences concrètes partant des besoins quotidiens de la population.
En Egypte, l’organisation des « frères musulmans » est très présente dans les mouvements de rue. Ses objectifs ne sont pas ceux du mieux être populaire et encore moins celui du contrôle populaire sur la représentation nationale.
Hostiles à la souveraineté politique des masses ouvrières et paysannes, l’administration Obama, pousse le Rais dehors ; elle veut incorporer les frères musulmans dans le futur gouvernement, les plaçant dans une situation décisionnaire.
L’administration Obama joue les gendarmes irresponsables d’un ordre mondial désordonné se désarticulant. Elle ne formule aucune exigence envers ceux qu’elle prétend mettre au pouvoir, en particulier en matière de liberté religieuse et politique. Le respect du culte chrétien, les droits des incroyants ne préoccupe pas les émissaires de l’hôte de la Maison Blanche.
L’administration Obama se place déjà au Caire comme en Afghanistan : pour elle, le peuple va changer de maître. Pour elle, le peuple va lui-même s’abandonner à la dictature de la charia, et ce n’est pas un problème. C’est ce qu’Obama et les médias français osent cyniquement appeler un mouvement « démocratique ».
Pendant ce temps, les profondeurs des peuples d’Algérie, Berbères, Arabes, arabo-berbères, grondent. Pendant ce temps, la classe ouvrière et le mouvement ouvrier d’Iran poursuivent le mouvement de masse commencé en juin 2009. Ce mouvement là, n’a guère intéressé le sieur Obama et sa petite cour de politiciens et de journalistes. Il n’a guère intéressé les syndicalistes « internationalistes » qui n’entendent pas les appels à la libération des militants et responsables syndicaux emprisonnés lancés par les travailleurs du transport en grève générale plusieurs jours pour obtenir ces libérations…
Pendant ce temps, au cœur du dispositif du djihad international, à Gaza, on commence à s’inquiéter des effets indésirables de deux révolutions pas encore bridées et détruites. Parce que dans cette enclave de la dictature, dans ce prétendu ghetto prétendument affamé, qui exporte actuellement des vivres en Egypte, les masses frappent elles aussi à la porte de l’histoire.
A Gaza, on n’est ni au Caire, ni à Tunis. A Gaza, on subit depuis trop de temps la lourde patte terroriste et son haleine fétide, l’oppression de chaque seconde, les exactions de la police religieuse du Hamas.
Les forces contradictoires débridées par le peuple tunisien y frappent à la porte d’une dictature moins vieille mais tout aussi odieuse.
Alon Gilad

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