Un débat national sur la construction des mosquées s'impose

La récente ouverture de la mosquée de Créteil vient de donner le feu vert à de nombreux projets de lieux de culte musulman. Leur caractéristique est d’être de grande taille dans les grandes villes de France, et de taille moyenne dans des villes de moyenne importance. Au total, pas moins de 200 projets sont en cours, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. En haut lieu, donc, on a intégré l’idée que la France puisse devenir la France des mosquées.
Haine de soi ? Réalisme dicté par l’évolution ethnique de la France ? Tolérance à l’égard de toutes les différences ? Préparation de l’Europe des 35 (oui, vous avez bien lu !) avec, à sa tête, la Turquie ? Immolation nationale sur l’autel du pluriculturalisme ? Bouclier politico-militaire contre tout Etat fondamentaliste qui voudrait s’en prendre à l’Europe mais qui, de ce fait, se trouverait inhibé face à 35 pays en voie d’islamisation ? Anticipation démographique nationale, les Français d’origine européenne devant être minoritaires sur leur propre sol vers 2050 ? Acquiescement au discours historique prononcé par Houari Boumediene en 1974, à la tribune de l’ONU ? Acquiescement au condensé qu’en a donné, trente-deux ans plus tard, Mouammar Kadhafi dans Le Figaro du 19 décembre 2006 ?
Qu’ont donc déclaré ces deux leaders musulmans ?
Le premier, ceci : «Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire» !
Le second, la même chose : «Sans épée, sans fusil, sans conquêtes, les cinquante millions de musulmans en Europe la transformeront bientôt en continent musulman» !
Ont-ils raison ? L’Histoire seule le dira !
Mais l’Histoire ne dira rien de plus que ce qu’elle a déjà dit, car elle est le présent même en train de se faire, par les hommes et sous leurs yeux. L’Histoire, c’est nous, c’est-à-dire les gouvernants et les gouvernés aux prises avec le réel – qui est toujours celui de la violence dominante ou de la violence dominée ! Dans les circonstances actuelles, les prédictions d’Houari Boumediene et de Mouammar Kadhafi s’apparentent de plus en plus à des prophéties, pour la plus grande joie de Karim Benaïssa, président de l’Union des associations musulmanes de Créteil, qui se réjouit de l’ouverture de «sa» mosquée, et salue, par la même occasion, la «volonté divine» pour cette réussite ! Ce n’est donc pas la France qui permet la construction des mosquées sur son territoire, mais bien Allah !

La sagesse populaire devrait pourtant nous rappeler que le bonheur des uns peut faire le malheur des autres, car il va être de plus en plus difficile d’accepter les cinq appels à la prière quotidienne lancés du haut des minarets, comme il est déjà difficile d’accepter, par les dômes, les minarets et le style arabisant, la transformation du paysage architectural français, ou encore l’idée que des valeurs anti-républicaines puissent être enseignées en lieu et place de la République. On sait, par exemple, qu’à Créteil, l’imam de la nouvelle mosquée est suspecté d’être proche des milieux salafistes. Cette suspicion aurait même dissuadé madame Alliot-Marie d’assister à l’inauguration de la mosquée !
Il reste que le problème posé par l’implantation des mosquées déborde largement celui des foyers de radicalisation qui peuvent s’y rencontrer, car la logique des mosquées est celle de l’islam, et l’islam heurte notre logique. Nous sommes pour l’égalité hommes/femmes : l’islam est contre. Nous sommes contre la peine de mort : l’islam est pour. Nous sommes pour l’égalité des religions : l’islam est contre. Nous sommes contre le droit qu’aurait le mari de battre sa femme : l’islam est pour. Nous sommes pour la liberté d’expression : l’islam est contre. Nous sommes contre la loi anti-blasphème : l’islam est pour. Nous sommes pour la mixité : l’islam est contre. Nous sommes contre le port du voile : l’islam est pour. Nous sommes pour la laïcité : l’islam est contre. Nous sommes contre la polygamie : l’islam est pour. Nous sommes pour l’égalité frères/sœurs dans les successions ou ailleurs : l’islam est contre. Nous sommes contre la répudiation : l’islam est pour. Nous nous défions des théocraties : l’islam en est une.
Ne trouvez-vous pas que cela fait beaucoup ? Savons-nous que ces terribles règles de différences et d’oppositions règlent si bien nos différences et nos oppositions que celles-ci en deviennent insurmontables ? Lorsque l’on demande à un représentant de l’islam de France, comme Fouad Alaoui, s’il est favorable à la laïcité, voici ce qu’il répond : «Oui, dans la mesure où la laïcité, dans son essence et ses fondements, ne rejette pas l’évolution. Vouloir la figer dans une lecture unique et unitaire serait la défigurer. Par exemple, je trouve dommage que le religieux soit trop souvent exclu du champ social. Cantonner le religieux dans la sphère individuelle, ce serait le dénaturer» (Le Monde, 4 mai 2002). Traduisez : Monsieur Alaoui ne veut pas de la laïcité – puisqu’il en conteste l’essence – et il en conteste l’essence parce qu’il est lui-même «essentialisé» par l’islam ! En d’autres termes, Fouad Alaoui est tombé, tout-petit, dans le bain islamique, et n’en est jamais sorti. Voilà pourquoi lorsqu’on lui demande quel modèle d’Etat, laïque ou musulman, est supérieur à l’autre, il assure ne pouvoir se prononcer, alléguant que «la différence entre les deux Etats réside dans les fondements» ! On ne saurait mieux dire !
La France est laïque : elle doit le rester ! Les valeurs qui s’y dispensent sont les droits de chacun par la liberté de tous, et la liberté de tous par les droits de chacun. Ces droits ont pour cadre le Droit républicain. Dans ce cadre, il y a place pour la politique comme pour la religion, pourvu que l’une n’empiète point sur l’autre. Mais il y a place aussi pour la liberté contre le dogme, pour l’instruction contre l’endoctrinement, pour la raison contre la récitation, pour la gaieté contre le sérieux, pour la caricature contre le dessin officiel, pour le constituant contre le constitué, pour le débat contre le combat, en un mot pour la critique libre et joyeuse de quoi que ce soit, y compris d’elle-même !
Si donc l’on veut cela, autrement dit si l’on ne veut pas de ces combats qui font les champs d’horreur, il faut d’urgence organiser un débat national sur la construction des mosquées en terre française, c’est-à-dire réfléchir tous ensemble sur l’avenir de nos valeurs, et par suite sur notre avenir.
Maurice Vidal

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