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10. Un point de vue républicain sur les langues minoritaires : conclusion

Le terme de cette série d’articles traitant des principaux aspects des problèmes linguistiques qui peuvent induire une politique publique des langues, en se référant essentiellement sur la situation française, est arrivé.
De nombreux lecteurs ont écrit à Riposte Laïque pour donner des précisions sur tel ou tel aspect et donner des critiques intéressantes. Cela signe l’importance de ces questions pour des républicains. D’autant qu’à la lecture de certaines interventions, il apparaît en pleine lumière l’ignorance importante pour nombre d’entre nous de telle ou telle situation, de telle ou telle définition, de tels ou tels travaux récents sur ces questions. Cela donne parfois à certains (très isolés quand même dans Riposte Laïque), la certitude d’affirmations dogmatiques fondées sur des croyances et non sur des réalités scientifiques et politiques.

L’ignorance en particulier du rapport GRIN, linguiste éminent de l’Université de Genève, rapport officiel paru en 2005 et commandé par un service de l’Education Nationale en France est dramatique dans ces effets. En effet, cette ignorance occulte de nombreux arguments nécessaires à la construction d’une politique publique des langues sur une base de conception républicaine.
Il est nécessaire de répondre néanmoins précisément à une question qui est revenu quelquefois : quel rapport avec la Laïcité, objet de l’existence du ce journal Riposte Laïque?
Cela renvoie alors aux argumentaires exposés sur le concept de laïcité dans la dizaine d’articles parus sur Riposte Laïque de mai à juillet 2008.
En effet si on considère que l’idéal laïque est fondé sur les principes intangibles de liberté individuelle, d’égalité en droit et de fraternité sociale, cet idéal laïque induit des mesures politiques, juridiques et sociales pour garantir l’application de ces principes.
Alors comment ne pas comprendre que les efforts des tenants de la mondialisation néolibérale – laquelle a pour objectif affiché de détruire petit à petit les structures républicaines de protection sociale collective de nos pays européens pour accroître les bénéfices des grands groupes financiers – se servent aussi de l’impérialisme linguistique de l’anglais pour arriver à leurs fins ? Le modèle culturel anglo-saxon étasunien rejette les principes de l’égalité en droit, source de fraternité dans ce domaine de protection sociale (pas d’égalité constitutionnelle d’accès aux soins par exemple, et on peut en constater tous les effets).
Comment ne pas comprendre également que les ennemis de toujours de la République fondée sur les idéaux de la Révolution de 1789 et des années suivantes en France, c’est-à-dire les féodaux de toute nature, les religieux obscurantistes, jusqu’à des collabos du nazisme et du fascisme (comme en Bretagne) ou de la xénophobie (comme dans le Pays Basque et en Corse) instrumentalisent la défense des langues régionales et communautaires pour permettre un asservissement intellectuel des populations qu’ils tiennent sous leur coupe? C’est la destruction, par leur visée totalitaire, des principes de liberté individuelle, et d’égalité en droit et des préceptes qui en découlent comme celui de la liberté absolue de conscience.
Je le répète encore, la laïcité ne repose pas uniquement sur la séparation indispensable des églises et de l’Etat, ni seulement sur des mesures juridiques, légales et réglementaires anticléricales pourtant absolument nécessaires, mais aussi sur des mesures politiques assurant dans le droit et dans les faits l’émancipation individuelle et collective des populations.
Une politique publique des langues en est un élément essentiel.
Valentin Boudras-Chapon
http://laicite.republique.free.fr
Et merci aux lecteurs de Riposte Laïque qui m’ont écrit en espéranto.