Dans son article” Plan européen : des universités pour le peuple et des Harvard pour une élite mondialiste ” ([http://www.ripostelaique.com/spip.php ?article298->http://www.ripostelaique.com/spip.php ?article298]), Pierre Baracca insiste, à juste titre, sur les risques de voir se développer une Université à deux vitesses. J’ai envie de lui répondre que, hélas et paradoxalement, l’autonomisation des Universités est peut-être notre seule chance de sauver notre système éducatif.
En effet, les élèves français, habitués depuis des lustres à travailler fort peu pour obtenir néanmoins des résultats leur permettant de passer de classe en classe et même d’obtenir le bac se cassent la figure en faculté, incapables de soutenir le rythme de travail, de s’organiser méthodiquement et de se motiver. Résultats : près de 50 % des étudiants quittent l’université au bout de deux à trois ans sans aucun diplôme. Un gâchis énorme.
Alors, j’applaudis des deux mains la pré-orientation des lycéens : si elle est faite correctement, si les futurs étudiants et leurs familles en tiennent compte, on aura peut-être moins de bacheliers sans qualification, écoeurés de devoir se contenter de petits boulots peu gratifiants, à temps partiels qui plus est, et davantage de techniciens ou de jeunes préparant des concours ou apprenant des métiers dans lesquels ils s’épanouiront.
Enfin, s’il devient plus difficile d’intégrer les “bonnes universités”, on peut espérer que la sélection remise à l’honneur redonnera le goût de l’effort et de la réussite à nos chères têtes blondes … et que le niveau global de l’école, du primaire à la faculté, en sera revalorisé … Vœu pieux ? Peut-être. Risque d’inégalités sociales ? Certes, mais que dire de celles générées actuellement, l’ascenseur social ne jouant plus son rôle dans une école minée par le pédagogisme, la compassion, l’hétérogénéité et la paresse.
C’est peu de dire que c’est la mort dans l’âme que l’on se voit obligé de se réjouir de la privatisation/libéralisation de l’Université. Elle est le résultat de décennies de laxisme et de démagogie voulus et par la gauche et par la droite, pour les uns par angélisme idéologie, pour les autres avec l’objectif de créer des masses dociles car incultes. Le résultat est terrible, nous devons attirer des Indiens et des Chinois, travailleurs et motivés, eux, pour espérer former les scientifiques et les chercheurs dont nous avons besoin quand nos jeunes vivotent entre deux missions intérim pour emploi non qualifié !!! Et ce sont les étudiants étrangers qui fréquenteront, grâce à l’argent du contribuable français, les futures Universités de renom si ça ne bouge pas au collège et au lycée !
Comme on aimerait ici pouvoir appeler de ses voeux la revalorisation de l’effort, du travail, de l’orthographe, de la littérature … Comme on aimerait renouer avec les traditions de notre vieille école républicaine, comme on aimerait qu’il ne puisse être question d’autonomie des Universités ! Je ne serais pas obligée d’attendre du modèle libéral un retournement de situation qui se fera, forcément, un jour. Hélas, pour le moment, cette société s’emballe et suit aveuglément le modèle anglo-saxon. Combien de temps les plus démunis accepteront-ils d’être manipulés, d’être contraints à s’abêtir à l’école comme devant la télé pour la plus grande richesse de nos élites ???
Christine Tasin
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