Virus chinois : triomphe ou défaite de Pékin?

Jour 25 du confinement.
Ai-je l’impression d’avoir bientôt perdu un mois de ma vie ? Pas réellement.
Vivre une telle période permet de découvrir ou redécouvrir qui l’on est et qui sont les autres, les proches comme les plus lointains.

Ce matin, contrôle des gendarmes à l’entrée du supermarché. Prière de présenter son ausweis. L’homme d’une soixantaine d’années devant moi ne l’a pas. Oublié de le rédiger. Le jeune gendarme lui fait la leçon comme un instituteur de maternelle n’oserait plus agir envers un mioche.
Soumission.

Cet épisode pandémique constitue-t-il la victoire de l’Asie de l’Est – et surtout de la Chine – sur le reste du monde ou la fin de la mondialisation heureuse ?

Depuis les civilisations méditerranéennes (Égypte, Grèce, Rome) en passant par la domination européenne de royaumes partis à la découverte du monde et la domination américaine de la planète à partir de la seconde moitié du XXe siècle, jusqu’au réveil contemporain de la Chine, la Terre a changé plusieurs fois d’axe au fil des siècles.

Le seul continent qui ne participe pas à la marche du monde est le continent africain, terre en marge où les peuples travaillés par une religion intellectuellement déplorable ne maîtrisent pas grand-chose. L’archaïsme semble convenir aux structures de l’Afrique qui n’en est pas moins, à la conquête physique de l’Europe. Les migrants franchissent la Méditerranée comme dans l’Antiquité d’autres barbares traversant le limes romain ont éteint Rome.

Si l’Amérique de Trump a encore quelques avantages à faire valoir, notamment sa puissance militaire et son soft power très dense, elle vieillit vite, trop vite sur une planète où les peuples chinois, sud-coréens, vietnamiens, taïwanais, singapouriens prennent de plus en plus la lumière.

Pékin travaille sans relâche à contester la suprématie de Washington et cette pandémie, partie de Chine, paraît pour l’instant l’arme parfaite pour mettre en difficulté l’Europe et l’Amérique.

Le Président Trump, réfugié derrière son America first, a pu rapidement s’en apercevoir. En quelques jours, son pays a affiché d’inquiétantes faiblesses économiques (des millions de chômeurs) et politiques (États désunis plutôt qu’États-Unis).

Pour l’instant, la réponse du Président américain est plutôt minuscule. Il annonce cesser de financer l’OMS pour protester contre les positions pro-chinoises du directeur de l’organisation, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Les Américains reprochent à l’OMS d’avoir sciemment sous-estimé l’importance de l’épidémie, de s’être rendue « complice » de la « flagrante opération de dissimulation » du Covid-19 de la part des autorités chinoises. En effet, l’OMS s’est empressée de baptiser le virus chinois d’un nom ne faisant aucune référence à son lieu de naissance et de critiquer l’Administration américaine quand elle a fermé ses frontières aux voyageurs venant de Chine. Et surtout l’improbable Tedros Adhanom Ghebreyesus n’a pas manqué une occasion de féliciter le Parti communiste chinois pour sa gestion de la crise, pour sa « transparence ».
En clair, les Chinois tiennent l’OMS. Demain d’autres bastions pourraient tomber dans l’escarcelle de Pékin.
Le début d’une ère post-américaine ?

Mais la victoire de la Chine n’est pas certaine.
La pandémie nous a signalé que nos chaînes d’approvisionnement ne sont pas sécurisées, que l’interconnexion, l’interdépendance sont des facteurs d’instabilité. Comme le souligne Pablo Servigne dans Le Monde, cette crise sanitaire « montre la stupidité, la criminalité et la contre-productivité des politiques néo-libérales qui vont à l’encontre du bien commun, en ayant démantelé – entre autres – les services de santé ».
Si les dirigeants européens étaient sensés, ils tiendraient compte de cela et rapatrieraient les industries essentielles à la sécurité de leurs concitoyens sur le territoire des pays qu’ils dirigent. Ce qui devrait amoindrir la force de frappe industrielle chinoise.

Ensuite la Chine, en redémarrant ses usines, peut certes produire à nouveau, mais pour qui ?
Les marchés sur lesquels s’écoulent les Made in China, Made in PRC, Fabriqués en République Populaire de Chine, sont situés en Europe et aux États-Unis.

Enfin, en subissant la pire récession depuis 1945 (selon Bruno Le Maire), les populations habituellement demandeuses de produits chinois pourraient avoir perdu durant les semaines d’épargne forcée du confinement l’envie d’acheter n’importe comment n’importe quoi. Faire enfin des économies.
Sauf si les mondialistes comme Macron persistent dans leur sinistre œuvre.

À la sortie de la crise, nous saurons.
Heure des comptes et des décomptes, des décisions fortes ou oubli de ce qui s’est passé, désir de revenir à la normale ?

C’est sur la réponse à cette question que nous verrons s’il y a triomphe chinois ou pas.
C’est à cela que nous verrons si nous avons perdu des semaines en étant confinés ou gagné un peu plus de liberté face à l’Europe, à la Chine, au libéralisme, à la globalisation.

Marcus Graven

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6 Commentaires

  1. La ferme mise au point de Trump du 7 avril face au premier ministre indien montre qu’il a toutes les possibilités de récupérer pas mal de billes grâce à cette crise, et il est fort probable qu’il le fera.

    Dans l’urgence, il a menacé l’Inde de représailles si elle ne levait pas son interdiction d’exportation de médicaments, mais sur le long terme, c’est une occasion rêvée pour lui de faire revenir les productions pharmaceutiques et chimiques sur le territoire des Etats-Unis, et pourquoi pas avec des financements publics ? Gageons que les Démocrates vont bientôt s’étrangler dans leur cravate de voir le plus farouche des capitalistes Républicains appliquer une telle politique ! ☺

    (Ces jours-ci, il s’agit de l’Inde, mais Trump a certainement toujours la Chine dans son viseur.)

  2. Dommage que le président des états unis , n’est pas remis le nez , dans un livre édité en 2005 par la CIA, et présenté par Alexandre Adler, “Comment sera le monde en 2020” . un passage sur “Le déclenchement possible d’une pandémie mondiale”
    Edition Robert Laffont ……. on est en plein dedans , et.. tout est très bien expliqué .

  3. Ce qu ‘ on ne veut jamais voir , c ‘ est que la Chine vit sur le compte du pouvoir d ‘ achat des pays occidentaux ! Que l ‘ on ferme nos frontières aux produits “made in China” , et ce pays s ‘ écroule !!!

  4. il n’empêche : l’épidémie n’a pas touché , apparemment, toute la Chine …est resté très circonscrite….l’appareil industriel chinois semble être reparti plein pot (c’est ce que dit le directeur de Peugeot motocycles qui a une usine là bas dans Le Point ….) et l’affaiblissement boursier met maintes entreprises dans les griffes potentielles des capitaux chinois (Rappelez-vous les “nouvelles routes de la soie” prévues par XI !)

  5. Il n’y a que les dirigeant chinois (et encore) qui savent le nombre de morts dans leur pays . Avec un pays communiste ou les moyens de communications sont hyper controlés il n’y a aucune confiance a avoir dans la parole de ses dirigeants (j’ai connu en Vendée des stagiaires venus d’allemagne de l’est du temps du mur…chez nous ils parlaient du bout des levres par peur d’etre mouchardés) . Nos hypers libéreaux qui s’engraissent un max en servant d’intermédiaires entre nous et les cocos (qu’ils dénigrent hypocritement) en nous soignant avec des médocs venus par portecontainers bien fumants (ristourne sur le carbu) verraient d’un mauvais oeil etre a la vue de tout le monde si les médocs etaient fabriquer dans les cotes d’armor ou la creuse . Faut il faire venir de la main d’oeuvre étrangere?

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