« Whatever it takes ? » (Quoi qu’il en coûte ?…)

Soit cet énoncé tout à fait limpide pour une lecture fallacieuse du livre Les Misérables : ” tout serait à cause de « la » Société donc il faut la détruire”, même si cela induit comme le communisme et le nazisme l’ont démontré des millions de morts : whatever it takes. Alors qu’il s’agissait pour Hugo, semble-t-il, de pointer du doigt le fait que « la » société peut faire quelque chose en plus pour améliorer le quotidien des plus démunis.

Mauvaise lecture également de Rousseau, de Kierkegaard, le premier mettant en garde sur le fait que chercher à tout prix la reconnaissance du groupe peut faire oublier l’essentiel, celui de penser aux conséquences sur autrui, mais est-ce à dire qu’il faille détruire tout désir de s’estimer à ses propres yeux en cherchant à se surpasser, ce qui peut en effet susciter des jalousies mais aussi des encouragements  pour se dépasser et par là en faire bénéficier le groupe ? N’est-ce pas là au fond l’idée même du second penseur, le fait que vivre peut devenir une angoisse voire un désespoir si nous ne pouvons pas nous dépasser en montrant le meilleur de nous-mêmes ?…

En quoi alors détruire le groupe, la société, voire détruire également cet esprit de compétition, le fait de ne pas vivre en vain serait au contraire un gain pour « autrui » ?… Bizarrement, ceux qui prônent cette pensée là, en exigeant par exemple d’abandonner confort et sociabilité libre, se targuent bien de l’appliquer à eux-mêmes tant ils sont à la tête de puissantes organisations exigeant frugalité pour tous et aujourd’hui mise en sécurité de tous « whatever it takes » parce qu’un virus s’avère plus récalcitrant que d’autres et surtout est devenu en fait le révélateur de nos manques multiformes.

Ne nous cachons plus derrière notre petit doigt : c’est bien en effet notre système de santé,  notre façon de voir le développement de soi, qui est malade, et le virus concerné est devenu notre miroir ; lorsque la majorité des morts est plutôt liée à des effets pathologiques cumulés et au fait de refuser de donner un traitement efficace (alors que nous l’avons) il faudrait dessiner d’autres courbes que celles des additions létales en montrant que la santé, ce n’est pas seulement le médicamenteux le plus nouveau, mais aussi le bien-vivre, le recyclage de molécules déjà connues, en faisant attention à soi afin de ne pas faire souffrir autrui par nos maladies et notre disparition.

Or, aujourd’hui nous n’avons eu ni l’un ni l’autre : pas de médicaments, (même nouveaux d’ailleurs) alors que nous avons un traitement efficace qui fait de mieux en mieux ses preuves comme l’indiquent le Collectif Laissons les médecins prescrire,  les professeurs Raoult et Perronne, nombre de médecins dans le monde entier (censurés d’ailleurs par exemple aux USA) ; pas de politique de santé publique efficace non plus s’ouvrant à toutes les thérapies, hormis donc une série d’interdictions qui viennent littéralement masquer ce défaut de politique.

Les résultats de tout cela sont évidents : par souci envieux de vouloir à tout prix être reconnu, tout en empêchant les plus efficaces de faire leur métier d’une part, d’autre part par ce refus de se dépasser en admettant ces erreurs que furent un confinement disproportionné et la propagation d’une peur irraisonnée confondant aujourd’hui sciemment réaction positive et maladie (alors que le pic létal est derrière nous) les gouvernements qui se sont engagés dans cette double fuite en avant, « quoi qu’il en coûte » (whatever it takes) sont de plus en plus responsables du refus de secourir les peuples en danger, ce qui au tribunal de l’Histoire se verra sanctionné lourdement.

Mais comme ce sont les « vainqueurs » qui écrivent cette « Histoire »  (on le voit sous nos yeux par l’effacement de notre passé), il semble bien qu’un dépassement soit devenu impossible si un effort audacieux n’émerge pas, en ce sens que donne Pierre Janet à ce terme en s’appuyant sur Maine de Biran, celui que précisément décrit Hugo dans Les Misérables lorsque cette mère, refusant de voir son enfant être broyé par le poids d’une charrette, en vient à suppléer Jean Valjean en soulevant cette dernière.

Voilà ce que nous avons à faire : soulever la charrette de fausses culpabilités que charrient les gouvernements à la peine pour libérer l’enfant celui de la génération à venir « ce nouveau Peuple » disait Tocqueville, d’où l’idée de nous séparer des fausses élites et leurs fausses solutions qui au nom du « quoi qu’il en coûte » grève de plus en plus notre dépassement : le fait de se développer, de s’émanciper, sans oublier que ce dernier terme signifie également s’affiner et non pas seulement se conserver…

Lucien Samir Oulahbib

image_pdfimage_print

4 Commentaires

  1. léopold sedhar senghor disait qu’un peuple qui accepte sa colonisation la mérite
    les occidentaux ne se contentent pas de l’accepter, ils en redemandent

Les commentaires sont fermés.