Yassin Salhi : débordement émotionnel ou agent dormant de l’Etat islamique ?

Decapitationisere
Dans le cas Yassin Sahli, deux explications s’affrontent.
Il y a la sempiternelle « radicalisation à feu doux ».
Le musulman terroriste y apparaît comme quelqu’un de normal et c’est, comme les professeurs l’enseignent dans les cours de français, un élément déclencheur qui engage son passage à l’acte.
Pour l’assassin Sahli, ce qui aurait réveillé sa haine des mécréants pourrait être un conflit avec son patron, Hervé Cornara. « Un pétage de plomb », un débordement émotionnel qui le fait entrer dans un processus criminel. Quelque chose aurait scandalisé le salafiste Salhi et l’aurait entraîné dans ce meurtre devenu symbolique, quasi rituel, qu’est la décapitation à la mode ancestrale islamique remis au goût du jour par l’Etat islamique.
Quant à la femme du musulman Salhi, qui a déclaré au micro d’Europe qu’elle tombait des nues, sans doute n’ignorait-elle pas la radicalisation de son mari, mais elle n’en percevait pas la gravité.
En ce qui concerne l’acte, il est mal préparé. Salhi imaginait qu’il suffisait de percuter des bonbonnes de gaz avec son fourgon pour que tout saute. Et le fait de s’en prendre à un site industriel montre que c’est un attentat d’importation. Ce genre d’attaque est fréquent à l’étranger, mais rare en France (oublions l’usine AZF de Toulouse puisqu’il s’agit d’un « accident » selon la version officielle).
Pour ce qui est de la fiche S, elle concerne les personnes qui attirent l’attention des services de sécurité. Ceux-ci vérifient pendant un laps de temps si ces personnes se radicalisent davantage ou, au contraire, s’apaisent. Quand les services voient qu’il n’y a plus d’indices, la surveillance s’arrête.
L’explication ci-dessus est tirée des propos de Christophe Coupenne, ancien négociateur du Raid, interviewé par le magazine Marianne.
Il ne sera pas le seul à minimiser l’attentat musulman de Saint-Quentin-Fallavier.
L’autre explication.
Yassin Salhi fait partie de l’immense vivier d’agents dormants de l’islam en France.
Il a un officier traitant comme au bon vieux temps de la Guerre froide. Mais celui-ci est aujourd’hui non un officier de l’URSS mais de l’Etat islamique.
Il a demandé à son agent de se fondre dans la masse. Une femme, des enfants, une cité HLM. Monsieur Tout-le-monde dans l’univers du vivre-ensemble, du pas d’amalgame, de la diversité chance pour la France.
Un jour, il peut devenir chauffeur-livreur dans une entreprise qui a ses entrées sur un site industriel classé Seveso. Il demande à son officier traitant s’il doit signer ce contrat de travail. « Vas-y », lui répond son supérieur.
Il faut frapper durant le mois de ramadan, décapiter un mécréant et exposer sa tête sur un piquet de clôture comme l’EI le fait en Irak et en Syrie et faire exploser l’usine.
L’agent Salhi est ainsi activé. En supplément, on lui promet une palanquée de vierges qui le changeront de sa bobonne voilée dans un immeuble social de la banlieue lyonnaise.
Ce matin du 26 juin, il ne part pas au travail, mais en mission.
On connaît la suite.
Mais ce qu’on ne connaît pas, c’est pourquoi Hervé Cornara a engagé son musulman de meurtrier – au nom de la promotion de la diversité ? Sur un CV anonyme ?
Ce que l’on peut se demander : c’est  comment un type qui a une fiche S au cul peut rentrer dans une entreprise qui travaille avec un site classé Seveso ? Parce qu’il ne faut pas stigmatiser ? Parce qu’il ne faut plus contrôler au faciès-fichier ?
Combien y a-t-il d’autres agents dormants musulmans qui n’attendent qu’un ordre venu de Raqqa ou Mossoul pour décapiter des mécréants et réduire en charpie les passagers d’un train ou d’un avion ou des touristes sur une plage ?

  1. Hollande, Valls, Cazeneuve, ont-ils un commencement de réponse autre que « Il y a une émotion. Mais l’émotion ne peut pas être la seule réponse. C’est l’action, la prévention, la dissuasion. Et donc la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur, jamais, et d’être à la hauteur de toutes les circonstances, ne pas créer de divisions inutiles, de suspicions qui seraient intolérables» (Hollande, le 26 juin 2015) et « « La peur et le rejet jaillissent de la méconnaissance mais aussi de la manipulation des intégristes, des extrémistes religieux ou politiques, ceux-là mêmes qui n’ont aucun intérêt à laisser s’épanouir un islam vivant et moderne en terme de liberté, d’égalité et de laïcité» (Valls le 22 juin 2015) ?

 
Marcus Graven